MARDI 25 AOÛT 2015 - Jour 2 - De KANGERLUSSUAQ à SISIMIUT - (Groenland)
Aussitôt embarqués, nous
prenons possession de la cabine 314 (pont 3 à bâbord), une vaste cabine
sobrement décorée et bien équipée, prolongée par un petit balcon.
Les bagages sont
acheminés plus tard au moyen d'une barge. Dès la dernière valise chargée à bord,
le Soléal appareille de Kangerlussuaq à 02h00 du matin. Kangerlussuaq est
située à l'extrémité d'un fjord rectiligne de 170 km de longueur. Le début de
la navigation est donc des plus tranquilles, sans le moindre remous et c'est
sans difficultés que nous nous endormons aussitôt l'appareillage.
04h15, sans nous en
rendre compte nous franchissons le Cercle Polaire (66°33' Nord), alors que le
Soléal fait route vers le sud-ouest. Une fois de plus, nous y sommes habitués
maintenant. C'est la 5ème fois que nous passons cette ligne fictive
en bateau, et ce n'est pas fini !
Mais à 05h00, il fait déjà
clair dans la cabine. L'horloge interne n'est pas encore réglée sur l'heure
locale (4 heures à compenser), et depuis le lit en ouvrant le premier œil, je
vois la haute rive du fjord défiler à travers la large fenêtre (sur ce bateau,
il n'est plus question ni de couchette ni de hublot !).
La vision d'une langue
de glace s'écoulant vers le fjord m'oblige à sortir du lit et à grimper immédiatement
sur la terrasse d'observation du pont 6. Au petit jour, quelques passagers sont
déjà présents pour admirer le paysage qui défile lentement.
Les premières lueurs dans l'axe du fjord, vers le nord-est |
Le Soléal glisse
silencieusement sur l'eau calme entre les berges imposantes. Vers l'amont le
jour se lève doucement et le ciel s'embrase progressivement. L'aurore s'éternise,
vers l'aval le ciel se teinte de légères taches rose pâle. Encore une fois, je
ne regrette pas d'être aussi matinal.
Fjord de Kangerlussuaq Ponant axe sa communication sur "l'art de vivre et le raffinement à la française", nous ne l'avions pas compris comme cela ! |
Une autre langue
glaciaire s'écoule dans une vallée perpendiculaire au fjord et avec le soleil
qui monte doucement, les sommets environnants commencent à s'éclairer. Eh bien voilà
un voyage qui démarre sous les meilleurs auspices.
Fjord de Kangerlussuaq, vers l'aval |
Ce lever matinal me
permet ensuite de partir à la découverte des lieux stratégiques du Soléal en
attendant l'heure du petit-déjeuner.
08h00, le bateau arrive
à l'extrémité du fjord. A droite toute ! Cap plein nord pour longer la côte du
Groenland. Les conditions de navigation évoluent. Le ciel est clair, une belle
lumière rasante d'hiver éclaire une mer très agitée que l'étrave disperse en
larges gerbes d'écume. Avec le fort vent de face, le froid mordant rend les
ponts extérieurs intenables et je me replie vers la passerelle.
09h30, exercice
d'abandon du navire. Au signal convenu, tous les passagers doivent se rendre
équipés de leur gilet de sauvetage au théâtre, à l'arrière du pont 4. Drôle
d'endroit pour évacuer un navire ! Les passagers sont identifiés par cabine,
canalisés puis recomptés par rangées dans le théâtre.
Nous ne sommes pourtant
pas là pour imaginer que le pire puisse arriver ! C'est un exercice, cela se
déroule efficacement et dans le calme. Un membre d'équipage explique à
l'auditoire les instructions et la conduite à tenir au cas où. Mais à regrouper
ainsi tout le monde dans un même lieu, je me demande tout de même ce qui se
passerait s'il fallait évacuer rapidement la salle. A la toute fin de l'exposé,
abracadabra : deux grandes portes latérales à l'arrière du théâtre s'ouvrent
directement sur le pont des chaloupes de sauvetage que les passagers rejoignent
rangée par rangée. Astucieux ! La procédure est simple mais, pour une fois, je crois qu'il
vaut mieux être au fond de la salle plutôt qu'au premier rang.
Juste à la fin de
l'exercice, en route vers le nord, le Commandant nous informe que nous
repassons à nouveau le Cercle Polaire. Cette fois-ci, bienvenue en Arctique !
11h30, je retourne à la
passerelle du Soléal située tout à l'avant du pont 5. C'est bourré d'écrans et
d'électronique. Un lieutenant et un élève-officier sont de quart ainsi qu'un
matelot philippin qui est à la veille derrière ses jumelles. Je reste en
retrait en attendant des moments plus calmes. Le Soléal est en effet en vue de
Sisimiut, la première escale de ce périple.
Arrivée à Sisimiut |
Vue du large, Sisimiut
a un faux air des îles Lofoten avec ses montagnes en arrière-plan et ses
habitations colorées étagées sur de petites collines. C'est la seconde ville du
Groenland (5.500 hab), vivant essentiellement de la pêche à la crevette ou au
flétan, car les eaux environnantes sont toujours libres de glaces. C'est un
port si important qu'il y a même un quai où le Soléal peut accoster. Ce sera la
seule et unique fois de toute la croisière.
Sisimiut |
Du fait de notre départ
tardif dans la nuit, l'escale est quelque peu raccourcie. Cela nous laisse
néanmoins le temps de parcourir le village fait de petites maisons multicolores
en bois souvent construites sur des monticules rocheux et vers lesquelles on
accède par de grands escaliers en bois. Si les maisons semblent bien
entretenues, leurs abords sont laissés à l'abandon, ce qui gâche un peu le
décor. On comprendra plus tard que les Inuits ont toujours vécu avec rien et
qu'ils gardent tout et stockent tout à l'extérieur de leur habitation. S'en
suit un désordre indescriptible de carcasses de motos-neige ou de bateaux, de
réfrigérateurs, bois, plastique, bidons, etc, etc… qui seront peut-être réutilisés
un jour… On retrouvera toujours ces amoncellements hétéroclites dans le moindre
village jusqu'en Alaska.
Sisimiut |
16h10, je monte à la
passerelle pour assister à l'appareillage du bateau qui reprend sa route vers
le nord en direction d'Ilulissat. J'y reste peu de temps car il est prévu un
briefing obligatoire pour informer tous les passagers sur les consignes de
sécurité, les procédures de débarquement en Zodiac™ et le respect de
l'environnement en Arctique.
19h00, c'est la
première soirée à bord, elle commence par le cocktail de bienvenue au théâtre.
Nous savions que cela serait un peu protocolaire et nous nous y étions préparés
pour le cas où et nous avions mis dans nos valises le minimum pour être à peu
près présentables. Le Commandant a tenu à accueillir lui-même chacun des
passagers qui se sont vus offrir la coupette de circonstance. Ensuite, les principaux intervenants de cette
croisière ont été présentés sur la scène : le second capitaine, le chef mécanicien, le médecin, l'hôtel manager,
le chef cuisinier ainsi qu'un officier canadien qui sera notre pilote des
glaces.
20h00, Dîner de Gala
dans le grand restaurant du pont 2. Le cuisinier s'est surpassé en mettant les
petits plats dans les grands… Bien sûr, nous aurions pu éviter le cocktail et aller
dîner au buffet du pont 6. Nous avons joué les curieux pour voir comment cela
se passait et finalement je crois que nous n'avons pas trop déparé dans
l'assistance.
Et après le dîner, Nelly
a assisté à un spectacle de danse et de musique au théâtre pendant je prenais
mon premier quart de nuit à la passerelle pour prolonger cette journée bien remplie.
La croisière, ce n'est
pas que du repos !
Toujours sur le pont, que ce soit sous les hautes ou basses latitudes !! superbe lumière au petit jour :)
RépondreSupprimer"l'art de vivre et le raffinement à la française", me voilà totalement rassurée! :)
RépondreSupprimerMerci pour ton récit et tes photos (je crois que je n'ai pas fini de le dire). Magnifiques lumières pour cette première journée!
Comme on nous a dit sur un autre bateau d'expédition que tu connais : vous dormirez quand vous serez rentrés chez vous.