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PENINSULE DE SNAEFELLSNES


Lundi 26 Mai 2014


07h15, le FRAM est en vue du port de Grundarfjordur, au nord de la péninsule de Snaeffellsnes. En vue ! En vue ? En vue n'est pas le terme qui convienne vraiment. Plafond bas et lumière en berne, la journée ne s'annonce pas bien.
Depuis le pont du bateau, les contours de la pyramide abrupte de Kirkjufell, la Montagne de l'Eglise, sont complètement brouillés. Quelques instants plus tard, son sommet va disparaître dans les nuages bas. Cette montagne caractéristique annonce notre arrivée imminente dans le port de Grundarfjordur, que l'on distingue à peine derrière le rideau de pluie fine.
Le sommet Kirkjufell avant l'escale de Grundarfjordur
La péninsule de Snaefellsnes est paraît-il un concentré des paysages d'Islande ; depuis hier nous avons surtout droit à un concentré météorologique !
Toute la région est dominée par le Snaefell, un stratovolcan éteint culminant à plus de 1.400 mètres surmonté d'un glacier, le Snaeffelsjökull. Inutile de préciser que nous n'avons rien vu de tout cela. Jules Verne avait inscrit ce site pour la postérité dans le "Voyage au centre de la Terre", mais aujourd'hui les héros de son roman n'auraient sans doute pas pu vivre leur aventure, tant l'entrée du volcan était invisible.
Nous nous étions inscrits pour une excursion en bus et une randonnée pour faire le tour du Snaeffell. Le peu que nous pouvions voir nous a juste permis d'imaginer que tout le reste devait être très beau…
Malgré tout, bravant le vent et la pluie, nous avons pu faire une marche en partant du petit port d'Arnarstapi, cerné de falaises de basalte noir servant de refuge à plusieurs colonies de mouettes tridactyles. La poursuite de la rando s'est faite en longeant une côte rocheuse très découpée où les grottes alternent avec les portes et autres pics. La mer y bat avec violence. Le contraste entre le blanc des vagues qui explosent sur le noir des formations basaltiques est du plus bel effet. Le guide Lonely Planet évoque cette balade, expliquant "que les paysages sont encore plus enchanteurs sous la pluie". Tu parles ! On peut imaginer que par beau temps, cela doit être encore mieux.


Arnarstapi - La rencontre de la mer et du basalte
Ensuite, une courte marche vers la plage de gros graviers noirs de Djupalonssandur que l'on atteint par un méchant chemin serpentant à travers des formations menaçantes de lave sombre. L'état de la mer ne donne guère envie de s'y baigner. Et quand on voit sur quelle étendue les débris d'un chalutier qui y fit naufrage en 1948 sont dispersés, cela donne une petite idée de la violence de la mer dans la région.
Dans l'après-midi, le Fram relâche pour la première fois à Stykkisholmur, la capitale de la région. C'est un petit port accessible par une passe étroite sinuant entre récifs et îlots. Mais comment y faire entrer un paquebot ? Le Commandant nous a encore apporté la preuve de sa dextérité en encastrant son bateau en marche arrière entre le quai et une île de basalte et en s'amarrant à un quai trop court pour le navire.
Stykkisholmur, un port, une petite ville d'Islande où les entrepôts côtoient des maisons bardées et couvertes de tôles ondulées multicolores. Profitant d'une éclaircie, nous marchons vers l'église bâtie sur une colline. Une construction futuriste complètement décalée avec le classicisme du village. L'architecte a visiblement déliré. Il n'y a que les cloches en bronze qui ne laissent aucun doute sur la destination de l'édifice.

La surprenante église de Stykkisholmur
Un escalier très raide permet d'atteindre le sommet de la petite île qui ferme le port. Une opportunité pour admirer le FRAM d'en haut. Un petit phare rouge domine le site et constitue un excellent point de vue dominant le semis de roches qui encombrent l'accès direct au port.


Escale inaugurale du MS FRAM à Stykkisholmur

Au moment de l'appareillage, vers 20h00, le FRAM donne trois coups de sirène à l'issue de son escale inaugurale à Stykkisholmur avant de faire route vers les fjords du Nord-Ouest.

Et la pluie tombe de nouveau !
Le quart d'heure culturel

L'Islande, comment c'est fait ?

L'Islande est à elle seule un concentré de tous les phénomènes géologiques qui ont façonné notre Terre depuis des millénaires.

L'Islande est la partie émergée d'une longue chaîne volcanique sous-marine en activité permanente, la dorsale médio-atlantique. Cette dorsale serpente au fond de l'Atlantique (sur plus de 18.000 km entre les îles Jan Mayen au nord et l'île Bouvet au sud), et est le siège de puissants séismes qui écartent lentement mais sûrement les plaques tectoniques américaines et afro-européennes. (Cette ligne de fracture est bien visible au milieu de l'Atlantique sur Google Earth).

On ne croirait pas, mais sous l'eau ça bouge !

Avant l'Islande, cette dorsale a donné naissance à d'autres îles volcaniques maintenant bien plus paisibles, dont les Açores, Ascension, Sainte-Hélène ou Tristan da Cunha.

Et comme par hasard (mais est-ce bien un hasard ?), l'Islande est en plus, exactement située au-dessus d'un point chaud de cette dorsale, là où la température du magma est plus élevée qu'ailleurs ! Ce magma beaucoup plus fluide remonte très facilement vers la croute terrestre à travers les failles de la dorsale, et finit par s'échapper sous forme de lave et s'accumuler depuis le fond des abysses, puis crever la surface de l'océan. C'est ainsi qu'est apparue l'Islande il y a 20 millions d'années… ou presque !

La dorsale traverse l'Islande du nord-est au sud-ouest avec une branche vers le sud. Et comme la nature est bien faite, c'est bien alignés les uns derrière les autres que l'on retrouve tous les hauts lieux volcaniques qui ont fait la renommée du pays ces derniers siècles ou dernières décennies :
·    1984    Eruption du Krafla
·    1996    Eruption du Grimsvötn
·    2011    Nouvelle éruption du Grimsvötn
·    2000    Réveil de l'Hekla
·    2010    Réveil de l'Eyjafjallajökull, au sud du pays
·    1973    Naissance du volcan Eldfell et d'une fissure éruptive, aux îles Vestmann
·    1963    Apparition de l'île de Surtsey, toujours visible
la liste n'est pas limitative…


Tributaire des pulsations de la Terre, l'Islande vit, bouge, respire, se boursouffle, se fissure, s'affaisse, s'étend ou rapetisse… au gré de plusieurs petits séismes quotidiens. Le pays est une cocotte-minute sous pression permanente, les volcans en sont la soupape de sécurité.

Où et quand la prochaine éruption ? Seule, la nature décide ! N'empêche qu'on vit dangereusement durant ces vacances ! 

Pour la petite histoire, en 1783, l'éruption cataclysmique du Laki a généré 130 cratères alignés le long d'une fissure de 25 km au sud du pays. Elle est considérée comme la plus importante éruption du dernier millénaire, et a duré 9 mois. Le dégagement de fumées, de cendres, de gaz toxiques, de soufre et de vapeurs radioactives fut tel que la météorologie en a été complètement perturbée pendant une décennie, non seulement en Islande, mais aussi dans toute l'Europe. On dit que les modifications climatiques induites avaient entrainé depuis cette date de bien mauvaises récoltes en France, puis une terrible famine, la révolte des populations affamées, et finalement conduit à la Révolution Française.

Alors, mais c'est peut-être une légende, il se dit aussi que c'est à cause du Laki que Louis XVI en aurait perdu la tête…

1 commentaire:

  1. Vraiment bravo pour tes notes de blog, très complètes et vivantes (et en plus on s'instruit). Décidément il y a un truc entre toi, le Fram et la météo... (ça me rappelle mon voyage au Spitzberg, sur ce même Fram, où on n'avait vu que le pied des montagnes...). Je croise les doigts pour la suite du voyage.
    Juste pour savoir, tu parles d'une excursion en bus, est-ce que les excursions sont incluses dans le prix du voyage ou c'est en plus?

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