Samedi 25 Mars 2017 -
4ème Jour
Encore une nuit très calme. Mais ce matin, c'est ciel gris
et plafond bas dès le réveil. Alors, la journée commence doucement, partagée
entre le pont supérieur et la passerelle et aussi l'envoi de quelques mails.
Ceux-ci sont transmis par séquence depuis deux ordinateurs que se
partagent les passagers. Les échanges ne sont donc pas instantanés mais
toujours décalés dans le temps.
09h30, conférence sur la biosécurité par un des responsables
de la Réserve Naturelle des T.A.A.F. Il s’agit de la procédure à mettre en
œuvre par les visiteurs et les résidents pour éviter l’introduction et la
prolifération de graines, insectes, parasites et micro-organismes étrangers aux
territoires. Même si les îles ont été contaminées depuis longtemps, ce sujet
est quasi obsessionnel ici afin que le phénomène ne s’aggrave pas davantage.
Ainsi, avant tout nouveau débarquement à terre chacun doit
donc se rendre dans la salle biosécurité pour laver méticuleusement chaussures
et bottes et aspirer consciencieusement les coutures des sacs à dos, le fond des poches, les
fermetures velcro ou les ourlets de pantalons, pour faire disparaitre tout ce
qui s’y trouve. On ne rigole pas avec ce sujet ultra sensible, au point de
devoir émarger sur une liste à la fin de chaque nettoyage.
Coursive tribord |
L'étrave du Marion |
Sous les grues jumelées à l'avant du bateau |
Le soleil est réapparu à la fin de ce cérémonial, justifiant
ainsi une longue excursion sur le pont arrière, le pont supérieur et la
coursive tribord jusqu’à l’étrave du Marion et assister à l’évènement du
jour : l’apparition du premier grand albatros, signe annonciateur du grand
sud.
A la passerelle en début de nuit. Il y fait très sombre, la
salle est juste éclairée par les écrans et les témoins lumineux. Sur les
radars, on voit passer les grains de pluie sur l’avant du bateau. Quelques
éclairs déchirent la nuit. Discussion avec le lieutenant de quart. Il était
lieutenant machine, sur le Fort Sainte-Marie lors du voyage suivant le mien
vers les Antilles fin 2012. La mer n’est pas si grande !
Dimanche 26 Avril
2017 - 5ème Jour
02h00, le Marion Dufresne franchit le 40ème
parallèle sud, porte d’entrée des zones de mauvais temps. Dans la couchette, on
sent bien que la mer a dû forcir. Au lever, la mer est très agitée, l’horizon
bouché et le ciel bien gris. Le Marion tangue. La température extérieure chute
à 11°C. C’en est donc fini des Tropiques !
Repli vers la passerelle. Le spectacle est sur l’avant du
bateau. Les vagues se brisent sur l’étrave et, emportés par le vent, les
embruns se vaporisent en grosses gerbes qui recouvrent le pont avant. De très
agitée, la mer devient forte, avec des creux d’environ quatre mètres que le
bateau franchit plutôt confortablement. Ça bouge, mais finalement ce n’est pas
si dur. Le Marion est un bon bateau !
Changement de temps à la veille d'arriver à Crozet |
12h15, Mme le Secrétaire Général nous fait l’honneur de déjeuner
à notre table et anime une large discussion sur des sujets à priori très
ouverts. Mais nous a-t-elle vraiment tout dit ? C’est dimanche, le cuisinier a
concocté un excellent filet de kudu (antilope sud-africaine) et le pâtissier,
un succulent framboisier. On ne meurt pas de faim à bord.
Nous sommes à la veille de débarquer à Crozet, et en milieu
d’après-midi a lieu la traditionnelle séance de tamponnage des plis postaux.
Réunis dans la grande salle servant de PC scientifique, tous les passagers sont
mis à contribution pour cette cérémonie à laquelle se plient également Mme le
Secrétaire Général et le Commandant. C’est une tâche très sérieuse, pourtant effectuée
dans une ambiance détendue.
Tamponnage des plis postaux au P.C. sciences |
Les philatélistes et autres marcophiles vont être très
contents, les enveloppes sont couvertes de jolis tampons. A la file, chacun
appose les griffes et cachets officiels dont tout courrier posté en mer doit
être revêtu. Les différents taafiens embarqués à bord disposent également de
tampons plus officieux avec des graphiques poétiques ou humoristiques qui
reflètent leur fonction ou leur personnalité.
Fin d’après-midi, la mer se creuse davantage. A l’arrière,
on se rend bien compte du tangage mais le bateau passe bien, sans chocs. Même
sans stabilisateurs, le Marion reste confortable à la mer. Pourtant, malgré les apparences, il semble que les 40èmes ne
soient pas aujourd'hui à la hauteur de leur réputation. Le Commandant finira même
par avouer qu'il a rarement vécu une journée aussi… tranquille la veille
d'arriver à Crozet.
Dans les 40èmes |
Après cinq jours ininterrompus de navigation et 1.550 milles
nautiques (2.860 km) parcourus vers le sud, le Marion Dufresne arrivera demain
matin à l’île de la Possession, dans l’archipel de Crozet…
changement d'ambiance à l'extérieur... tant mieux si le Marion Dufresne est un bon navire ! tu vas faire des jaloux parmi les marcophiles ;)
RépondreSupprimerPassionnantes ces premières impressions! Je vois que même en mer il n'y a pas le temps de s'ennuyer. Avez-vous des contacts avec les scientifiques?
RépondreSupprimerTrès belles photos et on imagine en les découvrant l'ambiance générale. Sûrement trop de tangage pour moi !!😉
RépondreSupprimerLes tampons sont magnifiques, il nous tarde de recevoir un de ces jours une enveloppe tamponnée !