Après bien des controverses, les
spécialistes s'accordent maintenant à dire que le peuplement de l'Océanie s'est
fait à partir de 1.200 av. J.C. depuis l'Asie du Sud-Est par vagues étalées sur
plusieurs siècles. Il fallait que ces migrants soient de sacrés marins pour
partir à l'aventure sur de grandes pirogues (avec familles complètes, animaux,
plantes, etc…), et naviguer à l'intuition sur de longues distances pour conquérir
l'immense Pacifique sans certitude de trouver un point de chute.
Une fois installées, ces populations ont
vécu tranquillement en autarcie durant plusieurs siècles. La Polynésie est restée
bien à l'écart des routes maritimes sillonnées par les grands découvreurs du
XVIème siècle. Magellan a bien aperçu un atoll des Tuamotu en 1521
mais n'y a pas débarqué. Les Marquises ne sont découvertes qu'en 1595.
Bien plus tard dans le sillage des
grandes expéditions scientifiques du Siècle des Lumières, l'Anglais Wallis
découvre Tahiti en 1767, suivi par le Français Bougainville en 1768. Celui-ci
est immédiatement tombé sous le charme de Tahiti à cause de la beauté des
paysages, la douceur du climat et (paraît-il) le sens de l'accueil des belles Tahitiennes…
La lointaine Europe découvre le mythe inaltérable du paradis polynésien !
Dès lors, le destin des habitants va
basculer. Le paradis va attirer chasseurs de baleines, forestiers exploitant le
bois de santal, marchands, etc… Les forbans de tout poil vont interférer dans
les rivalités tribales en distribuant armes à feu, alcool et diverses maladies
contre lesquelles les Polynésiens n'étaient pas immunisés.
Par ailleurs, le fait que des mécréants
aient pu découvrir le paradis terrestre a fortement contrarié les instances
religieuses européennes qui s'empressent d'envoyer des missions en Polynésie
pour remettre les populations dans le droit chemin. Les premiers arrivés en
1797 sont des pasteurs plus ou moins anglicans, plutôt rigoristes qui, en
voulant prêcher la bonne parole, vont mettre en pièces toutes les croyances et tous
les repères culturels de la société polynésienne ainsi que les fondements
hiérarchiques traditionnels organisés autour du clan et de la famille.
Sur
les traces des protestants, les missionnaires catholiques
français se joignent à la curée… S'en suivent querelles intestines et guerres
de religion durant plusieurs années.
Même si les autochtones ne se laissent
pas faire facilement, les religieux finissent par avoir le dernier mot en soutenant
l'autorité d'une dynastie royale de circonstance et en instaurant un code
missionnaire qui entraine la disparition irrémédiable de toutes les pratiques ancestrales
(transmission orale, habillement, danse, chant, tatouage, sculpture), qui sont vigoureusement
bannies. En quelques décennies, il ne reste plus rien de l'originalité
polynésienne.
Anglais protestants et français
catholiques se livrent à des luttes politico-religieuses auprès de la dynastie
régnante. Après bien des revirements, la reine Pomaré IV accepte le protectorat
français sur Tahiti. Sans doute à cause du peu d'intérêt commercial et
stratégique de la région, les Britanniques résistent mollement et le
protectorat français est ratifié en 1842. Peu à peu, la dynastie Pomaré abandonne
ses prérogatives à la France qui annexera progressivement les îles avoisinantes.
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