L'archipel des Crozet est
composé de cinq îles volcaniques divisées en deux groupes. Les îles
occidentales (appelées Îles Froides par le navigateur Marion Dufresne) comprennent les
Cochons, les Apôtres et les Pingouins. Les îles orientales comprennent l'île de
l'Est et l'île de la Possession, la plus vaste de l'archipel sur laquelle est
implantée la base scientifique Alfred Faure.
Histoire
L'archipel des Crozet fût
découvert en 1772 par Marc Marion Dufresne. Il fit débarquer sur l'île de la
Possession, le second capitaine de son expédition, Julien Crozet. Celui-ci déposa dans
une bouteille un parchemin au nom du roi Louis XV, actant la prise de
possession des îles par la France. L'archipel sera nommé Îles Crozet quelques
temps plus tard par James Cook, navigateur britannique.
Au XIXème s, les
îles servirent d'abri à quelques phoquiers et baleiniers américains ou de
refuge aux rescapés des nombreux naufrages qui ne manquaient pas de se produire
le long des côtes déchiquetées.
En 1837, la corvette Héroïne de
l'amiral rouennais J.B. Cécille y fait escale pour hisser les couleurs de la
France sur des terres découvertes un demi-siècle plus tôt, mais aussi pour
tracer la première carte sérieuse de l'archipel.
En 1924, la France réitère officiellement
sa souveraineté sur ce territoire, et Crozet devient alors une dépendance de la
colonie française de Madagascar.
Afin de neutraliser les
convoitises australiennes et britanniques sur les îles subantarctiques, les
avisos Bougainville en 1939, puis La
Pérouse en 1949 font escale à Crozet pour confirmer la présence
française lors de cérémonies au drapeau sur l'île de la Possession, où sont
également scellées deux plaques de bronze.
Les
îles Crozet deviennent un district des T.A.A.F. en 1955 et la première mission
scientifique menée par le météorologue Alfred Faure s'établit sur l'île de la
Possession en 1961. La base permanente est progressivement édifiée à partir de
1963.
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Lundi 27 Mars 2017 - 6ème Jour
Il fait encore nuit lorsque le
Marion jette l’ancre en baie du Marin au sud-est de l’île de la Possession. En
réalité le bateau est mouillé au large de la baie à bonne distance des côtes abruptes
de l’île. Ciel nuageux au lever du jour, vent froid, 4°C dans l’air, 6°C dans
l’eau. Sur le pont supérieur, on comprend vite que l’on a changé de zone météo.
C’est glacial, ce qui ne gêne
nullement une multitude de manchots royaux de s’ébattre autour du Marion. Ils
nagent, se croisent ou plongent rapidement dans un ballet totalement improvisé.
Tous proviennent de la manchotière de la baie du Marin où nichent à l’heure
actuelle environ 15 000 individus. A cette époque de l'année beaucoup sont
déjà repartis en mer, sinon la population peut monter jusqu’à 40 000 têtes.
Crozet - Les ébats des manchots
royaux très curieux dans la Baie du Marin
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Une partie de la manchotière de la
Baie du Marin, vue depuis le Marion Dufresne
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Les rotations en hélicoptère
démarrent en tout début de matinée. La première rotation est traditionnellement
réservée au Préfet ou au Secrétaire Général des T.A.A.F. et au débarquement des
sacs de courrier que les résidents attendent avec impatience.
Ensuite les rotations
s’enchaînent à un rythme soutenu. 09h30, c’est au tour des passagers qui en à
peine plus d’une minute de vol rejoignent la base située sur les hauteurs de
l’île. C’est le chef de district lui-même (le DisCro), qui ceint de son écharpe
tricolore accueille les visiteurs dès leur descente de l'hélico.
Crozet - La base Alfred Faure
établie sur les hauteurs de l'île de la Possession
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L'accueil des visiteurs dans la
VieCom par Fluffy, la mascotte de la 54ème Mission,
et qui fera le voyage de
retour avec nous
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Après un café réconfortant au
local de la Viecom (salle à manger, bar et salon de la base), descente à la
Baie du Marin située à 1.5 km en contrebas de la base où se situe la colonie de
manchots royaux.
Le premier contact avec la faune subantarctique est prenant, sur le plan émotionnel certes, mais surtout sur le plan visuel, sonore et olfactif. Environ 15 000 manchots royaux, jeunes et adultes, ça fait du monde ! C'est impressionnant, il y en a partout, qui vont vers la plage ou qui en reviennent en se dandinant maladroitement, qui "chantent" en redressant la tête pour appeler les poussins ; lesquels poussins, largement plus volumineux que les adultes, regroupés en crèches compactes, cherchent et appellent leurs parents en lançant des cris stridents.
Les manchots royaux sont plus petits (90 cm de hauteur en
moyenne) que leurs cousins de l'Antarctique, les manchots empereurs
que le cinéma a rendu très célèbres. Les deux espèces se ressemblent au niveau
du plumage mais les taches orangées autour de la tête ou du cou sont
différentes.
Au cœur de la manchotière,
évoluent également des oiseaux très opportunistes : les skuas, tels de redoutables
rapaces qui foncent sur les poussins les plus faibles et aussi les peu
sympathiques pétrels géants qui finissent consciencieusement le travail. Il y a
également quelques chionis effrontés, autrement appelés becs en fourreau, qui furtivement
picorent tout ce qui est picorable, même les bottes des visiteurs !
Environ 15.000 individus résident
dans la manchotière
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Scènes de la vie ordinaire dans la
manchotière de la Baie du Marin
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Les jeunes à la crèche !
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Les manchots, le Marion Dufresne et
l'île de l'Est
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En bordure de plage, se
prélassent les éléphants de mer, qui sont des phoques de belle taille,
familiers des régions subantarctiques. La plupart ont déjà gagné le grand large
et les grandes profondeurs pour se nourrir. Il reste bon nombre de jeunes à la
Baie du Marin qui se regroupent par famille et somnolent, pendant que de jeunes
mâles s'initient aux durs combats qu'ils devront livrer plus tard pour mériter
leur titre de pacha et dominer un harem. Malgré leur impassibilité
apparente ou leur déplacement lourdaud, ces animaux imposent le recul et la
prudence tant ils peuvent se mouvoir et charger rapidement.
C'est le premier contact avec la
faune subantarctique. Après une heure et demie d'observation attentive, la
cacophonie ininterrompue et la forte odeur d'ammoniac due aux déjections de tous
ces animaux sont véritablement soulantes.
Retour à la Viecom de la base
pour un magnifique déjeuner-buffet partagé avec la totalité des hivernants. On
a bien compris que ceux-ci étaient très heureux du retour du Marion Dufresne et
de ses cales chargées de légumes et de fruits frais et aussi de quelques cubis
de vin rouge qui faisaient défaut depuis longtemps… Le moral s'en est ressenti
immédiatement !
Buffet à la Viecom de la base Alfred
Faure
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Après ce copieux déjeuner, visite
du bâtiment Biomar, regroupant plusieurs petits laboratoires où de jeunes VSC
(Volontaires du Service Civique) nous expliquent le pourquoi du comment de
leur mission à Crozet : étude de la physiologie du manchot, recherche sur
les insectes, recensement de mini gastéropodes, technique de bagage d'oiseaux, pose
de balises sur les albatros avec du matériel électronique fabriqué sur place ou
bien encore relevés sur le magnétisme terrestre et la sismologie. A
la fin de leur mission, tous ces jeunes chercheurs volontaires transmettent le
résultat de leurs observations à différents centres de recherche ou universités
en France.
Le bâtiment Biomar (Biologie Marine
- Laboratoire de recherche et d'observation)
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A l'issue de cette visite, un
jeune ornithologue nous emmène à peu de distance de la base vers le site du Bollard où nichent quelques albatros hurleurs, dont l'envergure peut dépasser
3.50 mètres. Ce sont les rois des mers du Sud. Dommage qu'il y en ait si peu et
qu'ils se tiennent si loin de nous !
Parade d'albatros hurleurs |
Le roi des mers du sud ! (Adulte et poussin au nid) |
17h00, c'est l'heure du retour en
hélico vers le Marion Dufresne. Un bon moyen de dominer et d'admirer le
paysage. Mais il faut avoir le coup d'œil rapide ! L'hélico se pose déjà sur la
plate-forme à l'arrière du pont G, autrement appelée Drop Zone ou DZ, en
langage taafien. L'après-midi s'achève par un nettoyage en règle, à la brosse
et à l'aspirateur, de tous les effets personnels dans la salle de biosécurité.
Qui a dit que l'on peut s'ennuyer
en bateau ?
la journée est bien remplie ;) après ces jours de mer, ça doit faire du bien de mettre pied à terre, surtout dans un tel endroit et avec une telle faune, inhabituelle pour nous.
RépondreSupprimerMême au fin fond des petites îles on mange presque gastro, quel luxe. En plus tous ces manchots sont plutôt mignons, même s'il vaut mieux les avoir en photo qu'en vrais!
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