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DECEPTION

Lundi 12 Décembre 2011

DECEPTION !

Non, il ne s’agit pas d’un état d’âme, mais du nom d’une île au sud de l’archipel des Shetland du Sud à quelques encablures de la Péninsule Antarctique. Nous sommes arrivés sous le vent de cette île en fin de nuit, (nuit, devenant un terme de plus en plus relatif).

A 04h30, mon 6ème sens marin, m’oblige à sortir de la couchette. Bingo ! Le soleil à peine au-dessus de l’horizon, illumine généreusement la côte de l’île Livingston. Une enfilade de sommets sont couverts de neige jusqu’au niveau de la mer. Pas de doute, nous sommes en Antarctique ! Et une fois encore, je suis apparemment seul pour admirer cela. J’attendais cette vision depuis longtemps et  ce matin, je ne boude pas mon plaisir.

04h30, première et dernière vision de l’Antarctique sous le soleil.

Le soleil levant a juste le temps d’éclairer l’île Livingston en passant sous la couche de nuages

Sur l’autre bord, c’est moins gai. Le bateau longe la haute falaise sombre de Deception Island, qui est un énorme volcan ayant fait encore quelques caprices il y a plusieurs dizaines d’années. Par une faille, la mer pénètre à l’intérieur du volcan, qui se transforme en abri sûr. Le FRAM pénètre dans la caldeira du volcan par cette passe dénommée « Soufflet de Neptune ».

Nous avons devant nous un cercle quasi parfait, blanc et noir. Peu après, le FRAM mouille dans Whalers Bay. Au 19ème s. des baleiniers avaient installé dans cette anse une usine permettant de traiter le produit d’une chasse intensive. L’industrie a périclité et des phénomènes volcaniques ont donné le coup de grâce à cette activité. Les seuls témoignages de ce passé sont des vestiges de hangars en bois complètement délabrés, de citernes à huile rongées par la rouille, de chaloupes ou de matériel abandonné ça et là. La cendre volcanique noire en recouvre une bonne partie.

Le bateau à peine arrêté, la visibilité diminue et quelques petits flocons de neige virevoltent.

09h40, nous débarquons équipés sur la plage de sable noir sous une averse de neige fondue qui va durer tout le temps de notre balade. Ces débarquements en Antarctique sont très règlementés (100 passagers maximum à terre), et très organisés par rotation de groupes de passagers,  passage des bottes dans une solution désinfectante à la descente, et rinçage complet au retour.

Avec l’arrivée de la neige, le paysage se brouille, les vestiges de la station baleinière deviennent des silhouettes fantomatiques. Lugubre ! Comme accueil en Antarctique, nous avions rêvé mieux ! Une certitude, nous sommes confrontés d’emblée à la météo locale. Il fait froid, la neige nous cingle cruellement le visage et dès que nous ôtons les gants pour prendre une photo, c’est l’onglée. Une autre certitude, tout notre habillement spécifique pour la région nous a été utile dès le premier jour, d’autant plus qu’avec cette neige, nous sommes rentrés à bord complètement trempés.
Premier débarquement en Antarctique sous la neige à Whalers Bay, île Deception.
Une journée en noir et blanc

Cette balade sur la plage de Whalers Bay nous aura aussi permis de faire notre première rencontre avec les autochtones en croisant la route de quelques manchots Papous. Plus aucun doute, nous sommes bien en Antarctique !

Durant notre déjeuner, le FRAM gagne le fond de la caldeira pour mouiller devant Téléphon Bay. En réalité, les PCB nous déposent à Stancomb Cove, sur une plage de gravier noir. Cette baie fermée est au cœur d’un groupe de petits volcans encastrés les uns dans les autres ayant chacun un petit lac d’eau vert sombre au fond. Seul le cratère de Stancomb communique avec la mer et forme un abri idéal, un voilier y est d’ailleurs à l’ancre.

De la plage, notre « expédition team » propose aux plus courageux de faire à pied le tour d’un de ces volcans, une petite promenade d’une heure, parait-il… Nous devons atteindre le sommet à 182 m d’altitude. Pourquoi pas ? Sauf que ça démarre très fort. La pente au pied du volcan est abrupte, la cendre volcanique roule sous les bottes, pas évident. Un des membres du staff, nous rassure en affirmant qu’au-delà, l’ascension est plus aisée… Certes, mais plus nous grimpons, plus les bourrasques deviennent violentes au point d’être déséquilibrés. Avant d’arriver au sommet, nos bronches sont refaites à neuf, décapées à blanc.

Bourrasque la ligne de crête du volcan de Stancomb Cove.

Tétanisée, la dame en bleu en arrière-plan rebroussera chemin

Le sommet atteint, il nous faut suivre la ligne de crête très étroite et acérée. C’est magnifique, nous voyons le paysage des deux côtés, mais gare aux bourrasques qui menacent de nous renverser vers l’intérieur du cratère.

Mais pour quel paysage ! Lunaire, sinistre, mais grandiose. Tous ces cratères de cendre noire, partiellement recouverts de neige à perte de vue, cela semble irréel. Et une lumière blanche, cotonneuse accroît encore cette impression.

En début de soirée, le FRAM lève l’ancre, quitte la caldeira par le « Soufflet de Neptune », et s’engage dans le détroit de Bransfield, cap au sud-ouest.

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Heu ... Si j'ose me permettre : si Vous croisez le "James Clark Ross " un des navire scientifique des Britanniques, et malgré la "purée" du moment .... un petite photo ? :-)))
    Amicalement

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