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UA HUKA

Lundi 1er Décembre 2014

Nous avions bien été prévenus la veille par nos différents guides : il ne fallait en aucun cas rater l'arrivée spectaculaire dans la baie de Vaipaee sur l'île de Ua Huka. Moralité : tout le monde a bien suivi le conseil, et malgré l'heure matinale, je ne suis pas le premier sur la coursive du pont supérieur. Grrr… ! Et de toutes façons, en prévision de l'affluence, le capitaine avait fort précautionneusement fermé la porte de la passerelle et aussi bloqué l'accès à l'aileron tribord avec une chaîne, pour assurer dans le calme le parfait déroulement de la manœuvre à venir.
Où est la Baie Invisible de Ua Huka ?
Sur la carte marine la baie de Vaipaee est nommée "Baie Invisible". Et pour cause, venant du sud-est, rien ne permet de la distinguer au milieu d'une côte rocheuse et découpée. Rien que de la roche ocre, pelée, dénudée. Ua Huka est une île plus basse que ses voisines, sans hauts sommets pouvant accrocher les nuages. Il y pleut rarement, d'où cet aspect désolé quand on l'observe de loin.
 
Et, vu du large, comment le capitaine va-t-il pouvoir trouver la "Baie Invisible" ? Elle ne se découvre qu'au tout dernier moment, au détour d'une pointe. Il s'agit plus d'un… fjord que d'une baie, un fjord marquisien encadré de falaises ocres avec une petite plage et quelques cocotiers au fond.
 
Mouillage difficile dans un fjord marquisien
C'est pour assister à cette arrivée que beaucoup de passagers sont réunis sur les ponts. L'Aranui pénètre très lentement dans le fjord et mouille son ancre, puis pivote doucement sur place. L'espace est restreint, et durant la manœuvre, la poupe est bien près des rives abruptes.
 
Demi-tour dans la baie de Vaipaee
Deux chaloupes sont alors mises à l'eau, afin de porter les aussières arrière à terre. L'opération est extrêmement périlleuse : la chaloupe est à toucher la falaise contre laquelle bat un fort ressac. Le barreur doit être concentré pour éviter que l'embarcation ne se fracasse alors que l'équipier choisit le moment opportun pour sauter sur les rochers avec une lourde aussière qu'il va fixer sur une bite d'amarrage en béton. Sans parler du retour du marin qui doit sauter dans la chaloupe : encore plus dangereux.
 
Exercice de haute voltige pour amarrer l'Aranui à Vaipaee
 
Le capitaine de l'Aranui termine l'opération en faisant raidir les aussières tribord et bâbord arrière pour mettre le bateau dans l'axe du fjord, la proue vers le large. Encore une manœuvre millimétrée parfaitement exécutée par des pros !
 
Comme à l'accoutumée, dès l'arrivée de l'Aranui, la halle près du quai est très animée. Ici, l'exportation d'agrumes parait importante. A l'écart des sacs de fruits, plusieurs femmes vendent des casse-croutes ou préparent des plats chauds qui mitonnent dans des cocotes en fonte. Une bonne occasion de papoter entre elles. Toute une activité se crée sur le quai ou sous la halle lors des escales du bateau, mais qu'en reste-t-il dès que l'Aranui a levé l'ancre ?
 
 

A Vaipaee, c'est près de la mairie que les habitants se sont réunis en nombre pour accueillir les visiteurs. Et l'accueil ici, c'est très sérieux. Toutes les femmes sont vêtues de robes différentes mais toutes coupées dans le même tissu imprimé de motifs marquisiens. Il en est de même pour les chemisettes des hommes. La cohérence de l'habillement n'est qu'apparente, car chacune ou chacun y a apporté sa petite touche personnelle.
 
Pas de fleurs cette fois-ci pour le traditionnel collier, mais des assemblages de grosses graines noires, blanches ou rouges du plus bel effet. Visiblement, les Marquisiennes se sont réservées toutes les fleurs de l'île pour confectionner de magnifiques couronnes multicolores qu'elles portent fièrement. De véritables œuvres d'art !
 
Droit à l'image préservé ! Dommage !
Les regards et les sourires étaient encore plus beaux

Sur une placette ombragée, un petit groupe de chanteurs et de musiciens donnent une aubade en accommodant un répertoire de très vieilles chansons françaises avec des rythmes polynésiens. Etonnant ! Ensuite, nous avons droit à une lente et ondulante chorégraphie de la part de six jeunes femmes. On tomberait presque sous le charme marquisien…
 
Le même soin et le même souci du détail se retrouvent dans le centre artisanal près de la mairie où sont exposés de jolis objets traditionnels ou folkloriques en bois sculpté. Les affaires ont été florissantes…
 
En face de la mairie, un petit mais très intéressant musée ethnographique : y sont entre autres exposés, des dessins ou photos de tatouages anciens, des grands panneaux en tapa mais aussi une importante collection de maquettes de pirogues en bois finement sculpté. Intéressant !
 
Un convoi de pick-up nous emmène jusqu'à l'arboretum de Papakeikaa, créé il y a 40 ans par Léon, l'ancien Maire. Un personnage truculent mais visionnaire qui voulait lutter contre la déforestation de l'île due à la sécheresse. Il a mis toute son énergie pour acclimater plusieurs variétés d'arbres extérieurs à l'archipel, mais aussi pour développer des pépinières d'arbres ou arbustes locaux mis à la disposition des îliens pour qu'ils les replantent chez eux. La tâche est immense, les moyens manquent de plus en plus et on sent Léon quelque peu désabusé…
 
Nous poursuivons notre visite en suivant une route en corniche qui, de virages en détours, surplombe une côte fortement découpée, pelée, sauvage où la mer bat violemment. Grandiose ! Mais en haut des falaises ocres, pas un arbre, rien. On est loin des paysages habituels marquisiens.
 
Le convoi s'arrête au milieu de nulle part. Deux immenses farés encadrent un vaste espace où s'est déroulé le Festival des Marquises il y a quelques années. Depuis l'estrade, nous voyons une troupe folklorique nous faire une impressionnante démonstration de haka, accompagnée de percussions, de cris rauques, de claquements de mains sur les cuisses. La symbolique guerrière, même si elle a évolué, est évidente et les Marquisiens ne manquent aucune occasion pour renouer avec les traditions.
 
Résurrection des coutumes ancestrales
 
Le convoi de 4x4 poursuit sa route jusqu'à Hane au sud de l'île, où nous déjeunons.
 
La visite d'un petit site archéologique est le prétexte pour une courte promenade digestive dans la vallée de Hane. Rompant avec le paysage habituel de l'île, cette vallée est très verdoyante et la végétation dense. Nous montons pendant une vingtaine de minutes sous un couvert d'arbres, bienvenus à cause de la chaleur. 
 
Site archéologique de Hane
 
Nous arrivons dans une clairière à flanc de colline pour découvrir quelques vestiges archéologiques : une terrasse empierrée, des blocs de roches volcaniques et trois tikis de petite taille. Rien de spectaculaire. La plupart de ces anciens sites rituels ont disparu au fil du temps, oubliés par les populations, recouverts par la végétation galopante et dégradés par la pluie et les glissements de terrain. Il ne manque que les explorateurs pour partir à la reconquête des nombreuses vallées perdues, pour retrouver, inventorier et valoriser des centaines de sites comme celui-ci.

Avec le médecin du bateau, je me suis néanmoins attardé à faire quelques photos des lieux. Nous redescendons ensemble vers le village en discutant. Il arrive quand même à faire un peu de tourisme entre deux consultations de bobologie à bord. A chaque débarquement, il emmène toujours dans son sac à dos la trousse à pharmacie, quelques instruments, un défibrillateur, etc... Pour le cas où… Sans oublier la radio VHF pour rester en liaison permanente avec le reste de l'équipage. En réalité, il n'est pas vraiment en vacances !

Les nouvelles vont vite. L'infirmière du village, est toute contente de le rencontrer et de lui faire visiter son infirmerie. Il arrive que le médecin de l'Aranui soit aussi le médecin du village le temps de l'escale pour soigner les habitants. Mais sur cette rotation, rien de grave.

Embarquement sur la plage de Hane à Ua Huka
Durant la journée, l'Aranui s'est déplacé jusqu'à Hane et a jeté l'ancre à proximité d'un énorme rocher en forme de pain de sucre qui ferme la baie. Notre rembarquement se fait directement sur la plage, et cette fois-ci dans les chaloupes plus manœuvrantes que les lourds chalands dans le ressac.
 
19h00, grande soirée polynésienne. Les tables ont été dressées sur le pont piscine et un beau buffet de spécialités tahitiennes attend les convives. Comme il se doit, chacune ou chacun a revêtu son plus beau paréo ou sa jolie chemise à fleurs pour respecter le thème de la soirée. Les élèves des activités chants et danses ont ouvert le spectacle après le repas pendant que l'Aranui accostait sans encombre à Nuku Hiva pour passer la nuit.




1 commentaire:

  1. Toutes les escales ont l'air fabuleuses, mais je trouve dans ton récit que celle-ci a une petite magie en plus... Entre l'arrivée dans ce fjord mystérieux, les prouesses maritimes pour l'accostage, les paysages et le contact avec les habitants, je pense que j'aurais vraiment beaucoup aimé cette journée.

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