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JOSEPH-RENE BELLOT (1826 - 1853)

C'est ainsi, mais Joseph-René Bellot est plus connu outre-Manche que dans son pays natal !

 

Ce lieutenant de marine français né en 1826, eut une existence brève mais extrêmement riche. Entré à l’École navale à 15 ans, décoré de la Légion d’honneur à 19 ans suite à un valeureux fait d'armes devant Madagascar, il a par son comportement, rapidement gravi les échelons de la Marine Royale.

 

Mais resté sans affectation durant les années 1850 et 1851 malgré ses excellents états de service, il demande sa mise en disponibilité de la Marine française et son détachement auprès d'une expédition privée britannique financée par la veuve de John Franklin, lequel a disparu sans laisser aucune trace en 1847 lors de la recherche du Passage du Nord-Ouest dans le Canada Arctique.

 

Convaincu par la brillante carrière et surtout par l'enthousiasme du jeune Bellot, le capitaine W. Kennedy le recrute comme second-capitaine à bord du "Prince Albert". Arrivés dans l'archipel nord-canadien, Kennedy et Bellot entament un périple terrestre en traineau sur une distance de 1 100 miles à travers l'île Somerset et l'île du Prince de Galles dans l'espoir de retrouver la trace de John Franklin. 

 

Source : Wikipedia

 

A défaut de trouver Franklin, ils découvrent en chemin un détroit qui marque l'extrême limite nord du continent américain et le capitaine Kennedy baptise ce détroit inconnu du nom de son jeune lieutenant. Joseph-René Bellot aura ainsi eu de son vivant, l'honneur d'avoir un lieu portant son nom. (Le Détroit de Bellot est d'ailleurs le seul endroit de l'Arctique à porter le nom d'un Français).

 

Sans avoir pu repérer le moindre indice sur l'expédition de John Franklin, l'équipage du "Prince Albert" quitte le Grand Nord canadien en août 1852, et après une courte escale à l'île Beechey, rallie l'Angleterre au mois d'octobre suivant.

Après cette première expédition, J-R Bellot rédige son "Journal d’un voyage aux mers polaires", un récit circonstancié sur ses pérégrinations arctiques qui fera référence à l'époque, en décrivant notamment les techniques et les coutumes des Esquimaux.

Toujours avec la même fougue, J-R Bellot postule en 1853 pour participer à une nouvelle mission polaire menée, cette fois-ci, par le capitaine Inglefield à bord du "Phoenix". Cette mission doit soutenir et ravitailler l'escadre de l'amiral Belcher qui recherche également Franklin. Depuis l'île Beechey et toujours volontaire, Bellot part à pied avec quatre hommes en vue de remettre des messages écrits à Belcher qui relâche dans l'ouest de l'île Devon. 

 

Mais dans sa progression, le 17 août 1853, Bellot se retrouve isolé sur un banc de glace dérivant. En voulant le rejoindre, un de ses compagnons ne trouve plus que son bâton de marche abandonné sur la glace. Joseph-René Bellot est apparemment tombé entre deux icebergs et s’est noyé dans le canal de Wellington, dans l'Arctique canadien. Il n'avait que 27 ans !

 

Les britanniques ont toujours été reconnaissants envers J-R Bellot de son engagement à leur côté pour retrouver John Franklin et son équipage : en témoignent la plaque de marbre apposée en 1854 sur le mémorial Franklin érigé par Belcher sur  l'île Beechey et l'obélisque édifié la même année par souscription publique sur les bords de la Tamise à Greenwich près de Londres.

Plaque en l'honneur de Joseph-René Bellot adossée au Mémorial Franklinde l'île Beechey au Nunavut (Canada) - (Archives personnelles 2015)

Le "Journal d’un voyage aux mers polaires" de Joseph-René Bellot fut publié en 1854, un an après la disparition de son auteur. Il s'est dit que Jules Verne s'était vraisemblablement inspiré de ce journal de voyage pour argumenter son roman "Les aventures du capitaine Hatteras" en 1866.

DESTINS CROISES DE FRANKLIN ET BELLOT

La disparition inexpliquée de l'expédition Franklin et la mort tragique de Joseph-René Bellot, qui en était la conséquence directe, étaient justement les fils rouges de notre voyage de 2015 qui empruntait le Passage du Nord-Ouest : http://nmjjm.blogspot.com/2015/08/un-peu-dhistoire.html ainsi que notre escale à l'île Beechey : http://nmjjm.blogspot.com/2015/10/un-jour-pour-lhistoire.html

Résumé extrait du blog de ce voyage :

"Sous le règne de la reine Victoria, l'Angleterre a besoin d'une opération prestigieuse pour affirmer son expansionnisme et sa suprématie sur toutes les mers du globe. En 1845, l'Amirauté missionne l'officier et explorateur John Franklin pour enfin découvrir le Passage du Nord-Ouest que l'on recherche en vain depuis près de trois siècles. Cette expédition est surtout le prétexte tout trouvé pour stimuler l'ambition et la fierté nationale britannique sous l'ère victorienne.

Franklin quitte donc l'Angleterre en 1845, à la tête de deux navires : les HMS Erebus et Terror. Les deux bâtiments ont été aperçus par des baleiniers au large du Groenland au début du parcours. Ensuite, plus rien ! L'Erebus et le Terror se perdent à jamais avec leurs 129 hommes d'équipage, morts de maladie, de faim ou de froid avant d'être arrivés à l'extrémité du Passage.

La disparition en 1847 des deux vaisseaux de Sa Majesté a nourri l'imaginaire britannique à l'époque victorienne, et cet échec est la justification de plusieurs investigations menées par la Grande-Bretagne pour rechercher les disparus. En 1853, on retrouve quelques objets disséminés, levant les derniers doutes sur la fin tragique de John Franklin et ses marins. Plus tard, la découverte dans un cairn d'un message écrit apporte quelques renseignements fragmentaires sur le décès de Franklin en 1847 sans fournir davantage de précisions sur les circonstances de sa mort, ni les raisons de l'échec de la mission.

L'annonce de ces faits a suscité un vif émoi en Angleterre. Et si la disparition de Franklin était acquise, l'énigme n'était toutefois pas résolue, et depuis un siècle et demi cette disparition reste toujours l'un des plus grands mystères de l'histoire de l'exploration polaire.

Récemment, les Canadiens ont mené plusieurs campagnes pour retrouver les épaves des deux bateaux. C'est ainsi qu'en septembre 2014, les eaux glacées de l'Arctique ont fini par parler. Les archéologues canadiens ont repéré une épave par 11 m de profondeur, au sud-ouest de l'île du Roi Guillaume, comme étant celle d'un des deux bateaux de Franklin. Quelques jours plus tard, les plongeurs remontaient une preuve irréfutable d'identification : la cloche de l'Erebus.

Le second navire, le HMS Terror, a été retrouvé le 3 Septembre 2016 par les équipes canadiennes à… Terror Bay, dans l’île du roi Guillaume, à 96 km au sud de l’endroit où ce bateau était supposé avoir été écrasé par les glaces. Il était posé debout sur le fond avec presque toutes les écoutilles fermées au milieu d'une zone jamais explorée. L'examen des deux épaves, qui semblent bien conservées, devraient apporter dans un avenir proche des indices essentiels à la compréhension du sort de Franklin et de ses hommes.

Il faudra attendre 1906, 60 ans après l'échec de Franklin, pour que ce redoutable passage puisse être enfin vaincu par le norvégien Roald Amundsen".

 

Plaque scellée par N. et J-C. Forestier sur le petit cairn qu'ils ont édifié en 2012 sur la plage de l'île Beechey - (Archives personnelles 2015)

 


 

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