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LES ÎLES SAINT-PAUL ET AMSTERDAM (2/2)



Lundi 10 Avril 2017 - 20ème Jour (2ème partie)



Ensuite, l'île Amsterdam

L'île Amsterdam (ou plus précisément Nouvelle Amsterdam) est une île volcanique d'une superficie de 58 km², située par 37°48' de latitude sud (base Martin de Viviès).


Elle fait partie des terres les plus éloignées de tout bloc continental qui soit, à 4.300 km de l'Afrique du Sud, 3.400 km de l'Australie et 3.200 km de l'Antarctique. Loin de toute source de pollution de masse, Amsterdam est ainsi la référence mondiale relative à la qualité de l'air.


Le climat de l'île Amsterdam est océanique et humide, mais plus doux que celui des autres îles australes. A la lisière des quarantièmes rugissants, les vents peuvent toutefois y être violents. Les températures oscillent normalement entre 5 et 20°C, en fonction de l'altitude et de la saison.




HISTOIRE


Elle a été aperçue pour la première fois en mars 1522 par le navigateur basque Juan Sebastian de Elcano qui achevait le premier tour du Monde de l'Histoire, après avoir repris le commandement de la flotte de Fernand de Magellan, assassiné aux îles Philippines.


Cette île est située sur la route directe entre le cap de Bonne Espérance et le détroit de la Sonde (qui sépare Java de Sumatra) en Indonésie. Cette ancienne route était suivie par tous les navires qui au XVIIème s., commerçaient entre l'Europe et les Indes (l'Asie).


C'est un Hollandais qui donne à cette île le nom de Nieuw Amsterdam en 1633 et c'est un autre Hollandais, de Vlaming, qui y débarque le premier en 1696. L'amiral français d'Entrecasteaux y fait escale en 1792.


D'accès difficile, Amsterdam est ensuite fréquentée occasionnellement par des chasseurs phoquiers ou des naufragés.


En 1871, une famille réunionnaise y débarque pour développer l'agriculture et un élevage de bovins, sans succès apparent puisqu'au bout de quelques mois le troupeau est abandonné sur place. Par la suite, il y a eu jusqu'à 3.000 vaches, qui redevenues à l'état sauvage ont fait des dégâts considérables à la végétation de l'île.


Ensuite son histoire se confond avec celle de sa voisine, l'île Saint-Paul.


Martin de Viviès, météorologue et explorateur français installe en 1949 une base météo avec une vingtaine de personnes. Les missions scientifiques ou météorologiques se sont succédé sans interruption depuis cette date.
 

11h15, le Marion Dufresne appareille de l'île Saint-Paul et fait maintenant route vers l'île Amsterdam, à 55 milles (100 km) au nord et trois heures de navigation.


Le soleil brille généreusement. Vers l'est, au-dessus de l'horizon de petits cumulus courent dans le ciel, la température extérieure frôle les 20°C et semble presque tiède, la mer est à peine agitée et prend une belle couleur tropicale. Les passagers n'avaient pas vécu des conditions aussi agréables depuis bien longtemps. Le pont supérieur est rapidement envahi de croisiéristes… Un air de vacances bien trompeur !



L'île Amsterdam vue du sud
Ici, le soleil brille au nord en milieu de journée et c'est tardivement qu'apparait l'île Amsterdam dans un violent contre-jour. Le Marion aborde l'île par le sud et longe à peu de distance la côte Est de l'île. A défaut d'en apprécier tous les détails, nous devinons le profil volcanique de l'île. Mais ce qui nous étonne le plus, c'est la végétation qui recouvre toute l'île y compris des arbustes… Il y a si longtemps que nous n'en avions vu !


15h30, le Marion Dufresne est au mouillage devant la base Martin de Viviès qui ne manque pas de nous surprendre avec ses bâtiments joliment colorés et étagés sur la pente. On se sent loin de Crozet ou Kerguelen !


La base Martin de Viviès
Le Marion est à peine stoppé que nous devons embarquer dans l'hélicoptère pour être déposés quelques secondes plus tard sur la base. Tous les résidents (une vingtaine) sont là pour nous accueillir chaleureusement, à commencer par le chef de district (le DisAms) qui a revêtu son écharpe tricolore pour l'occasion.



Le Marion Dufresne devant la base Martin de Viviès
 

Notre emploi du temps est déjà bien rempli pour les trois journées à venir. Peu après la descente de l'hélico, nous sommes pris en charge par Florian, un jeune VSC de la ResNat qui sera notre guide durant notre séjour à AMS.


Et ça commence très fort ! Après s'être chargé du repas du soir, notre groupe entame aussitôt une marche vers la cabane Antonelli où nous dînerons et dormirons cette nuit. Il y a quarante-cinq minutes de marche à faire et la nuit va rapidement tomber, aussi Florian mène-t-il son groupe avec vivacité. Nous nous éloignons de la base à travers de larges cheminements herbus qui serpentent à travers une légère pente. Malgré son rythme soutenu, la balade est agréable. Quelques arbustes de faible hauteur bordent le chemin, ce sont des phylicas, typiques de AMS. Ce sont ces végétaux que Florian est chargé de protéger et même de replanter dans le cadre de sa mission auprès de la Réserve Naturelle. 



Paysage de l'île Amsterdam vers la cabane Antonelli
En cours de route, le soleil nous abandonne rapidement. Nous sommes d'abord surpris par un grain puis par une copieuse averse qui ne va plus nous lâcher. Nous sommes déjà bien trempés en arrivant au pied d'un petit volcan. Les derniers mètres d'ascension avant la cabane sont malaisés à gravir, il nous faut suivre un étroit sentier bordé de hautes touffes de scirpes, sorte de jonc très fin mais très rigide. Sportif !


Nous arrivons ainsi au bord d'un petit cratère où est implantée la cabane Antonelli dans un cadre respirant le calme total avec, au loin la mer infinie, puis les pentes douces de l'île et enfin le fond du cratère où pousse une épaisse haie de cryptomerias, semblable à des cyprès.


Surplombant le cratère, la cabane Antonelli a des airs de petit chalet de montagne avec son ossature en bois et sa petite terrasse bordée de balustres en bois blanc. Complètement trempés, nous investissons la cabane qui est vraiment exigüe, juste la place pour quatre châlits, une table et deux bancs. Il fait nuit, l'humidité envahit la pièce. Un thé est le bienvenu. Au menu ce soir, langouste locale et pigeon farci… et quelques bouteilles de Bordeaux pour refaire le monde !