Samedi
31Mai 2014
Nous nous réveillons en même
temps que le bateau accoste à Husavik. Il pleut un peu, mais si cela ternit le
paysage, cela n'altère en rien la visibilité.
La grande majorité des passagers
a débarqué pour une excursion vers le lac Myvatn, un haut-lieu du tourisme
nord-islandais (nous devrions voir ces sites dans la seconde partie de notre
voyage). Le FRAM semble presque vide et nous prenons le petit-déjeuner au
calme.
Si les Islandais ne pratiquent
plus la chasse aux cétacés depuis plusieurs années, ils ont fait de Husavik la
capitale de l'observation des baleines en armant toute une flottille d'anciens
chalutiers qui emmènent passagers et curieux. Cela se fait également sur de
longs canots ultra-rapides. L'industrie semble florissante et les baleines de
la baie d'Husavik n'ont qu'à bien se tenir !
Chaque passager de ces bateaux est équipé d'une superbe combinaison de survie rouge avec une jolie capuche jaune fluo, et revêt également une brassière de sauvetage. Les quais de Husavik sont ainsi animés par les allées et venues des ces petits hommes rouges aux têtes jaunes et ce matin, quelques passagers du FRAM agrémentent la palette de couleur grâce à leur belle parka bleue électrique…
La flottille d'observateurs de
baleines partie, la petite ville s'apaise. En dehors des cétacés, son intérêt
réside dans son église d'inspiration norvégienne et son clocher blanc et rouge.
Nouvel appareillage du FRAM en tout début
d'après-midi. Nous longeons alors une côte basse d'où émergent quelques rares
sommets, contrastant avec les paysages vus auparavant. Comme il n'y a pas grand chose de spectaculaire à
voir, nous nous octroyons un long moment de détente dans le jacuzzi situé à
l'extérieur du pont 7, heureux de clapoter dans les bulles. On s'y sent bien…
jusqu'au moment de sortir !
C'est ainsi que nous arrivons à Torshöfn en début de soirée. Une fois de plus, notre commandant nous a montré
tout son savoir-faire en glissant son bateau dans la passe d'entrée fort
étroite.
Là encore, quelle a été la
motivation du concepteur de la croisière pour programmer une escale dans ce
petit port ? Nous débarquons dans un petit village, tout au nord-est du pays et
à l'écart des itinéraires conventionnels, où il n'y rien d'autre qu'une énorme
usine de transformation de poissons.
A 21h00, les déambulations des passagers
du FRAM ont perturbé le paisible village. Quelques habitants ont fait ce qu'ils
ont pu pour nous vanter leurs hobbies : objets sculptés, peintures, tricotage
de gants ou de bonnets à mille années-lumière de la mode de Paris. L'église
était même restée ouverte pour nous, là encore, pas grand-chose à voir !
Le spectacle, c'est nous qui
l'avons fait lors de l'appareillage, à 23h00. Les personnels du port qui
n'avaient sans doute jamais accueilli d'aussi gros navire et sans doute jamais
de paquebot, saluaient les passagers avec leurs casquettes en nous criant de
revenir l'année prochaine…
Le FRAM y a été de ses trois
coups de sirène et Torshöfn a retrouvé son calme… pour un an, peut-être !
23h30, le soleil effleure tout
doucement la surface de l'océan, mais une nouvelle fois ce sont les nuages qui
gagnent la partie et tout le ciel commence à s'embraser.
Le quart d'heure culturel
L'islandais, comment ça se parle ?
(suite)
Pourquoi
le célèbre volcan Eyjafjallajökull s'appelle-t-il Eyjafjallajökull ?
Eh
bien, pour la simple raison que tous les lieux et sites islandais ne portent
pas de noms propres. Les noms de villes, de montagnes, de glaciers, de
volcans, de rivières ou d'îles sont la juxtaposition de noms communs ou
d'adjectifs.
Et
notre volcan a pris en islandais le nom du glacier qui le recouvre et
pourrait être traduit en français par "Iles-montagne-glacier", le
glacier de la montagne des îles (sans doute les îles Vestmann, situées en
face).
Ainsi,
la capitale Reykjavik se traduit par "Baie des fumées".
La
région de Landmannalaugar "Bains chauds des hommes de la campagne"
Le
record de ce genre d'association revenant au petit village de
Kirkjubæjarklaustur, "L'église de la ferme du couvent", que même
les Islandais abrègent en "Klaustur" !
Toute
la toponymie islandaise est ainsi faite de ces noms juxtaposés, ce qui est
assez pratique. Avantage : avec un nombre réduit de mots, il est facile de
comprendre les caractéristiques d'une région, d'un endroit. Inconvénient :
cette simplicité fait que plusieurs sites similaires dans le pays peuvent
porter le même nom.
Autre
spécificité islandaise, l'absence de noms de famille. Ici, pour l'Etat-civil,
on est d'abord un prénom. Ensuite, on est le fils ou la fille de son père,
sans se soucier de lignée ou de dynastie. Tous les hommes portent le prénom
de leur père complété avec le suffixe "son" et toutes les femmes
portent également le prénom de leur père complété avec le suffixe
"dottir".
Ainsi
Jan, le fils de Erik, s'appellera-t-il Jan Eriksson et Sigrun, fille de Erik,
s'appellera-t-elle Sigrun Eriksdottir ! S'il y a risque de confusion, on
ajoute le prénom du grand-père paternel. L'annuaire téléphonique est donc une
longue suite de prénoms, mais comme l'Islande est un petit pays, il parait
que tout le monde s'y retrouve !
La
liste officielle des prénoms est encadrée. Tout éventuel nouveau prénom est
soumis à une commission idoine qui en vérifie la compatibilité avec la langue
islandaise. A priori, pas de dangers de voir arriver des Brian ou Kimberley
en Islande…
En règle générale, les Islandais sont
très soucieux de la préservation de leur langue. Une ancienne loi interdit
encore l'assimilation de mots étrangers. D'éminents linguistes retranscrivent
dans la mesure du possible les termes scientifiques ou techniques actuels en
juxtaposant les mots les plus anciens de la langue islandaise pour créer des
termes contemporains. On évite de ce fait l'utilisation inconsidérée
d'anglicismes, ce qui avec les nouvelles technologies est une véritable
gageure non dénuée de poésie, ainsi un "téléphone" est-il traduit
par "le fil qui parle", et un "ordinateur" devient-il
"la magicienne qui calcule" ! Fallait le trouver !
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire