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LES MERS DU SUD

Vendredi 16 Octobre 2011 (suite)

LES MERS DU SUD

L’épisode de ce matin pour violent qu’il fut, n’était que le hors d’œuvre de la journée. Ce matin, la mer n’avait pas eu le temps de se former et les violentes bourrasques aplatissaient les vagues, et sous la protection des îles Shetland du Sud, ce n’était pas si inconfortable, bien que tout soit relatif.

16h45, entre les îles Robert et Nelson, dès la sortie du chenal Nelson, changement de braquet pour attaquer le passage de Drake. Nous avons maintenant la mer du vent de ce matin, bien formée. Vue du hublot de notre cabine du pont 3, la mer est vraiment en furie, les crêtes des vagues sont scalpées par les violentes rafales et se perdent en larges traînées laiteuses. Le bateau qui progresse là-dedans à guère plus de huit nœuds, fend les vagues en hautes gerbes d’écume et d’embruns qui balaient les vitres du pont 4. Impressionnant, sublime, dantesque ! Tous les qualificatifs pourraient y passer.

Et je pourrai continuer la description en augmentant d’un cran à chaque fois…
Pris du salon panoramique du pont 7

Le bateau gite, tape quelque peu, tangue et roule, rien de bien méchant. Suffisamment pour incommoder les passagers qui ont de plus en plus de mal à se déplacer et n’ont rien à envier aux manchots… Dans les salons, les fauteuils tournent sur eux-mêmes. Les marins déposent négligemment et insidieusement des petits sacs aux endroits stratégiques.

Les vagues enflent encore au moment du repas. Sur les plus grosses vagues, le bateau se soulève fortement de l’arrière et vibre. De temps en temps, ont sent les pods sortir de l’eau et mouliner dans le vide en sifflant. Et dans la salle de restaurant, ce sont les montagnes russes. Autour du buffet, les passagers cramponnent leurs assiettes et regagnent leur place dans une valse hésitation qui pourrait être comique. Et malgré les circonstances, le personnel hôtelier reste toujours efficace.  

20h30, « your captain speaking… », d’un ton laconique et minimaliste, le commandant annonce que nous avons parcouru trente milles depuis notre entrée dans le Drake, nous subissons depuis le milieu de l’après-midi des vents d’ouest  de 10 à 11 Beaufort et des vagues de 8 mètres dont certaines de 12 mètres. Bonne nouvelle, la pression remonte lentement. Il nous rassure en expliquant que les bruits et les coups que nous ressentons sont tout à fait normaux et que le FRAM est un bon bateau. Il recommande aussi que les passagers prennent le temps d’admirer la nature, puis leur souhaite de passer une bonne nuit. Finalement, notre commandant à de l’humour !

C’était la chronique d’une journée ordinaire sur le Drake. Nelly qui avait vaillamment  tenu le coup tout l’après-midi, a payé son tribut à Neptune et au Drake après le dîner.

Et ce soir, la cafet est vide ou presque. J’y suis seul pour terminer cette page.

C’EST BEAU LES MERS DU SUD !

1 commentaire:

  1. Quelle aventure extraordinaire que nous avons plaisir tous les 4 à lire ensemble !
    cela devait être assez impressionnant tout de même, et encore plus pour ceux qui n'ont pas le pied marin ... ! Bonne fin de journée à vous 2. Gros bisous. KLL et cie

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