Mardi 11 Avril 2017 - 21ème
Jour
Réveil humide ce matin dans la
cabane Antonelli. A peine levés, il nous faut endosser rapidement les vêtements
encore trempés de la veille, ranger la cabane et rejoindre la base pour prendre
le petit-déjeuner. Les quarante-cinq minutes de trajet à travers la lande
amstellodamoise sont un bon décrassage matinal mené par Florian pour qui la
faim est un véritable stimulant.
A peine le temps de prendre une
petite photo de la cabane et du cratère ! Damned ! L'appareil photo ne
fonctionne plus ! Rien ! Et le caméscope non plus ! Deux appareils hors service
en même temps, ça fait beaucoup ! Pourtant protégés de la pluie hier, ils n'ont
pas dû aimer l'humidité dans la cabane durant la nuit. Plus de photos, plus de
vidéos ! Fâcheux !
Je me résous donc à utiliser un
appareil de secours, compact et étanche, mais aux performances moindres. C'est
toujours mieux que rien.
Île Amsterdam - La cabane Antonelli surplombe le cratère
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Malgré le soleil revenu, c'est
donc contrarié que je rejoins la base sans vraiment apprécier le paysage. Pourtant,
le trajet aurait pu être agréable. Le chemin sinue entre les bosquets de phylicas
et les massifs de scirpes. Au loin, le Marion est au mouillage devant la base
et l'hélico entame déjà les premières rotations de fret de la journée.
Accueil sur la base Martin de Viviès
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09h00, après un solide
petit-déjeuner pris dans la salle de vie commune, le groupe entame une balade
tranquille vers le sud de la base. L'île Amsterdam est un volcan assoupi que la
végétation a recouvert depuis longtemps. Les flancs de l'île sont sillonnés de
quelques tunnels de lave et de petits cratères qui surgissent à même la pente.
Touffe de scirpe
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En chemin, nos deux guides nous
expliquent l'histoire de l'île, sa géologie, sa faune et insistent beaucoup sur
les désordres causés au milieu naturel par les plantes ou animaux amenés plus
ou moins volontairement par l'homme.
Les espèces introduites sont l'obsession
des responsables de la Réserve Naturelle et de nos deux guides : comment se
débarrasser des plantes étrangères et redonner à Amsterdam son aspect originel
? Depuis la création de la Réserve en 2006, tous les VSC planchent sur le
sujet. Le travail est titanesque, il faudrait recenser, chasser, éradiquer,
replanter, entretenir… sans fin !
Nos deux guides ont la foi, mais
le mal étant fait depuis longtemps et la tâche étant herculéenne, cette lutte
inégale a-t-elle un sens ? La raison voudrait que les précautions prises
maintenant évitent juste l'aggravation de la situation. Mais, je ne suis pas
spécialiste…
Florian qui est en charge du
programme "Phylica" nous explique tout de cet arbuste de deux à trois
mètres de hauteur originaire d'AMS. Jusqu'à la fin du XVIIIème s, la
densité de ces arbres formait une large ceinture verte autour de l'île. Les
incendies dus à une éruption volcanique ou allumés par l'homme les ont décimés.
Les bovins importés en 1871 par la famille Heurtin se sont largement multipliés
et ont fait des dégâts considérables en broutant les feuilles et en dégradant
les sols. Il ne reste donc plus grand-chose de la forêt initiale, si ce n'est
quelques bosquets épars.
Bosquet de phylicas sur le chemin menant à BMG
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Cette balade nous mène jusqu'à
BMG, à l'est de l'île. Personne ne sait plus aujourd'hui ce que veut dire BMG,
mais le nom figure toujours sur un petit panneau indicateur. BMG est un joli
point de vue à flanc de falaise. La vue est imprenable sur l'océan Indien et
derrière l'horizon, c'est l'Australie… à 3.400 km !
En contrebas s'étire une petite
pointe rocheuse sur laquelle somnolent bon nombre d'otaries pendant que
d'autres s'ébattent en mer. Nous restons là un bon moment à observer les évolutions
de ces animaux.
Retour à la base pour un déjeuner
buffet consommé sous le soleil à l'extérieur de la salle de vie commune. Un
moment de convivialité partagé entre les passagers du Marion et les résidents
qui semblent heureux de discuter avec de nouvelles têtes. Ces moments sont
rares pour eux.
Île Amsterdam - Base Martin de Viviès
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Déjeuner au soleil face au bâtiment de vie commune
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En début d'après-midi, nous nous
rendons à la Mare aux Eléphants située à peu de distance dans l'ouest de la
base. Les éléphants (de mer) n'occupent plus les lieux à cette époque de l'année et les
otaries d'Amsterdam les ont remplacés en nombre. Ces animaux ont longtemps été
pourchassés pour leur fourrure et ont failli disparaitre. La population s'est
reconstituée et il y a maintenant environ 50.000 otaries établies à Amsterdam.
Ces otaries à fourrure se
dispersent partout, en haut des falaises, sur les chemins et sur les
accotements. Elles grognent et montrent les dents sur notre passage. Autant,
ces bêtes sont charmantes dans l'eau, autant elles sont menaçantes à terre au
point qu'il faut vraiment s'en méfier. Leur dentition est impressionnante et
leur morsure peut provoquer des blessures graves difficiles à cicatriser à
cause de l'infection qui en résulte. Donc méfiance !
Le monument des disparus d'Amsterdam squatté par les otaries
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Evidemment les femelles
accompagnées d'un jeune sont les plus véhémentes. Chaque randonneur doit
s'équiper d'un bâton, non pour frapper, mais pour faire reculer un animal trop vindicatif.
Le repas d'un jeune pups
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La Mare aux Eléphants est située
au pied d'une petite falaise. C'est un
large replat rocheux permettant aux otaries d'accéder facilement à la mer. Il y
a là quantité de jeunes (que les taafiens nomment "pups"). Ils naissent
entre janvier et avril avec une jolie fourrure noire et se réunissent en crèche
lorsque les adultes sont partis se nourrir en mer.
De nombreux pups curieux
s'aventurent hors des crèches jusqu'à nous rejoindre et nous jeter des regards
étonnés ou interrogateurs. Trop drôles ! En fait, ils sont partout autour de
nous à se déplacer maladroitement, à se cacher dans un fossé ou sous un rocher.
Lorsqu'ils se sont trop éloignés de la crèche ou qu'ils se sentent perdus, ils
appellent. Selon les individus, leur cri pourrait ressembler au gémissement
d'un bébé ou bien à un jappement, un bêlement ou un chevrotement. Une belle
cacophonie ininterrompue. On ne se lasse pas de les observer.
Pups aventurier
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Otarie à fourrure d'Amsterdam hargneuse
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Et une autre plus placide
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Fin d'après-midi. Départ pour la
cabane Ribault, au sud-est de la base, où nous passerons la nuit. Nous
rejoignons la cabane après une courte marche en longeant la mer et surtout en
traversant une large zone où se sont installées les otaries. La colonie est
importante et notre passage provoque l'hostilité des animaux qui grognent en
ouvrant des bouches menaçantes. Mais finalement, c'est surtout de
l'intimidation plus que de l'agressivité. Mécontentes, les otaries reculent au
fur et à mesure de notre avancée. Nous n'avons pas eu à nous servir du bâton.
Sur le chemin de la cabane Ribault
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Nous arrivons ainsi à la cabane
Ribault peu avant la nuit. Elle est construite au pied d'une falaise volcanique
et surplombe une autre colonie dont elle est séparée par une clôture. Cette
cabane est plus vaste que celle d'hier avec huit couchage et une cuisine
séparée.
Nous avons transporté le dîner
dans nos sacs. Au menu : langouste d'Amsterdam, saumon à la crème, bœuf en
sauce… Et c'est le bruit du ressac sur les roches et les couinements des otaries
qui nous ont bercés pour la nuit.
Dépaysement assuré !
RépondreSupprimervotre programme est vraiment bien rempli !
RépondreSupprimerJe dois avouer que les jeunes de la Réserve Naturelle se sont bien occupés de nous durant les 3 jours passés à AMS. Cela a été bien rythmé !
SupprimerUn séjour qui parrait bien agréable !
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