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ESCALE A L'ILE HERSCHEL

JEUDI 10 SEPTEMBRE 2015 - Jour 18 - ILE HERSCHEL - (Territoire du Yukon)
 
Nouveau changement d'heure cette nuit. En reculant les montres d'une heure, nous sommes maintenant à UTC-7.
 
06h45, quart de passerelle. Nous approchons de l'île Herschel par une météo hivernale : température extérieure 2°C, vent, ciel gris, plafond bas. Le profil de l'île est voilé par un fin crachin qui se transforme en pluie mêlée de neige fondue. Ambiance !
 
07h45, le Soléal mouille dans la baie de Thétys protégée du large par la pointe Simpson qui émerge à peine de l'eau.
 

Visi réduite devant l'ile Herschel

 

 
Dépendant du territoire du Yukon, Herschel est notre dernière escale canadienne. Elle fait partie des terres ancestrales des Inuits et a été redécouverte en 1826 lors du voyage d'exploration terrestre de John Franklin, en même temps que les Smoking Hills où nous étions hier. Plus tard, des baleiniers américains y ont installé une base et édifié plusieurs bâtiments nécessaires à l'exploitation de leur chasse. Ils abandonnèrent les lieux en 1907.
 

En raison du patrimoine qui y subsiste, Herschel est maintenant un parc naturel protégé et géré par Parcs Canada. Arrivée spécialement sur l'île en hélicoptère, une équipe de "rangers" est montée à bord et son responsable nous convoque au théâtre pour présenter l'histoire de l'île, rappeler les consignes à respecter et indiquer les sites à visiter. C'est très sérieux !
 
Le parc fermera pour tout l'hiver après notre passage. Ce parc a reçu en 2015, quatre à cinq cents visiteurs, soit l'équivalent de deux navires comme le nôtre… Il faut dire qu'en dehors du bateau, on ne passe pas à Herschel par hasard, c'est si loin dans le nord-ouest du Canada qu'il faut beaucoup de détermination pour y aller !
 
Herschel, une île à fleur d'eau
09h30, malgré l'équipement de circonstance, le vent et la pluie glaciale cinglent les visages sur le Zodiac™. Nous débarquons à l'extrémité de l'île, sur la pointe Simpson. Cette partie de l'île est à peine plus haute que le niveau de la mer.
 
Un mince cordon de galets protège toute la zone marécageuse du centre de l'île. Les plages sont jonchées de troncs énormes ou de grosses branches : du bois d'échouage, provenant de la débâcle du fleuve Mackenzie et de son delta, ramené là par les tempêtes et les courants.
 
Plateformes d'observation en bois flotté
Neige sur les collines : l'hiver est arrivé
 
Nous parcourons Herschel en slalomant entre les troncs et en contournant les marécages. Cela nous mène vers une douzaine de constructions en bois, vestiges des installations baleinières. Plusieurs de ces bâtiments ont été remis en état et peuvent servir de refuge pour les visiteurs de passage.
 

La construction la plus importante est transformée en un musée rassemblant, sans organisation précise, tout ce qui a fait la vie de l'île, crânes ou ossements de cétacés, peaux, fourrures, minéraux, cartes, dessins, outils ou objets de la vie courante. Comme le bois ne coûte pas cher ici, les pièces sont généreusement chauffées par un antique et énorme poêle à bois, lui-même pièce de musée. Au sortir du musée, la température extérieure n'en est que plus saisissante !
 
Dans le petit musée
 
 
La visite se poursuit dans l'ancien atelier de la station baleinière où sont stockées de vieilles machines ainsi que l'outillage qui était utilisé à l'époque.
 
A cause de la météo peu clémente, il se dégage de l'île Herschel une ambiance surannée, intrigante et mystérieuse. Herschel semble restée hors du temps.
 

La cabane... au fond du jardin
 
 
11h45, retour à bord sous le vent froid, la pluie fine et la neige fondue. En une matinée, l'hiver est arrivé !
 
12h00 à la passerelle, en prévision de l'appareillage. La météo prévoit du vent de nord-est de 25 à 30 nœuds pour l'après-midi et la nuit à venir (45 à 55 km/h), ainsi qu'une mer forte. Ce sera vent et mer de trois-quarts arrière, relativement supportable à bord. C'est ainsi qu'avec beaucoup de malice, le Commandant fait une annonce prévenant les passagers de ce qui les attend, en leur suggérant de prendre les dispositions utiles auprès du médecin… juste avant le déjeuner !
 
A travers les fenêtres du restaurant
 
12h30, l'appareillage est agité alors que tout le monde se rend à table. Ca bouge quelque peu. La mer est bien formée et plusieurs vagues arrivent parfois à la hauteur des fenêtres du restaurant au pont 2. Finalement, après avoir pris un peu de vitesse et sorti les stabilisateurs, tout s'apaise à bord du Soléal et la fin du repas s'est déroulée sans encombres. Tous les passagers étaient bien amarinés !
 

D'emblée, la mer de Beaufort se montre à la hauteur de sa réputation. Vent arrière, le Soléal trace sa route dans le gros temps. Malgré cela, ce n'est pas si inconfortable et le léger roulis semble n'indisposer personne et c'est tant mieux, car nous avons une après-midi et une journée complète de navigation devant nous avant le prochain arrêt.
 
16h30, conférence au théâtre. Nadine et Jean-Claude F. ont ajouté un volet supplémentaire à leur cycle de conférences en évoquant la découverte l'an passé de l'épave de l'Erebus, l'un des deux navires de l'expédition de John Franklin. Après des années de recherches sous-marines, les équipes de Parcs Canada ont localisé l'épave de l'Erebus le 09 septembre 2014 et remonté la cloche du navire quelques jours plus tard, laissant le soin aux archéologues de relier les fils de l'Histoire.
 
Les conférenciers nous expliquent que cette découverte est également devenue un argument pour que le Canada affirme un peu plus son influence sur l'Archipel Arctique et sa souveraineté sur les voies de navigation de la région, objets d'enjeux économiques importants.
 
 
Navigation en mer de Beaufort

17h00, le Soléal quitte le Yukon et les eaux canadiennes pour naviguer maintenant au large de la côte nord de l'Alaska et des U.S.A., où aucune escale n'est possible avant de rejoindre Barrow pour effectuer les formalités d'immigration.
 
Pire encore, les autorités U.S. procèderont à une visite de sécurité demain soir à bord du Soléal lors de l'arrêt à Barrow. Tout l'équipage est sur les dents et se prépare déjà à cette inspection très pointilleuse. En conséquence, la passerelle est fermée jusqu'à ce que cette visite soit terminée. Me voilà bien désœuvré…

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