Encore une heure de décalage des montres cette
nuit. Nous sommes maintenant en TU-1. La mer s'est calmée, la fin de nuit a été
si paisible qu'un des passagers se croyait (encore ou déjà) à quai. Il est vrai
que nous sommes loin des conditions d'inconfort d'il y a deux jours tant la mer
s'est apaisée.
Ce matin, le second capitaine organise une visite
guidée à notre attention. C'est lui qui est en charge de la gestion de la
cargaison et nous explique que les conteneurs sont repérés en X, Y et Z (par
travée, rangée et étage) par des numéros que l'on retrouve gravés sur les
cloisons des cales. C'est grâce à ces X, Y et Z que les portiqueurs chargent la
bonne boîte au bon endroit.
Le plan de chargement est établi préalablement par
l'armateur mais c'est le second capitaine qui finalise le positionnement des
conteneurs en fonction des contraintes mécaniques que la cargaison fait subir
au bateau, en fonction des boîtes contenant des matières dangereuses, des reefers,
du port de débarquement, etc..
Par informatique, les conteneurs sont également
repérés par des codes de couleur selon les ports de provenance ou de
destination, les matières dangereuses qui ne peuvent pas cohabiter ensemble,
les branchements aux prises électriques pour les reefers. De puissants
logiciels optimisent le remplissage des ballasts équilibrant l'assiette du
bateau lors du chargement ou déchargement.
Aux escales, le second capitaine a aussi un gros
travail administratif à exécuter avec l'armateur, la douane, les autorités
portuaires, les sociétés de manutention avant que le bateau ne puisse larguer
les amarres.
Il nous emmène ensuite dans le cœur du bateau, un
dédale de coursives étroites ponctuées de portes étanches qu'il faut enjamber.
Des files de câbles ou de tubes courent sur les cloisons ou aux plafonds. Nous
sommes dans la cale, assourdis par le grincement des conteneurs frottant les
uns contre les autres, le puissant ronflement des appareils de ventilation qui
tournent à plein régime, (dans la cale, il faut aussi refroidir le système de
réfrigération des reefers… !). Le niveau sonore élevé nous plonge dans une
ambiance industrielle.
Nous progressons vers l'avant passant d'une rangée
de conteneurs à l'autre et arrivons vers l'étrave dans un large espace occupé
par des gros tubes en diagonale où passent les chaînes d'ancre. C'est un vaste
local servant à stocker tout le matériel dont le bosco a besoin, amarres, câbles,
caisses de matériel de rechange, consommables, etc… Sur un tas d'aussières en
vrac, un cercueil est négligemment posé… Au cas où !
Poste de manoeuvre avant |
Nous repassons à l'extérieur et montons au poste de
manœuvre avant. Le seul endroit calme du bateau où l'on n'entend plus que le
bruit du vent et le chuintement du bulbe d'étrave fendant obstinément la mer.
En navigation, l'endroit est donc plutôt paisible. Au port, d'énormes treuils
servent à raidir les aussières et moins utilisés, deux autres cabestans
permettent de remonter les ancres au moyen de chaînes largement calibrées.
Quelques maillons de la chaîne d'ancre |
Nous terminons la visite par le local incendie au
pied du château et de l'hôpital… On n'a pas trouvé l'infirmière !
Avant le dîner, le commandant nous fait l'honneur
du salon des officiers pour un pot d'accueil des plus sympathiques où chacun
peut mieux se connaître en discutant un verre à la main avec le
chef-mécanicien, et deux jeunes lieutenants. Toutes les meilleures traditions
de la Marine ne sont pas encore perdues.
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