Mardi 06 Novembre
2018 (Après-midi)
13h00, après avoir arpenté le volcan Rano Raraku, retour à
Anakena où les passagers étaient conviés à un grand barbecue installé sous les
cocotiers en haut de la plage ; les grillades étaient excellentes.
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Le Boréal au mouillage devant Anakena |
Cela a été l'occasion d'un petit intermède folklorique
d'inspiration très polynésienne avec un groupe de chanteurs s'accompagnant à
l'ukulélé et aux percussions. Vinrent ensuite danseurs et danseuses parodiant
une chorégraphie guerrière. Le thème est habituel dans les îles, mais ces guerriers-là
étaient beaucoup moins vindicatifs que leurs cousins marquisiens qui nous
avaient tant impressionnés il y a quelques années…
Par contre, l'arrivée de danseurs athlétiques mais peu vêtus
n'a pas manqué de provoquer quelques syncopes parmi certaines passagères très admiratives…
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L'arrivée des danseurs pascuans... |
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... qui vont se joindre aux jolies danseuses pour une chorégraphie guerrière |
Ce matin, lors de notre déambulation sur les pentes du
volcan Rano Raraku, nous avions pu dominer de loin l'imposant ahu Tongariki
implanté dans un cadre très sauvage.
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Vu du volcan Rano Raraku, l'imposant ahu Tongariki... |
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... et ses 15 moais |
L'après-midi, visite de cet ahu qui est surmonté de quinze
moais dont l'un mesure neuf mètres de hauteur. C'est le plus grand autel de
l'île par la longueur et le nombre de statues. Cela en impose !
Comme partout, les moais de Tongariki ont été renversés par
les Pascuans eux-mêmes à la fin du 17ème siècle. Dans les années
1960, un violent tsunami a fini le travail en dispersant les pierres déjà à
terre sur plusieurs centaines de mètres. En 1994, une entreprise japonaise a
financé les fouilles en vue de la restauration de l'autel et du relevage des
moais. Il s'agissait d'une société de grutage qui a même amené le matériel ad-hoc
depuis le Japon. Un sacré coup de pub !
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Le plus haut moai mesure 9 mètres ! |
Mais le résultat est là, quinze moais parfaitement alignés
dans un cadre majestueux, au pied des contreforts du volcan Poïke et tournant
le dos à la mer en furie. Eh bien, se trouver au pied de quinze moais
impassibles qui vous toisent et vous dominent, finalement, ça rend humble !
Tongariki est ainsi devenu l'image représentative de l'île
de Pâques et de la civilisation Rapa Nui. Grandiose !
TROIS P'TITS TOURS, ET PUIS
S'EN VONT…
Élucubrations personnelles au
sujet du tourisme à l'île de Pâques
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Quel regard les moais peuvent-ils porter sur l'évolution de l'île de Pâques ? |
Début 1984 en arrivant à l'île
de Pâques en voilier, j'ai eu l'immense chance de visiter quasiment seul les
principaux sites archéologiques. En ce temps là, l'île n'était reliée au
Chili que par un vol hebdomadaire en Boeing 707… Ultérieurement, les U.S.A.
ont considérablement allongé la piste d'aviation pour qu'elle serve
éventuellement de piste d'atterrissage d'urgence pour les navettes spatiales.
Dès lors, les gros porteurs ont pu déverser quotidiennement leur flot de
visiteurs.
1984, c'était l'époque où les
sites étaient en accès totalement libre et illimité. Si l'usage imposait
toutefois de ne pas marcher sur les ahus fraîchement restaurés (tabou), il
était tout à fait possible de caresser les moais renversés (je l'ai fait !).
Les années ont passé et pour
avoir vu plusieurs documentaires à la télé, j'ai bien compris que les temps
(et les lieux) avaient un peu changé…
Pour réguler l'afflux des
touristes et générer quelques subsides, le Chili a transformé l'île en parc
national et procédé à nombre d'aménagements devenus nécessaires. Au grand dam
des Rapa Nui, les chiliens continentaux sont arrivés en masse et ont
rapidement confondu parc national et parc d'attractions. Les autres visiteurs
n'ont pas été en reste.
Sur place, des barrières ont
été édifiées, les marges de recul autour des monuments se sont élargies pour
maintenir les curieux à distance, des cheminements stricts canalisent les
visiteurs et des cerbères rabrouent vertement ceux qui s'aviseraient
malencontreusement de poser un pied en dehors des zones balisées.
L'organisation des visites est devenue quasi militaire, voire dictatoriale…
Depuis la fin 2017, la gestion
du parc de l'île de Pâques a été irrévocablement transférée du Chili aux Rapa
Nui qui le réclamaient depuis longtemps. Le billet d'entrée (80 US$, tout de
même) est certes valable 10 jours, mais ne permet qu'une seule visite de
chaque site. Impossible de revoir une seconde fois les mêmes moais pourtant
situés en pleine nature !
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Carrière de pukaos (coiffes) de Puna Pau |
A Pâques comme partout
ailleurs, les excursions en groupe (dont celles programmées par Ponant)
nécessitent de faire confiance à une agence à terre en charge de la
logistique des déplacements et des visites, laquelle agence locale en
maintenant le départ des circuits depuis le village d'Hanga Roa, n'a
visiblement pas voulu tenir compte du changement d'ancrage du bateau
nécessité par la météo.
Soit ! Mais la précarité des
débarquements de passagers à Hanga Roa n'est pas une nouveauté et le Boréal
n'est sûrement pas le premier bateau à se réfugier dans la baie d'Anakena en
cas de forte houle. Malgré cela, il n'y a pas eu de plan B prévu par l'agence
locale pour optimiser le déroulement des visites, d'où des transferts en bus,
fastidieux et sans aucune logique, faits au détriment de l'observation des
sites archéologiques.
Il en résulte l'impression
bizarre et déplaisante que les Rapa Nui ont peur que l'on contemple trop
longtemps et de trop près les sites qu'ils désirent nous faire découvrir, et
qu'ils ne semblent pas avoir envie de se montrer à la hauteur des enjeux
qu'ils prétendent défendre.
Les moais méritent-ils autant
de déconsidération de la part de leurs descendants ?
C'est en tous cas, fort
dommageable pour le visiteur que l'on prend pour une marionnette !
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