VENDREDI
11 SEPTEMBRE 2015 - Jour 19 - EN MER VERS BARROW
& SAMEDI 12 SEPTEMBRE 2015 - Jour 20 - EN
MER VERS DIOMEDE - (Alaska - U.S.A.)
Rien de tel que
le bateau pour redonner au monde ses vraies dimensions, en distance et en
temps, notions trop facilement oubliées en avion. Et notre navigation au nord
du continent américain est là pour nous le rappeler.
Nous avons
quitté Herschell hier 10 Septembre à midi et nous atteindrons les îles Diomède
après demain 13 Septembre en début de matinée, soit 870 milles nautiques (1610
km) sans escale, sauf un bref arrêt administratif à Barrow, à la pointe
nord-ouest de l'Alaska.
Vendredi 11 - La nuit a été confortable et
réparatrice et nous avons été bercés par un léger roulis. Pourtant, le Soléal
subit une mer très forte de trois-quarts arrière et les vagues les plus
hargneuses tentent de rattraper le bateau. Cap vers l'ouest, le navire reste
stable sur sa route en fuyant le mauvais temps. Il en serait sans doute bien
autrement s'il naviguait en sens inverse face au vent…
Neige et vent |
09h30,
conférence au théâtre par Jean-Pierre S., notre cétologue québécois, toujours
passionné et intarissable sur tout ce qui touche aux baleines, narvals et
bélougas. Un exposé passionnant assortis d'avis sans appel. Un personnage…
Toute la
matinée, la mer de Beaufort reste très agitée et le vent ne faiblit pas.
Parfois, une neige fine vole dans les grains, réduisant la visibilité à rien. Aujourd'hui
la passerelle est fermée à cause de la visite de sécurité et, vu les
conditions, il est quasiment impossible de sortir sur les ponts extérieurs.
Vers 12h00, le
Commandant confirme la météo : vent de force 7 à 8 (50 à 75 km/h),
d'est-nord-est, mer forte évidemment, T° extérieure 0.5°C, T° de la mer 1°.
Mais pour nous remonter le moral, il nous indique que nous sommes arrivés à 152
degrés de longitude ouest, soit au même niveau que Bora Bora !
12h30, nous n'avons
pas pris le risque de déjeuner au pont 6. C'est plus stable au restaurant du
pont 2, même si l'on voit les vagues de plus près… Nelly s'accroche, il est
vrai qu'elle a connu bien pire et qu'elle commence à avoir une échelle de
valeur pour jauger le mauvais temps.
15h30, nouvelle
conférence au théâtre. Cette fois-ci avec Nicolas T., plongeur et photographe
sous-marin professionnel qui nous explique les contraintes de la plongée sous
la glace et nous projette de splendides photos de la face cachée des icebergs
et de la vie autour de ceux-ci.
17h00, le Soléal
est par le travers de Point Barrow, qui est le cap le plus septentrional de
l'Alaska et qui marque pour nous la fin de la navigation dans la mer de
Beaufort. Après avoir viré le cap, le bateau fait route au sud-ouest le long
d'une côte basse et uniforme avant de jeter l'ancre face à l'agglomération de
Barrow. Le vent a bien molli mais la mer reste agitée. Il n'y a pas de port à
Barrow, le bateau est mouillé face au large, à plus de 1.5 km du rivage. Sous
le ciel bas, la neige recommence à tomber et la vue vers le village se
brouille. L'atmosphère est sinistre.
L'arrêt à Barrow
est obligatoire. Deux Zodiac™ sont mis à l'eau pour aller chercher un pilote
local (qui restera à bord jusqu'à la fin de notre croisière), deux officiers du
Service d'Immigration ainsi que deux inspecteurs des Coast Guards qui
procèderont à une visite de sécurité concernant le bateau lui-même et l'équipage.
Ce sont des formalités qui sont redoutées à bord. Personne ne sait jamais
comment cela peut se passer.
Barrow, c'est
petit et c'est loin ! Tous ces gens viennent par avion d'Anchorage et ne seront
pas à bord avant 21h00.
22h30, les deux
officiers de l'immigration U.S. se sont installés au salon du pont 6. Nous
passons l'épreuve du "face à face" sans subir une seule question et
repartons avec nos passeports tamponnés en moins de dix secondes. Tout ça pour
ça !
La visite de sécurité,
elle, a duré jusqu'à 01h30.
Samedi 12 - Dernier changement d'heure cette nuit.
Nous sommes maintenant à UTC-8, soit 10 heures de retard sur l'heure de France.
Le Soléal a
obtenu l'autorisation de naviguer dans les eaux U.S. et a pu appareiller à
02h00 du matin en suivant à bonne distance la côte nord-ouest de l'Alaska dans
la mer des Tchouktches.
08h45, la
passerelle est de nouveau ouverte. La mer et le vent se sont bien calmés. Il
tombe encore une petite pluie fine mêlée d'un peu de neige mais rien à voir
avec les difficiles conditions d'hier où le Soléal a subi des vents de 35 à 40
nœuds (65 à 75 km/h) et quelques rafales à 50 nœuds (90 km/h), avec une mer
très forte, ce que confirme le lieutenant de quart. En hauteur, dans le confort
de la cabine, ce sont des valeurs difficiles à appréhender en tant que
passager.
09h30,
conférence de Mirabelle, naturaliste québécoise, qui nous fait un exposé très
technique sur le pourquoi du comment des aurores boréales. Les explications
sont pointues mais son exposé est très bien mené. Dommage que ce phénomène ne
soit apparu qu'une seule fois durant la croisière !
Nelly et les
petites mains qui l'ont aidée sont venues à bout du puzzle représentant
"Le Baiser" du peintre Gustav Klimt. Un joli travail d'observation et
de persévérance bien apprécié durant les longues heures de navigation !
Les côtes de l'Alaska au nord de Kotzbue |
16h30, après
avoir viré le cap Lisburne et la pointe Hope dans la foulée, le Soléal met cap
au sud. Dans le lointain, on aperçoit des montagnes bien enneigées qui rompent
avec le paysage plat des côtes que nous avons longées jusqu'alors. Les
conditions météo continuent de mollir en fin d'après-midi. Vent nul, mer plate
et absolument lisse. Il reste une forte couverture nuageuse en altitude, mais
la visibilité est claire. Le temps change vite !
Magnifique récit et couchers de soleil somptueux !!
RépondreSupprimerEt bravo pour le puzzle !! J'adore le baiser de Klimt !