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RETOUR A LA REUNION



Jeudi 20 Avril 2017 - 30ème Jour


Tromelin était l'escale bonus - mais la dernière escale - de ce long voyage de quatre semaines à travers l'océan Indien. Quatre semaines, et c'est déjà la route du retour ! Quatre semaines loin des bruits du monde, loin de tout en fait, dans un milieu naturel difficile…

Quatre semaines bien remplies qui ont passé très rapidement ! Et aujourd'hui, inexorablement, chaque tour d'hélice nous rapproche trop vite de Saint-Denis de la Réunion…

L'ambiance de cette dernière journée complète de navigation est un peu particulière. Chaque passager a pris son rythme ou ses habitudes à bord et n'a pas envie de les changer. Pourtant, chacun sait que les heures sont comptées et qu'il faut en profiter jusqu'à la dernière minute. On espère que cela puisse encore durer sachant que c'est déjà presque fini ! Cela laisse songeur !


06h35


06h38
Aujourd'hui est la dernière journée pour se saouler de l'air du large, de la ligne d'horizon, du lever du jour, du bruit de la vague d'étrave, du dernier quart de passerelle, du ronronnement lancinant des machines, du roulis ou du tangage… Encore une dernière fois !

Chacun voit avec appréhension la dislocation d'un groupe qui s'était formé, apprécié puis soudé pour vivre et partager la même aventure. C'est le moment où l'on donne ses numéros de téléphone et adresses mail, où l'on s'échange ses meilleures photos que l'on commente avec résignation.



Avant le départ, chaque passager était arrivé avec ses propres motivations pour réaliser ce voyage. Puis, chacun a vécu son rêve au cours d'un périple exceptionnel par sa durée, mais aussi en naviguant au cœur de l'océan Indien sur un navire non moins exceptionnel : 5.400 milles marins, soit 10.000 km. Ce n'est pas rien !



Le Marion Dufresne devant Port-aux-Français - Kerguelen
Certes, ce n'était pas le voyage de l'extrême mais le Marion Dufresne nous a emmenés dans des régions bien mal connues à travers des zones de navigation quasi désertiques, où les conditions météorologiques sont généralement très difficiles et inconfortables. Cela n'a pas été le cas cette fois-ci, car la météo est restée "clémente". Nous avons été épargnés par le mauvais temps.

Pourtant, cette rotation n'était pas une banale croisière ! Nous avons été les témoins du maintien, coûte que coûte, de ces petits bouts de France perdus dans les mers lointaines et nous avons été aussi les acteurs de leur ravitaillement et de leur survie.


Les rencontres avec une faune inhabituelle ont été le vrai plus de ce voyage : ainsi, la vaste colonie de manchots royaux ou les manchots curieux de Crozet, le contact "presque" rapproché avec les éléphants de mer de Kerguelen, les otaries d'Amsterdam, sans oublier les albatros majestueux planant autour du Marion dans les latitudes sud. Inoubliable !

Nous avons apprécié la découverte de paysages différents dans chaque île, guidés par les jeunes VSC de la Réserve naturelle des T.A.A.F. Des gens de terrain qui se sont tous pliés en quatre pour partager leurs passions et leurs connaissances.

Inédits encore, les transferts en hélicoptère dont certains très longs à Kerguelen qui nous ont permis la découverte aérienne d'une partie de l'île, sans parler du tour du volcan de l'île Saint-Paul. Impressionnant !


Le fait que le Marion Dufresne ne soit ni un paquebot ni un cargo, mais les deux à la fois, a notablement influé sur l'ambiance et les rapports entre passagers provenant d'horizons divers. Rapidement, il s'est créé de bonnes relations entre touristes, militaires détachés sur les îles ou au siège des T.A.A.F., personnel des T.A.A.F. et I.P.E.V., membres de la ResNat ou intervenants d'entreprises extérieures, sans omettre bien sûr, tout l'équipage. Les échanges ont toujours été cordiaux et enrichissants car chacun avait toujours à apprendre des autres. Il y a vraiment un esprit à bord du Marion Dufresne qui n'existe pas sur les autres navires.



Alors ce soir au Forum, la nostalgie est palpable au moment du traditionnel apéritif.





Vendredi 21 Avril 2017 - 31ème Jour (et dernier !)


Le jour est à peine levé que le Marion Dufresne est déjà stationnaire à peu de distance du port Ouest de la Réunion. Cette fois-ci, c'est vraiment l'heure du retour à la case départ !


Retour à la Réunion


06h30, l'hélicoptère vient d'être sorti de son hangar et le mécanicien s'affaire à assembler les pales et vérifier la turbine en détail. L'hélico a terminé sa mission à bord et son départ, qui ne peut se faire qu'en mer, est imminent. En retrait, j'observe la scène depuis le pont H. Plusieurs officiers du Marion sont déjà rassemblés sur la DZ. Le Commandant tient à se faire prendre en photo avec le pilote et le mécano devant l'appareil, puis ils discutent encore tous ensemble. De loin et sans rien même entendre, il n'est pas difficile de comprendre l'émotion du moment : avec le changement d'armateur, aucun de ces hommes ne se reverront plus malgré le fait qu'ils aient vécu plusieurs rotations ensemble et qu'ils aient dû sûrement s'apprécier. Ce qu'ils se disent se lit sur leur visage.  Et puis, la poignée de mains a été très appuyée et l'accolade particulièrement chaleureuse… A ce moment, j'ai cru voir le plus grand et le plus costaud des membres de l'équipe de sécurité essuyer discrètement une petite larme. Sur une décision administrative, une histoire d'hommes s'achève entre le pilote et le mécanicien de l'hélicoptère et l'équipage du bateau. Une page de l'histoire du Marion Dufresne se tourne en direct.


06h45, un remorqueur s'approche pour servir le Marion, puis le pilote embarque à bord pour guider le navire dans le chenal d'accès au port. En avant lente, le bateau franchit la passe d'entrée du bassin Ouest. Dans l'avant-port, le Marion fait demi-tour avec l'aide du remorqueur qui va l'amener doucement en marche arrière vers le quai.


Entrée du port Ouest de la Réunion

Au poste 8, plusieurs femmes et enfants sont déjà là qui attendent leur mari ou père. Le bateau recule doucement et à 07h45, les aussières sont tournées les unes après les autres sur le quai. Le Marion Dufresne est immobile. Le voyage est fini !

Pas tout à fait ! Nous devons attendre le passage de la Douane, une simple formalité, parait-il… En réalité, la routine se transforme en un contrôle plutôt tatillon de la Douane française auprès de passagers français à bord d'un navire français accostant dans un département français et venant de territoires français. Consignés dans les cabines, nous avons prolongé d'une heure notre séjour à bord avant d'avoir l'autorisation de débarquer. Cette anecdote a juste accéléré notre retour à la vraie vie ! 


La fin du voyage


Le Marion Dufresne amarré au poste 8

Après avoir descendu l'échelle de coupée et parcouru quelques pas sur le quai, un dernier regard ému s'impose vers le Marion Dufresne...

Alors, où et quand le prochain voyage ?