Jeudi
29Mai 2014
Bien que couché vers minuit,
quelque chose me dit qu'à 04h30 il serait grand temps que je sorte du lit. A
travers le hublot, je comprends que le soleil éclaire déjà de hautes falaises
et que le bateau est quasiment arrêté.
Cela mérite bien un petit tour
sur le pont, mais malgré l'heure, j'ai déjà été devancé…
Le bateau est immobile au milieu
de la baie de Hornvik, à l'extrême nord-ouest de l'Islande. La neige recouvre
en abondance les pentes abruptes des montagnes. Et ce qui ne gâte rien, c'est
que le soleil passe sous les nuages pour illuminer le cirque que forme le
fond de la baie. La lumière rasante souligne chaque plissement du relief en y
apportant des teintes chaudes du plus bel effet. C'est réellement splendide.
Nous sommes deux ou trois
courageux passagers à admirer un tel décor, mais quelle récompense ! Ces petits
matins spectaculaires sont un réel plaisir encore augmenté par le fait d'être à
peu près seul pour les admirer. Je sais, c'est très égoïste, mais c'est la
contrepartie d'une nuit écourtée…
Je reste ainsi jusqu'à ce que le
soleil disparaisse au-dessus de la couche de nuages. Tout devient plus terne et
surtout, la température chute immédiatement. A 06h00, il est temps de finir la
nuit !
Sauf qu'à 07h00, nouveau réveil
par la radio du bord. Le FRAM s'est approché très près de la falaise bordant
la baie de Hornvik, qui est un site d'observation
ornithologique d'importance. Le FRAM est entouré d'une multitude d'oiseaux qui
plongent ou s'envolent en larges groupes, essentiellement des guillemots ou des
pétrels fulmar. Les guillemots ont un envol poussif et doivent battre
frénétiquement des ailes et des pattes avant de pouvoir décoller, c'est plutôt
cocasse à regarder ; les plus malins préfèrent plonger furtivement à l'approche
du bateau.
Ce sont des oiseaux de petite
taille, mais ils sont des centaines de milliers bien alignés, à nicher dans la
moindre anfractuosité ou la moindre faille dans les strates de la falaise. Plus
haut, ce sont les mouettes tridactyles qui tournoient en rasant la roche.
Cette région est faite de hauts
et très anciens volcans brutalement effondrés dans la mer, une moitié émerge,
l'autre a définitivement disparu. Le relief du secteur est très mouvementé,
tellement difficile d'accès qu'il n'a jamais été habité, sauf occasionnellement près de quelques
rares plages où la mer permettait de débarquer. Les maîtres des lieux sont les
trolls et les sorcières, c'est dire !
C'est l'un des derniers endroits
encore sauvage d'Europe et c'est devenu un parc national très protégé. On ne
peut y venir qu'en bateau depuis Isafjordur, et après c'est trois jours de
marche éprouvante, même pour les trekkeurs les plus forcenés pour traverser la
presqu'île.
Nous sommes ici face au Hornbjarg,
le point le plus nord de l'Islande. Horn ? Y aurait-il un rapport avec le
cousin Horn de l'hémisphère sud ? Vue de la mer, la similitude entre les deux
caps est troublante… même falaise, même couleur noire, même forme conique, et
bien que cela ne soit pas le cas aujourd'hui, mêmes souffrances pour le passer.
Une nouvelle fois nous sommes
cap-horniers !
Ensuite, nous avons été gratifiés d'une belle matinée de navigation, mer calme et visibilité islandaise portant loin. Vers le sud, la côte prend un profil plus alpin avec des cimes toujours très enneigées et vers le nord-ouest, à une quarantaine de kilomètres, tel un mirage, l'île de Grimsey émerge à peine de l'horizon. J'ai passé un long moment sur l'avant du pont 5. La météo pluvieuse des derniers jours est déjà oubliée. Je retrouve l'Islande que je connaissais. Pourvu que cela dure !
Ensuite, nous avons été gratifiés d'une belle matinée de navigation, mer calme et visibilité islandaise portant loin. Vers le sud, la côte prend un profil plus alpin avec des cimes toujours très enneigées et vers le nord-ouest, à une quarantaine de kilomètres, tel un mirage, l'île de Grimsey émerge à peine de l'horizon. J'ai passé un long moment sur l'avant du pont 5. La météo pluvieuse des derniers jours est déjà oubliée. Je retrouve l'Islande que je connaissais. Pourvu que cela dure !
En début d'après-midi, nous
accostons à Siglufjordur, au fond d'un petit fjord. Toujours beaucoup de neige
sur les pentes. Ce port a largement prospéré grâce à la pêche au hareng pendant
plusieurs décennies, mais brutalement périclité lorsque les bancs
ont subitement et définitivement quitté la région en 1960.
J'y avais fait escale lors de mon
1er voyage en Islande en 1977, et je me souviens de l'état de
délabrement des quais en bois construits sur pilotis, des rues désertes et
d'habitants tristounets. Une vraie ambiance de far north ! En 2014, le village
semble de nouveau faire preuve de dynamisme et d'animation.
Le cabillaud a remplacé le
hareng. A peine quitté le FRAM, nous assistons à la débarque de ce poisson par
bacs entiers. Durant l'escale, une partie de pêche à la ligne est organisée à bord
des PCB, les participants sont revenus avec des prises de belle taille. Le
soir, cette pêche miraculeuse a été découpée devant nous sur le pont 7 par les
cuisiniers du bord qui en ont tiré de superbes filets.
La débarque du cabillaud |
Le quart d'heure culturel
L'islandais, comment ça s'écrit ?
L'alphabet islandais comporte 32 lettres, dont deux sont
inconnues de l'alphabet latin :
·
Ð
ou ð, équivalent au dh anglais
·
Þ
ou þ, équivalent à th.
vestiges des anciens caractères runiques scandinaves,
antérieurs au Moyen-Âge.
Tous les autres caractères sont issus ou dérivés de l'alphabet latin, tels :
et leur équivalent en minuscules.
Les voyelles accentuées sont considérées comme de véritables lettres et non pas comme des variantes, (tels les accents sur voyelles françaises). Les lettres C, Q, W, Z ne font pas partie de l'alphabet islandais, néanmoins elles ne sont utilisées que pour les mots d'origine étrangère.
Il va sans dire que tous les mots islandais sont truffés
de ces caractères spéciaux et que leur lecture ou leur saisie dans la langue
originelle devient vite fastidieuse pour nous.
Dans ce blog, j'ai donc choisi de
latiniser tous les caractères pour des raisons de facilité. Le texte y perdra
sans doute un peu de sa précision, mais je pense qu'il n'y perdra pas en
compréhension, malgré la réprobation inévitable des puristes…
|
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