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EN LONGEANT L'ILE VICTORIA

SAMEDI 05 SEPTEMBRE 2015 - Jour 13 - ILE VICTORIA - (Nunavut)
Le Soléal poursuit sa route pour la journée afin de se recaler sur le timing initial en laissant à tribord les côtes de la grande île Victoria. C'est une île curieusement partagée depuis 1999 entre le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest du Canada.
06h00, le bateau est par le travers de l'île Jenny Lind. Drôle de nom pour une île en Arctique qui ne soit pas celui d'un explorateur, ni d'une personnalité britannique ! Jenny Lind était une cantatrice suédoise de la première moitié du XIXème siècle. Qui a baptisé cette île ainsi et pourquoi ?
Cette île marque l'entrée du Soléal dans le Golfe de la Reine Maud. Un joli nom pour un golfe ! Quoique née britannique, Maud devint reine de Norvège en 1905. On peut donc supposer qu'Amundsen, norvégien lui aussi et premier vainqueur du Passage du Nord-Ouest en 1906, a baptisé ce golfe du nom de sa reine.


06h30, comme presque tous les matins je monte à la passerelle. J'y reste en général jusqu'à l'heure du petit-déjeuner, sans obligatoirement discuter avec le lieutenant ou l'élève qui terminent leur quart. J'y viens surtout pour regarder. C'est l'heure où tout est encore calme, où l'on s'imprègne du paysage, où l'on prend la mesure du temps. J'aime bien.

La table à cartes à l'aube
 
Un peu de soleil ce matin, mais déjà on comprend que les nuages vont gagner la partie pour le reste de la journée. Il n'y a pas eu de houle depuis longtemps, la mer est complètement plate, un vrai miroir. Pas de vent non plus. Le baromètre est calé sur 1028 millibars depuis plusieurs jours, il doit y avoir un puissant anticyclone qui se déplace avec nous depuis le début de la croisière. Pour combien de temps encore ?
Nous sommes à la jonction de l'Arctique de l'Est et de l'Ouest, une zone de transition météorologique et géographique où les côtes que nous pouvons apercevoir deviennent rectilignes, basses sur l'eau, sans reliefs. Pas ou très peu d'animaux depuis deux jours, ni oiseaux. L'automne est arrivé, les oiseaux sont partis vers le sud.


Pas de débarquement avant ce soir. Donc, ce matin, c'est grasse mat' pour tous les passagers. Cela traine un peu et les coursives s'animent lentement. Chacun arrive à son rythme pour le petit-déjeuner.
09h30, conférence au théâtre "Amundsen, le premier homme à…" menée par Ombline, un petit gabarit, mais pleine de dynamisme autant sur l'estrade du théâtre que sur le terrain. Sportive, passionnée depuis toujours par les régions polaires qu'elle a parcourues en kayak, elle en connait toute l'histoire, le milieu naturel, la faune ou la géopolitique. Ce matin, elle nous emmène sur les traces de Roald Amundsen, autant en Arctique qu'au Pôle Sud qu'il avait été le premier à rejoindre en décembre 1911. (Nous avions fêté le centenaire de cet évènement à bord du Fram en Antarctique).
Tous les naturalistes ou presque sont bilingues, mais les conférences sont données soit en français, soit en anglais, ce qui les rend faciles et intéressantes à écouter car leur rythme n'est pas haché par la traduction.
Il y a douze naturalistes embarqués pour cette croisière pour nous parler de géographie, histoire, botanique, faune, géologie, etc… En dehors des conférences données bien au chaud au théâtre, ils sont très sollicités à l'extérieur du bateau. Lors des débarquements à terre, ils repèrent le terrain et balisent les itinéraires avant l'arrivée des passagers. Ensuite, ils piétinent dans le vent ou le froid aux endroits stratégiques pour commenter ce qu'il faut voir ou comprendre (et sur cette croisière, ils sont également de faction et armés pour nous protéger des méchants ours affamés…).
Lors des balades en Zodiac™, ce sont les naturalistes qui pilotent eux-mêmes et qui donnent les commentaires en même temps. Pas forcément des vacances pour eux ! Mais dans le cas des débarquements à terre, ce sont les élèves-officiers qui font la navette avec les canots.
 
Grutage d'un canot depuis le pont 7
En mer, ces Zodiac™ sont stockés sur le pont supérieur et grutés à chaque escale jusqu'à une porte latérale du pont 2 où le pilote monte à bord avant de toucher l'eau et décrocher le palan. Vue de loin, la manip parait sportive, mais c'est bien au point et elle s'effectue rapidement sous le contrôle du second capitaine. Il y a même deux caméras vidéo pour surveiller tout cela depuis la passerelle.


La "marina" à l'arrière du pont 2

L'embarquement des passagers sur les Zodiac™ se fait sur la plateforme arrière du bateau, la "marina". Equipés de leur gilet gonflable, ils montent dans les canots avec l'aide des matelots et sous l'œil vigilant du second capitaine. Sécurité d'abord !
14h00, le Soléal longe la péninsule de Kent, basse sur l'eau. Coup de barre à gauche pour suivre le détroit de Dease qui sépare l'île Victoria du continent nord-américain. C'était trop beau, lentement les nuages s'assombrissent et le vent monte doucement, créant du clapot dans le détroit.
 
Poste de commande du Soléal
Répétiteur du gyrocompas sur l'aileron de passerelle
(vue aérienne)
Répétiteur des gyrocompas et du compas magnétique
Depuis longtemps, cargos et paquebots utilisent des gyrocompas (compas gyroscopiques), appareils électronico-mécaniques complexes, pour indiquer le nord vrai en permanence et le cap réel du bateau. Mais ces compas peuvent être affectés d'une légère erreur dans le cas de navigation dans les hautes latitudes (ce qui semble être le cas sur la photo… 1.3 degré d'écart entre les deux). Ils doivent être recalibrés en faisant régulièrement un relevé sur un amer.

Le compas magnétique indique le nord… magnétique qui se déplace en permanence au gré des variations dans le temps et dans l'espace du champ magnétique de la Terre. Les indications du compas magnétique doivent être corrigées par les navigateurs pour obtenir le nord vrai (le nord géographique). De plus, ses indications sont gravement perturbées à l'approche des pôles. Pour preuve : 31.8 degrés d'écart entre les deux types d'appareils !

18h00, avant de pénétrer dans la baie de Byron sur l'île Victoria, le Soléal contourne une large nappe de banquise. Une balade en Zodiac™ avait été envisagée vers le fond de cette baie. Le vent est monté, il y a un peu de mer. Les naturalistes partent en reconnaissance à bord de deux Zodiac™ pour explorer la baie. On comprend vite qu'il est impossible de débarquer sur la plage à cause des rouleaux qui y déferlent.  
 
Les naturalistes en détachement précurseur
Gros désappointement du Commandant qui aurait bien voulu que ses passagers prennent l'air et il insiste auprès des naturalistes pour qu'ils explorent une autre partie de la plage mieux abritée. Mais à l'évidence, il n'y a rien de praticable. Rentrés bredouilles, les naturalistes se sont bien fait rincer…  Demi-tour, le Soléal poursuit sa route.
 
Ile Victoria - Baie de Byron - Demi-tour au fond de la baie
21h00, mouillage devant l'embouchure d'une petite rivière à proximité du cap Dunn, toujours sur l'île Victoria. Là, nous sommes vraiment dans l'exploration pure car même le chef d'expé ne connait pas les lieux. Nous sommes plus au sud, la saison s'avance, la pénombre tombe vite. Il fait presque nuit lorsque les naturalistes partent en reconnaissance, équipés de lampes frontales.
22h30, retour de l'équipe. Il parait que c'est beau. Même la nuit ! Alors, on reste ! Le Commandant fait rallonger la chaîne d'ancre. Demain sera un autre jour !
Pont 3 à l'arrière du Soléal

1 commentaire:

  1. C'est une chance d'avoir eu tous ces naturalistes avec vous !
    Le top du top !

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