22 Mai 2013
Ces courses régulièrement organisées par la Sail Training Association ont pour but de favoriser la découverte et l'apprentissage des choses de la mer à une majorité de jeunes marins, les cadets (trainies, in english) : goût de l'effort collectif, de l'initiative, la responsabilité, l'amitié, et la découverte d'autres ports, d'autres pays, d'autres marins, etc… En 1976, ces valeurs étaient encore d'actualité…
Ces courses régulièrement organisées par la Sail Training Association ont pour but de favoriser la découverte et l'apprentissage des choses de la mer à une majorité de jeunes marins, les cadets (trainies, in english) : goût de l'effort collectif, de l'initiative, la responsabilité, l'amitié, et la découverte d'autres ports, d'autres pays, d'autres marins, etc… En 1976, ces valeurs étaient encore d'actualité…
Pour ce faire, sur les étapes les
plus courtes, des échanges d'équipage sont organisées, les cadets des plus gros
bateaux passant sur les plus petits et inversement. Et en 1976, cela aura lieu
à l'issue de la première étape durant trois jours, lors d'une navigation aller
et retour entre Santa Cruz et Los Cristianos, station balnéaire tout au sud de
l'île de Tenerife.
Je me suis évidemment porté volontaire
pour découvrir et expérimenter un voilier plus gros. Et j'ai été
particulièrement bien servi : je dois embarquer sur Tovaritch ! Tovaritch, un
trois-mâts, je n'aurais osé rêver mieux
!
Au moment d'accéder à bord de ce magnifique voilier soviétique, l'âge avancé du "trainie" que je suis suscite beaucoup de méfiance de la part de l'officier russe qui contrôle et recontrôle sa liste d'équipage et ne sais plus que faire en m'examinant d'un œil torve. Finalement, j'embarque avec d'autres jeunes cadets polonais, allemands, britanniques ou espagnols qui, le bateau à peine sorti du port, veulent en découdre avec les échelles de mâts, les vergues et les lourdes voiles. J'ai déjà passé l'âge de ces acrobaties et je me poste tranquillement sur la passerelle extérieure pour prendre des photos en dominant le pont où tous ces jeunes s'activent avec enthousiasme.
Mai 1976 - A bord de Tovaritch entre Santa Cruz et Los Cristianos - Île de Tenerife (Canaries) - (Diapositive) |
Progressivement, à force de bras et
de cris, toutes les voiles sont hissées et le bateau file vent portant dans le
canal entre Tenerife et la Grande Canarie. Entre les îles, cela souffle fort et
la mer est bien formée. D'autres bateaux naviguent de conserve avec Tovaritch.
Kruzenshtern est déjà loin devant rapidement porté par toutes ses voiles. C'est
beauôôôôhhh ! Sagres II, le trois-mâts portugais, sister-ship de Tovaritch,
tout dessus, nous dépasse lentement puis s'éloigne sous le vent. J'en prends
plein les yeux ; tout en puissance, ces grands voiliers chevauchant la mer sont
une véritable incitation au départ, au voyage. Le rêve fait deux ans plus tôt à
Saint-Malo s'est concrétisé !
Kruzenshtern, tout dessus file vers Los Cristianos - (Diapositive) |
Sagres II (Portugal), a rejoint la flotte à Tenerife - (Diapositive) |
Sagres II, sister-ship de Tovaritch - (Diapositive) |
Sagres II, cap au Sud. - (Diapositive) C'est l'image qui figure en titre de ce blog. Une belle incitation à faire son sac... |
Pendant que les cadets glissent sur
les vergues, je m'octroie un petit quart de barre. Une belle grande barre à
roue, très démultipliée. Je ne suis plus spectateur, je suis acteur, je barre
Tovaritch, c'est moi qui le mène ! … (un peu tendu, malgré tout). Mais,
satisfaction !
À la barre de Tovaritch, sous l'œil critique du timonier russe - (Diapositive) |
Le lendemain matin, départ de Los
Cristianos. Du pont de Tovaritch, je surplombe Glénan qui parait bien frèle.
Départ très calme sous le vent de Tenerife, mais arrivé au débouché du canal
entre les deux îles, le vent souffle toujours aussi fort que la veille, ce qui
n'est pas du goût des grands voiliers bien incapables de remonter efficacement
contre le vent. Même aidé du moteur, il faudra plus d'une journée et demie à
Tovaritch pour rejoindre Santa Cruz.
A Los Cristianos, Glénan vu du pont de Tovaritch - (Diapositive) |
Je garde un sacré souvenir de cette
course entre l'Angleterre et les Canaries et de ces journées passées à bord du
trois-mâts soviétique. J'en ai ramené un nombre conséquent de diapositives que
j'ai présentées à mon entourage sous forme de diaporama, des images
inhabituelles pour l'époque provoquant l'étonnement des spectateurs qui
ignoraient tout de cet aspect de la marine et de la voile.
C'était treize ans avant "Les
Voiles de la Liberté", la première Armada rouennaise !
Tovaritch - Carte postale éditée par le photographe Beken of Cowes |
J'ai été très intéressée par la lecture des différents épisodes de ce rêve réalisé! Surtout qu'en effet à l'époque ces grands voiliers avaient bien moins "la cote" qu'aujourd'hui. Je suis personnellement plus attirée par Glénan que par ces grands voiliers, mais j'imagine très bien l'émotion de les découvrir à quai, puis de loin sur l'eau, puis de plus en plus près, et enfin de monter à bord, ça doit être une sacrée expérience.
RépondreSupprimerMerci du partage de ces émotions et de ces photos!