Pas de décalage horaire cette nuit. En début de
matinée, au milieu de l'Atlantique, nous croisons sans le voir le CMA CGM Fort
Saint-Louis qui fait la route inverse, à 37 milles sur notre bâbord,
c'est-à-dire tout près de nous, à l'échelle de l'océan.
Les rencontres avec d'autres bateaux sont des
évènements plutôt rares tant la mer est immense et les routes différentes. Et
comme par hasard, le second bateau rencontré dans la journée suit une route de
collision obligeant à changer le cap jusqu'à ce que le danger soit écarté.
L'alidade associée au compas gyroscopique |
Le lieutenant navigation et le timonier de quart
assurent une veille visuelle permanente jour et nuit, ce qui est un facteur de
sécurité. Ils sont aidés par les radars et AIS qui le cas échéant, indiquent à quelle
distance et dans quel laps de temps aura lieu la collision éventuelle avec l'autre bateau si personne ne bouge. A eux d'agir au bon moment pour que cela ne se produise pas.
Deux fois par jour, dans le cadre d'un partenariat
entre la compagnie et Météo France, un des membres d'équipage gonfle à l'hélium
un ballon muni d'une sonde météorologique. Un fois lâché le ballon grimpe dans
la stratosphère et explose vers 30.000 mètres d'altitude. Pendant son ascension
puis sa chute, la sonde enregistre la température, la pression atmosphérique,
le taux d'humidité, la vitesse et la direction du vent, etc. Ces informations
sont retransmises à bord en continu et aussitôt réexpédiées à Evelyne Dhéliat ou
Nathalie Rihouet pour que vous ayez des informations météo fiables à la télé.
Il en est ainsi sur les quatre bateaux de la ligne.
11 h 40, l'attraction du jour se dévoile
progressivement. Tout au bout de l'horizon, sur notre avant tribord, on devine
en filigrane à quarante milles, les silhouettes de Corvo et Flores, deux îles
très isolées au nord-ouest de l'archipel des Açores. Lentement, leur contour se
précise, abrupt pour Corvo et en pente plus douce pour Flores.
13 h 00, nous passons à 10 milles, au plus près de
Flores, couverte de prairies verdoyantes. On arrive à deviner les constructions
blanches de sa capitale, Santa Cruz. La proximité de la terre permet de
téléphoner en direct à Nelly et la communication est parfaitement claire.
Silhouette de l'île de Flores |
16 h 15, exercice incendie obligatoire. Une
sonnerie stridente met tout le bateau en alerte. Tous les passagers doivent se
rassembler aussitôt à la passerelle. Le feu s'est déclaré dans un conteneur
dans la cale à l'avant du bateau. Les échanges par talkies-walkies fusent. Bien
sûr, l'exercice est émaillé de contretemps pour mettre les équipes de sécurité
en situation. Finalement, le feu virtuel est éteint et tout est rentré dans
l'ordre.
L'incendie est ce qui est le plus redouté à
bord de tous les bateaux. Pourtant, ce n'est jamais l'eau qui manque autour !
La propagation du feu peut être extrêmement rapide et la chaleur peut provoquer des
réactions en chaîne immaîtrisables. D'autant que le bateau transporte aussi de multiples
matières chimiques dangereuses qui ne réagissent pas bien ensemble. Vous
n'imaginez pas tous les risques que je prends durant ce voyage. Il suffit juste
d'une fois. Et ces exercices périodiques sont faits pour éviter le pire.
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