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EMBARQUEMENT

Samedi 22 Novembre 2014

Le temps de la récupération est maintenant achevé et c'est en pleine forme que nous nous apprêtons à rejoindre vers 08h30 le quai où est amarré l'Aranui 3 tout au fond du port de commerce de Papeete.

L'Aranui, c'est d'abord un cargo qui accessoirement embarque des passagers… Avant tout navire marchand, les deux tiers avant du bateau sont consacrés aux cales et au fret en pontée, le tiers arrière est occupé par le château affecté aux passagers.
 
L'Aranui au quai de Papeete quelques instants avant l'appareillage
 
A notre arrivée sur le terre-plein du port, les engins de manutention évoluent encore et chargent les dernières pièces de fret, alors que les premiers passagers embarquent.

A peine gravie l'échelle de coupée, l'ambiance est donnée par trois membres d'équipage qui nous accueillent en musique en même temps que nous recevons notre collier de fleurs de bienvenue. L'image de la Polynésie est ainsi respectée.

Après les formalités d'enregistrement, guidés par un membre d'équipage, il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre cabine. A ce moment, nous comprenons que nous sommes surtout à bord d'un cargo plutôt que sur un paquebot. L'espace et les surfaces y sont plus réduits, plus compartimentés et les circulations (entrecoupées de portes étanches ou coupe-feu), beaucoup plus labyrinthiques. Se déplacer à bord ne semble pas évident pour tous. Beaucoup de passagers se cherchent, se croisent et se recroisent en se posant bien des questions pour retrouver leur cabine une fois qu'ils l'ont quittée.

Tout le monde a néanmoins trouvé la route du bar pour partager malgré l'heure matinale un punch polynésien d'accueil (avec du rhum et… plein de surprises, d'après les dires du barman), que chacun a siroté en regardant une petite exhibition folklorique donnée avant l'appareillage par un groupe de danseurs marquisiens très athlétiques et de jolies danseuses potelées à souhait.
 
En quittant Papeete
10h15, l'Aranui s'écarte lentement du quai, puis traverse le port en longeant la ville et franchit la passe bordée de récifs affleurants sur lesquels la mer brise. En arrière-plan, l'île de Moorea est toujours surmontée de son nuage.

Dès la sortie de la passe, l'Aranui navigue cap au nord-est, parallèlement à la côte dominée par les hauts massifs montagneux du centre de l'île, et s'éloigne vers le large après avoir doublé la pointe Vénus.
 
La passe de sortie
La dernière bouée de la passe d'accès au port de Papeete
Notre navigation dans le Pacifique Sud commence ainsi : soleil, eau bleu outre-mer (c'est vrai !), mer calme et petite houle. Cap vers Takapoto, un des atolls de l'archipel des Tuamotu, que nous atteindrons demain en milieu de matinée, après 300 milles de navigation.

 
Cap au nord-est vers les îles Tuamotu


LE BATEAU

La Compagnie Polynésienne de Transport Maritime a été créée en 1984 par les frères Wong, Wong et Wong, des Chinois d'avant la mondialisation, installés à Tahiti depuis des décennies. Le premier Aranui, un petit cargo d'occasion, ne comportait que quelques cabines. Il fut rapidement remplacé par un autre navire plus important dont les superstructures ont été transformées pour accueillir davantage de passagers.

Devant le succès de la formule mixte fret/passagers, l'armateur a décidé au début des années 2000 de faire construire un nouveau bateau spécialement conçu pour emmener davantage de passagers. C'est l'actuel Aranui 3. Celui-ci a été construit en Roumanie dans un chantier naval situé sur le Danube, juste en aval des Portes de Fer. Il a été mis en exploitation en mars 2003. C'est donc un navire récent.

Et pourtant, malgré son jeune âge, l'Aranui 3 semble avoir été directement inspiré par les affiches publicitaires des Messageries Maritimes ou des Chargeurs Réunis d'il y a 50 ans.

L'Aranui, c'est une jolie silhouette blanche d'ancien cargo mixte des plus sympathiques, comme on n'en voit plus beaucoup, qui à chaque escale s'insère parfaitement dans le décor exotique et tropical qui l'entoure.

Et aujourd'hui, c'est ce look d'une autre époque qui attire les passagers de la ligne venus chercher les réalités d'une croisière authentique.

Pour chacun, c'est l'impression d'être partie prenante d'une croisière utile, puisque l'Aranui est le cordon ombilical qui relie les Marquises à Tahiti. Le bateau rend service aux habitants tout en favorisant la découverte des îles et les contacts avec les îliens. La réussite de cette entreprise tient aussi à tous les membres d'équipage, des professionnels accueillants, disponibles et toujours de bonne humeur.

Mais les jours de l'Aranui 3 sont comptés. Il devrait sans doute être remplacé fin 2015, par l'Aranui 5, prévu pour transporter près de 300 passagers. Si l'organisation du fret restera la même à cause des contraintes de manutention à terre, la partie voyageurs devrait céder aux exigences actuelles en termes de confort et de décoration.

Le futur Aranui gardera-t-il l'esprit de l'ancien ? Rien n'est moins sûr !
 

VOL DE NUIT

Jeudi 20 Novembre 2014

Il y a loin de la théorie à la réalité, surtout quand c'est pour aller en Polynésie, où les notions de temps ou de distances prennent des dimensions inhabituelles.

Dans sa route vers l'ouest, notre avion a volé après le temps sans jamais pouvoir le rattraper vraiment. Et en décollant de Roissy à 18h00, c'est vol de nuit pendant toute la durée du voyage, soit 23 heures consécutives. Le "détour" par le Grand Nord (où il fait toujours nuit à cette période de l'année), a fait que nous n'avons jamais pu retrouver la lumière du jour, y compris pour l'escale de Los Angeles à 20h00 locales. Même chose ensuite, jusqu'à Tahiti.
 
 
 
 
L'Airbus a ainsi été mis en mode nuit dès le départ et la cabine est restée obscure jusqu'à l'arrivée. Et une cabine d'avion en configuration sommeil, ça manque de distractions ! La majorité des passagers s'assoupissent, affalés dans leurs fauteuils, enroulés dans les couvertures, bouche ouverte et masque de sommeil sur les yeux. Pas très glamour comme vision d'ensemble !

Sans lumière, difficile de s'occuper. Il ne reste plus qu'à se mettre en veille prolongée, physique, intellectuelle et mentale pour tenir le coup et attendre que cela passe puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.

La descente vers Papeete et le lever simultané du jour à 05h00 ont été un véritable soulagement marquant le terme de cette première partie de voyage.

Seulement voilà, en quelques heures tout a été bouleversé depuis Paris. Malgré 23h00 de vol, nous ne sommes ici, que le lendemain matin du départ. C'est l'hémisphère sud, c'est l'été, il fait déjà 25°C à 05h00 ! Et finalement, nous n'avons pas tout suivi au même rythme…

Il ne nous reste plus qu'à accorder notre horloge interne à l'heure locale (11h00 à compenser). Il y a un moment de flottement incertain où le corps et l'esprit voudraient s'octroyer un peu de sommeil, en contradiction avec la même horloge interne qui poursuit à son rythme habituel… Dilemme !

Alors, pour conserver un peu de lucidité, rien de tel que de se rafraîchir les idées dans la piscine de l'hôtel. Malgré nos esprits encore embrumés, trois heures après être descendus de l'avion, ce bain dans la piscine à débordement dominant la mer avec l'île de Moorea en arrière-plan, cela a été un grand moment de volupté !
 
Méthode de compensation du décalage horaire
Bienvenue à Papeete - Maeva !

Y A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?

Mercredi 19 Novembre 2014 - ROISSY

On peut se poser la question lorsqu'au bout de quelques minutes de notre envol vers Tahiti et une escale prévue à Los Angeles (U.S.A.), nous comprenons que notre Airbus se dirige plein nord-ouest vers le Groenland et le nord du Canada !

Pourquoi un tel détour alors que nous sommes si pressés d'arriver dans l'hémisphère sud ?


Depuis l'école primaire et nos premières leçons de géographie, nos braves instits nous ont expliqué le Monde sous forme de cartes planes centrées sur la France et nous avons assimilé inconsciemment cette représentation. Mais les mêmes instits nous ont également appris que la Terre est ronde, ou plus exactement sphérique. Alors ?

Pour des raisons pratiques, la représentation du Monde sous forme plane s'était imposée depuis longtemps. Les grands découvreurs de la Renaissance ont rapidement compris qu'il était très compliqué de mesurer des longueurs et des angles sur une mappemonde (par ailleurs difficile à ranger dans le tiroir d'une table à cartes).

Seulement voilà, il est absolument impossible de projeter une sphère sur une surface plane sans provoquer de graves distorsions ou déformations.

Démonstration : Prenez une orange, incisez-là du nord au sud et videz-là de son contenu. A partir de l'incision aplatissez-là sur une table. Si la peau d'orange va conserver son intégrité au niveau de son équateur, elle va progressivement se fendiller puis se déchirer de plus en plus en allant vers ses pôles en laissant des zones vides de plus en plus larges entre chaque bout d'écorce.

Le planisphère ci-dessous est la représentation de la Terre étalée comme la peau d'orange, les zones noires sont les vides de la peau d'orange.


Mais sur cette carte les méridiens sont rigoureusement parallèles alors que sur le globe terrestre ils ne le sont pas, ils se resserrent vers les pôles et s'y rejoignent. Une droite tracée sur notre carte plane n'est donc plus une droite sur la mappemonde, mais devient une courbe du fait du resserrement des méridiens, et ainsi elle n'est pas le plus court chemin d'un point à un autre sur la surface de la Terre.

Après l'école primaire, on va passer directement en classe de math' spé et ouvrir le cours de géométrie sphérique.

Le plus court chemin est celui que prendrait une chaînette tendue entre deux points sur la mappemonde. Le point de départ, le point d'arrivée et le centre de la Terre sont sur le même plan. L'intersection entre ce plan et la surface de la Terre (la chaînette), est la plus courte distance possible entre les deux points. Ca s'appelle un arc de grand cercle ou orthodromie.

Tous les méridiens sont des grands cercles, l'équateur aussi mais les autres parallèles n'en sont pas.

Cette notion d'orthodromie prend toute son importance pour tous les vols intercontinentaux et également pour les traversées transocéaniques. Son incidence est nulle dans le sens nord-sud (ou l'inverse) puisque l'on se déplace le long d'un méridien (vol Paris-Afrique du Sud, par exemple). Cette incidence est maximum dans un déplacement nord-est/sud-ouest (ou l'inverse) et augmente encore si le point de départ et/ou d'arrivée est haut en latitude, ce qui est le cas d'un vol entre la France et la Polynésie.

Dans notre cas, la différence n'est pas neutre : la route tracée sur le planisphère mesure 16.800 km, alors que celle tracée sur la mappemonde fait 15.700 km. Soit 1 100 km de moins !

Conclusion : nous sommes rassurés, il y a bien un pilote dans l'avion qui a bien appris son cours de navigation et qui va bien nous emmener à Tahiti par la route la plus courte : l'arc de grand cercle entre Paris et Papeete passe par l'Irlande, le sud du Groenland, la baie d'Hudson, le Dakota du Nord et Los Angeles. Nous sommes sauvés !
Route Orthodromique entre Paris et Papeete

 

EN MARGE DE L'HISTOIRE

Le protectorat français devient colonie en 1880, sous l'appellation vertueuse de "Etablissements Français de l'Océanie", puis Territoire d'Outre-Mer en 1946, avec le droit de vote accordé aux Polynésiens. Plus tard, sont créés une Assemblée Territoriale et un gouvernement local qui obtiennent de plus en plus d'autonomie (non sans péripéties), sous la Vème République. La Polynésie est maintenant une Communauté d'Outre-Mer, dont l'appareil législatif est l'Assemblée de la Polynésie Française, l'exécutif est le Gouvernement de la Polynésie Française, l'ensemble sous le regard d'un Haut Commissariat de la République.

Jusqu'à la fin des années 1950, Tahiti et les îles vivent au rythme paisible d'une colonie lointaine que l'on rejoint après plusieurs semaines de voyage en paquebot.

Cette quiétude va être interrompue à partir de 1961 par la mise en service de l'aéroport de Faaa qui permet l'atterrissage des premiers avions de ligne longs courriers, en provenance des U.S.A, d'Australie ou de Nouvelle-Zélande. Ce bouleversement géographique et économique majeur va favoriser le développement touristique des îles, bien sûr, mais surtout propulser les Polynésiens dans un autre siècle… en très peu d'années.

HMS "Bounty", le retour

Et en 1961, en dehors des touristes, les premiers à débarquer sont les membres d'une équipe de tournage d'une superproduction hollywoodienne, "Les Révoltés du Bounty" réalisée en technicolor et décors naturels, avec Marlon Brando comme acteur principal, rien moins.

On peut imaginer l'effet qu'à pu produire une importante équipe de cinéastes américains s'installant à Tahiti dans une débauche de moyens matériels et de luxe tapageur, inondant les centaines de figurants locaux de milliers de dollars et de boissons gazeuses…

Le scénario du film, tiré d'un fait réel ayant eu lieu à Tahiti en 1789, avait déjà de quoi séduire. Les mers du Sud et la beauté des paysages ont contribué au succès de ce film largement distribué. La réputation du mythe paradisiaque polynésien s'est amplifiée aux yeux du monde entier. Et le flot touristique n'a fait que croître…

La bombe

Le développement de Tahiti s'est encore accéléré à partir de 1964 avec l'arrivée à Papeete et aux Tuamotu du Centre d'Expérimentation du Pacifique ; encore une appellation pudique, cette fois-ci liée aux essais nucléaires que la France projette de réaliser dans la zone.

Avec l'installation du C.E.P., l'argent (la “manne” du nucléaire) afflue sur le territoire et permet de développer rapidement les infrastructures et les communications, la promotion du tourisme, l'amélioration des conditions de vie quotidienne, grâce à de gros programmes de génie-civil et d'aides diverses. L'arrivée des familles de militaires et d'employés d'entreprises extérieures aux îles et travaillant sur les sites provoque également un effet de spirale. 

Le C.E.P. apporte donc beaucoup d'activité et beaucoup d'argent facile, déstabilisant les structures socio-économiques d'une communauté qui s’est retrouvée projetée trop vite et sans préparation dans la société de consommation occidentale : abandon des activités traditionnelles (pêche, agriculture…), repli vers le tertiaire non directement productif mais plus rémunérateur, afflux vers l'agglomération de Papeete des populations des autres îles.

La contrepartie est de taille pour les Polynésiens, pour qui le progrès est chèrement payé, surtout ceux des atolls des Tuamotu et des Gambier, directement concernés par les essais (46 aériens et 147 souterrains). Il se dit que… Quelques uns des premiers essais aériens ne se seraient pas forcément déroulés comme prévu et quelques nuages n'auraient pas suivi la trajectoire projetée… Même aujourd'hui, le sujet reste opaque et il est encore bien difficile de connaître, à moyen et long terme, les retombées sanitaires exactes de ces essais sur les populations et leur environnement.

La fin des essais en janvier 1996 est compensée pendant dix ans par la France, sous forme d'un "contrat de développement" qu'on a appelé malicieusement la "rente Chirac". Cette économie de subvention et de clientélisme a permis à la Polynésie de continuer à se développer jusqu'en 2005, surtout grâce à la culture perlière et au tourisme haut de gamme.

Maintenant

Mais comme partout, les temps ont changé ! Devenue plus vulnérable depuis la fin de la "rente" et confrontée aux bienfaits de la mondialisation, la Polynésie doit aujourd'hui affronter de plein fouet : reflux du tourisme, "affaires" politiques, problèmes d'environnement, chômage, défis économiques et modèle de société…

La vie courante, quoi ! Comme partout !

 


REPERES HISTORIQUES


Après bien des controverses, les spécialistes s'accordent maintenant à dire que le peuplement de l'Océanie s'est fait à partir de 1.200 av. J.C. depuis l'Asie du Sud-Est par vagues étalées sur plusieurs siècles. Il fallait que ces migrants soient de sacrés marins pour partir à l'aventure sur de grandes pirogues (avec familles complètes, animaux, plantes, etc…), et naviguer à l'intuition sur de longues distances pour conquérir l'immense Pacifique sans certitude de trouver un point de chute.

Une fois installées, ces populations ont vécu tranquillement en autarcie durant plusieurs siècles. La Polynésie est restée bien à l'écart des routes maritimes sillonnées par les grands découvreurs du XVIème siècle. Magellan a bien aperçu un atoll des Tuamotu en 1521 mais n'y a pas débarqué. Les Marquises ne sont découvertes qu'en 1595.

Bien plus tard dans le sillage des grandes expéditions scientifiques du Siècle des Lumières, l'Anglais Wallis découvre Tahiti en 1767, suivi par le Français Bougainville en 1768. Celui-ci est immédiatement tombé sous le charme de Tahiti à cause de la beauté des paysages, la douceur du climat et (paraît-il) le sens de l'accueil des belles Tahitiennes… La lointaine Europe découvre le mythe inaltérable du paradis polynésien !

Dès lors, le destin des habitants va basculer. Le paradis va attirer chasseurs de baleines, forestiers exploitant le bois de santal, marchands, etc… Les forbans de tout poil vont interférer dans les rivalités tribales en distribuant armes à feu, alcool et diverses maladies contre lesquelles les Polynésiens n'étaient pas immunisés.

Par ailleurs, le fait que des mécréants aient pu découvrir le paradis terrestre a fortement contrarié les instances religieuses européennes qui s'empressent d'envoyer des missions en Polynésie pour remettre les populations dans le droit chemin. Les premiers arrivés en 1797 sont des pasteurs plus ou moins anglicans, plutôt rigoristes qui, en voulant prêcher la bonne parole, vont mettre en pièces toutes les croyances et tous les repères culturels de la société polynésienne ainsi que les fondements hiérarchiques traditionnels organisés autour du clan et de la famille.

Sur les traces des protestants, les missionnaires catholiques français se joignent à la curée… S'en suivent querelles intestines et guerres de religion durant plusieurs années. 

Même si les autochtones ne se laissent pas faire facilement, les religieux finissent par avoir le dernier mot en soutenant l'autorité d'une dynastie royale de circonstance et en instaurant un code missionnaire qui entraine la disparition irrémédiable de toutes les pratiques ancestrales (transmission orale, habillement, danse, chant, tatouage, sculpture), qui sont vigoureusement bannies. En quelques décennies, il ne reste plus rien de l'originalité polynésienne.

Anglais protestants et français catholiques se livrent à des luttes politico-religieuses auprès de la dynastie régnante. Après bien des revirements, la reine Pomaré IV accepte le protectorat français sur Tahiti. Sans doute à cause du peu d'intérêt commercial et stratégique de la région, les Britanniques résistent mollement et le protectorat français est ratifié en 1842. Peu à peu, la dynastie Pomaré abandonne ses prérogatives à la France qui annexera progressivement les îles avoisinantes. 

C'EST OÙ ?

 
 
REPERES GEOGRAPHIQUES DE LA POLYNESIE

Il paraît difficile de voyager sans savoir où l'on va, d'où les lignes qui suivent :

La Polynésie Française, c'est 5 archipels (34 îles et 84 atolls), dispersés au milieu de l'océan Pacifique où la moindre distance se chiffre en milliers de kilomètres.

Vu de l'Hexagone, on n'a pas idée de ce que cela représente. Pour preuve :

La Polynésie s'étend sur un territoire grand comme l'Europe. Si l'on met Tahiti à la place de Paris, les Marquises sont au milieu de la Suède, les Tuamotu s'étirent du sud-ouest de l'Angleterre jusqu'à Belgrade, l'archipel des Gambier est à la place de Bucarest en Roumanie, Bora Bora se superpose à Cherbourg, et les îles Australes vont de Toulouse jusqu'au nord-ouest de la Sicile.

Si la Polynésie était à la place de l'Europe !
 
Globalement, le territoire s'inscrit dans un losange irrégulier de 5.5 millions de km², de 6.400 km de périmètre et dont les diagonales mesurent environ 2.300 km. Enorme !

Pour finir de donner l'échelle, il faut imaginer ces quelques km² de terres émergées perdues dans l'immense océan qu'est le Pacifique. Les distances de ou vers Tahiti donnent le tournis : Nouvelle-Zélande : 4.000 km, Hawaï ou Île de Pâques : 4.300 km, Australie : 6.000 km, Californie : 6.600 km, côtes chiliennes ou péruviennes : 7.500 km, Tokyo : 9.500 km, Manille (Philippines) : 10.500 km.

Et pour finir de se repérer, Papeete est à vol d'oiseau à 15.700 km de Paris.

Une chose est sûre, nous n'aurons pas le temps de tout voir !

POLYNESIE...


Dans le cadre de l'alternance (un coup au nord, un coup au sud ; un coup au froid, un coup au chaud), après les rigueurs de l'Islande au printemps, il était logique de chercher un peu de soleil et de douceur en cette fin d'automne.

Et pourquoi ne pas donner un grand coup de barre et mettre le cap vers le Pacifique Sud ?

En réalité, nous avons un anniversaire important à fêter cette année et la Polynésie est la destination qui s'impose naturellement pour le faire.

Et pour joindre l'agréable à l'agréable, nous avons décidé d'embarquer le 22 novembre prochain sur le cargo mixte ARANUI 3 qui, en presque deux semaines, assure le ravitaillement des îles Marquises à partir de Papeete.

Brochure Aranui - Interprétation libre de l'artiste : Impossible de résister !
 
Cela faisait quelques années que nous avions inscrit ce périple dans nos hypothétiques et lointains projets de croisière, pour la fréquence et l'intérêt des escales, la taille du bateau et son ambiance à bord. Alors, un jour, peut-être… Peut-être !

Tout récemment, nous avons su que l'Aranui 3 en était à ses dernières rotations sur la ligne et qu'il serait probablement remplacé en 2015 par un bateau plus grand, plus moderne et sans doute, plus impersonnel. Il nous a semblé dommage à quelques mois près, de ne plus pouvoir goûter au charme un peu rétro d'un bateau ancien, tel que l'Aranui 3.

Notre anniversaire de mariage a précipité la décision. Et, pour une fois, nous avons confié en juillet dernier l'organisation de ce voyage à une agence en relation directe avec l'armateur.

C'est donc une nouvelle croisière qui s'annonce.

 

ARANUI 3

"Le cargo des mers du sud" - C'est ainsi que le définit son armateur.         

 
L'Aranui 3 est un petit cargo mixte fret/passagers qui ravitaille toutes les trois semaines les six principales îles de l'archipel des Marquises.

La survie de ces iles lointaines (1.500 km au nord-est de Tahiti), ne tient qu'aux 14 escales où ce navire décharge nourriture, biens de consommation ou matériaux et rembarque essentiellement le coprah (*) récolté sur les îles pour être transformé à Tahiti.

Il emmène également près de 200 passagers à la découverte des Marquises, grâce à ses multiples escales et aux excursions ou animations intégrées dans le programme de croisière (randonnées, folklore, archéologie, etc…). Et autant ne pas se voiler la face, les touristes qui débarquent à chaque escale de l'Aranui 3 sont aussi les bienvenus pour soutenir l'artisanat ou le commerce local.

Le bateau a été construit en 2002, mesure 117 mètres de longueur et peut naviguer jusqu'à 15 nœuds (28 km/h) en transportant 3.200 tonnes de fret. Naviguant sous pavillon français, il est servi par un équipage essentiellement marquisien.
 

Polynésie Française
Alors, à bientôt pour la suite de nos aventures…

 (*) Chair de la noix de coco séchée au soleil, ultérieurement transformée en huile entrant dans la fabrication de graisses végétales, savons et cosmétiques.