Normalement, l'escale de Saint-Nazaire ne dure que
quelques heures. Mais le vent et les rafales étaient si violents hier soir que
le déchargement des conteneurs n'a pas pu commencer immédiatement. La
manutention n'a repris qu'à 02 h 00 cette nuit, et s'est vite arrêtée. Les
portiques se sont déplacés vers le CMA CGM Fort Saint-Georges (revenant des
Antilles), dont le débarquement des conteneurs de bananes est prioritaire sur
le nôtre. En début de matinée, on ignore encore l'heure de note appareillage,
mais en tous cas, pas avant 14 h 00.
Ce contretemps me permet de filer en ville à la
recherche d'un spot Wi-Fi pour mettre le blog à jour et vous donner des
nouvelles fraîches. Le taxi me dépose à l'hôtel Holiday Inn où je peux mettre
en ligne le récit du trajet du Havre à Saint-Nazaire.
Je suis ainsi attablé devant un expresso face au mur de
béton gris de l'ancienne base sous-marine allemande. Une solide construction
kolossale comme savaient le faire les architectes spécialisés de l'époque… Ca
barre tout l'horizon. La toiture de cet abri a été récemment aménagée en lieu
de promenade, un belvédère surplombe le bassin à flot. A l'opposé de ce bassin, on voit encore une écluse fortifiée (toujours dans
le style de l'époque), qui permettait aux sous-marins allemands de gagner la pleine mer à
l'abri des regards indiscrets.
Le bassin de Saint-Nazaire, l'écluse fortifiée, un paquebot en cours d'achèvement aux chantiers navals |
Ne voulant pas rater l'embarquement, je ne
m'attarde pas trop, faisant juste un bref crochet vers la plage située au bout
de la rue principale de la ville, avant de reprendre le taxi qui me ramène à
bord en fin de matinée. Encore sur le quai, le second capitaine m'informe que
le départ n'aura pas lieu avant demain 14 h 00. Grrrr !!! J'aurais pu prendre
plus de temps à terre !
Aujourd'hui dimanche, l'ordinaire est amélioré :
viennoiserie au petit-déjeuner, pâté de poisson et tranche de saumon, magret de
canard, pommes dauphines, tartelette aux fruits pour le déjeuner, melon et
jambon de Bayonne, filet de Saint-Pierre, purée, fruits pour le dîner ; le
cuistot s'est surpassé.
Comme il n'y a pas de manutention le dimanche
après-midi, le rythme à bord est bien calme. Le lieutenant chargé de la
sécurité en profite pour expliquer aux passagers la procédure d'abandon du
navire en cas d'avarie grave. Il nous fait également la démonstration de la
mise en œuvre de la combinaison de survie qui se trouve dans chaque cabine.
Pour le cas où…
Il y a eu beaucoup de changement de personnel aux
escales du Havre et de Saint-Nazaire. Il faut se familiariser avec de nouvelles
têtes et mémoriser de nouveau le rôle de chacun. En dehors du second capitaine
et de mon ami le lieutenant roumain, je ne reconnais plus personne. Nouveau
commandant, nouveau chef-mécanicien, nouveaux lieutenants français, nouveau
cuisinier, etc…
Même côté passagers, il y a eu du mouvement. Au
complet depuis hier soir, nous sommes cinq passagers/ères à faire la grande
traversée. La dame qui s'occupe des chevaux et vachettes vient du Limousin,
elle a embarqué à Rouen et ne fait pas qu'un voyage d'agrément. Deux amis qui
résident à Grenoble sont montés au Havre. Une passagère belge est arrivée hier
à Saint-Nazaire. Embarqué à Dunkerque, je suis le vétéran du bord, dans tous
les sens du terme.
Vue panoramique vers l'amont de la Loire : Montoir et Donges |
Il y a également avec nous trois techniciens
motoristes d'une entreprise extérieure qui œuvrent à l'entretien périodique et obligatoire d'un
des quatre groupes électrogènes alimentant les reefers (conteneurs réfrigérés).
Ils travaillent toute la journée à fond de cale dans le bruit des autres
machines. On ne les voit jamais, sauf au dîner. Ils reprendront l'avion vers un
autre bateau dès l'arrivée en Guadeloupe sans avoir jamais vu le grand large.
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