00 h 00, encore un décalage de la montre du bord, règlée à TU-2, trois heures de différence avec la
France.
Un gros grain ce matin au réveil et une épaisse
couche de nuages gris barre l'horizon. L'air s'adoucit progressivement, il fait
21°C et il devient agréable de rester sur les ailerons de passerelle pour
contempler tranquillement le paysage.
Nous sommes trois passagers à avoir demandé à
visiter la salle des machines. Munis de bouchons d'oreilles, nous sommes pris en
charge par un lieutenant pour descendre dans les tréfonds du Fort
Sainte-Marie. Ca commence fort, car
nous pénétrons d'emblée dans une immense salle où le bruit et la chaleur nous
assaillent déjà. Face à nous, l'énorme moteur principal de 8 cylindres assure la
propulsion du bateau dans un boucan d'enfer. Nous sommes dans les entrailles du
Léviathan, nous évoluons dans la démesure.
Le moteur principal, un monstre gourmand en carburant |
En dehors du moteur principal, il faut également
gérer 4 énormes groupes électrogènes spécialement dédiés aux reefers qui
consomment beaucoup d'électricité au retour des Antilles, des groupes pour
ventiler l'atmosphère, climatiser l'air, dessaliniser l'eau de mer, produire du
chaud, du froid, de la vapeur, etc, etc…
Deux pistons en cours de maintenance. Tout le reste est à l'avenant. |
Les bruits de tous ces appareils s'ajoutent, se
mélangent les uns aux autres. Toute cette mécanique dégage beaucoup de chaleur
en tournant et rend l'atmosphère de cette salle étrangement pesante.
Après avoir bien transpiré à fond de cale, le retour
à l'extérieur est un soulagement. C'est la première fois où la température est très douce
et agréablement supportable. Je suis monté à plusieurs reprises à la
passerelle, dont un long moment sur l'aileron bâbord en fin d'après-midi à
discuter avec les deux autres passagers et le commandant qui n'est pas avare
d'informations sur la marine marchande. Très intéressant à écouter. Le soleil
s'est couché dans les nuages en produisant des effets orangés presque
dramatiques.
19 h 00, soirée barbecue autour de la piscine. Là,
il faut oublier tous les clichés que la série TV "La croisière
s'amuse" à instillé dans l'inconscient candide et crédule des téléphages… La piscine
est un trou de 4x4 m en tôle peinte en bleu foncé, située au pied d'une
grue et à proximité d'une rangée de conteneurs. Et pas de fauteuils transat
moelleux pour siroter nonchalamment un cocktail sirupeux servi par un steward
empressé. Il faut oublier tout ça !
Pour le barbecue : apéritif, gambas, merguez, bœuf,
cuisses de poulet à griller soi-même au-dessus d'un demi-bidon de 200 litres
rempli de braise. De quoi être rôti bien avant la viande… Nous avons partagé
ce repas avec tout l'équipage, officiers et matelots roumains, assis sur des
bancs en bois, face aux tables recouvertes de nappes en papier. Là encore, pas
de sophistication dans le service. Cela n'a pas empêché de vivre un agréable
moment de convivialité à se raconter histoires et anecdotes.
Et après le barbecue, pas de soirée romantique
accoudé au bastingage du pont-promenade sous le clair de lune… Il n'y a tout simplement pas
d'endroit équivalent pour cela à bord !
Plus sérieusement, comme chaque soir, je suis monté
à la passerelle. Pas de vent sur l'aileron, l'air y était vraiment agréable, j'y
suis resté un bon moment… à discuter avec le lieutenant roumain. Le porte-conteneurs,
ce n'est pas "La croisière s'amuse" !
Pas non plus de cours d'aqua gym sur ce navire, avec un beau moniteur bronzé aux dents bien blanches, ... que c'est triste.
RépondreSupprimerY-a-t-il des soirées organisées, disco, années 80 ... ?
Bon et où est l'extincteur? Près du barbecue j'espère. Question de sécurité!!
une havraise quelconque