Il n'y a pas eu de changement de l'heure du bord à
minuit. Et ce matin, le jour n'en finit pas de se lever. En réalité, c'est la
pleine lune qui éclaire la cabine.
Lever à 07 h 00 et montée immédiate à la passerelle.
Il fait encore bien nuit et la lune tombante se reflète largement sur la mer.
Il y a quelque chose de différent ce matin, un changement imperceptible dans
l'air du temps, une douceur relative de la température, une humidité plus
palpable, des nuages plus légers et quand le jour finit de se lever, une autre
densité dans la couleur de la mer. Le vent a repris de la force mais sa
direction a changé aussi, passant au sud-est, trois-quarts arrière du bateau.
Coursive exérieure |
La température de la mer augmente régulièrement,
21.8 °C ce matin, et depuis l'une des coursives extérieures j'ai aperçu les
premières sargasses, ces algues qui naissent dans la mer du même nom, bien au
large de la Floride, et qui se baladent dans l'Atlantique au gré des courants. Autant de signes
ténus, nous indiquant que nous changeons de zone climatique et que l'hiver… est
bientôt derrière nous.
Je suis maintenant bien dans le rythme de ce voyage
au long cours. Les notions de jours et de distances s'estompent
progressivement. Le temps se dilue à mesure que le bateau progresse. Je ne sais
déjà plus trop quand j'ai quitté Saint-Nazaire, ni combien de milles il reste à
parcourir pour rallier Pointe à Pitre. Je ne me pose même pas la question.
Est-ce si important de le savoir ?
Le poste de manoeuvre arrière occupe toute la largeur du bateau |
Chaque jour à bord, il n'y a que les repas qui
soient les points obligés auxquels les passagers se retrouvent pour échanger.
En dehors de cela, aucune règle, aucune contrainte horaire, et chacun dispose
de lui-même selon ses goûts et ses envies du moment : broderie, lecture, visionnage de
DVD, randonnée sur les coursives extérieures, ascension des escaliers,
information auprès de l'équipage, sieste, etc, etc… Que sais-je encore ? Une seule occupation : l'auto gestion !
Mon rythme à moi : après le p'tit dej, je vais à la
passerelle pour vérifier s'il y a toujours de l'eau dans la mer et discuter de
la situation avec le lieutenant roumain, puis un tour sur le pont du bateau,
(430 mètres de parcours du combattant tant les obstacles fonctionnels sont
nombreux et cinq étages à pied, bien qu'il y ait un ascenseur). Retour en
cabine pour la tenue à jour de ce blog et des notes sur le déroulement du
voyage. De nouveau à la passerelle avant le déjeuner, et sieste après celui-ci
pour… récupérer.
L'après-midi se déroule à peu près au même rythme
avec des passages plus fréquents à la passerelle pour regarder l'horizon
pourtant vide, observer l'évolution des conditions météo, me pencher sur la
table à cartes ou les instruments de navigation.
Après le dîner, long moment de méditation dans
l'obscurité de la passerelle avant d'entamer une discussion philosophique avec
le lieutenant roumain, puis descente en cabine pour taper quelques lignes sur
le blog que j'ai bien du mal à tenir à jour. Ensuite, transfert des photos et
vidéos prises dans la journée.
Eh bien, malgré que certaines durent vingt-cinq
heures, à cette cadence, il me semble que chaque journée est trop courte.
Et pendant ce temps le Fort Sainte-Marie,
imperturbable, seul au milieu de l'Atlantique, taille sa route : 460 milles
régulièrement parcourus chaque jour (852 km).
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