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CORDILLERE DE DARWIN

Vendredi 09 Décembre 2011

CORDILLERE DE DARWIN

Non, non, il ne s’agit pas d’une erreur de navigation.

Durant la nuit précédente, le FRAM a quitté le canal de Cockburn, navigué durant quelques milles dans le Pacifique avant de pénétrer de nouveau dans le canal de Beagle vers l’est. Déjà aux aurores, soleil, ciel clair et mer calme. Impossible dans ces conditions de rester plus longtemps dans la couchette, d’autant que le paysage défile près du hublot. De fait à 06h15, on n’est pas gêné sur les ponts, il n’y a personne !
Canal de Beagle - Fjord Garibaldi

Et pourtant quel spectacle ! Juste l’impression de naviguer en haute montagne. Comme ce canal n’est pas rectiligne, il n’y a pas d’horizon. Le bateau est cerné de toutes parts par des sommets acérés et enneigés qui brillent sous le soleil. C’est comme un lac qui se déplacerait avec le bateau. Le FRAM longe à bâbord cette partie de la Terre de Feu, nommée Cordillère de Darwin, une longue chaîne de montagnes encore peu explorée.

Pas de vent, c’est agréable, même si la température est plutôt fraîche. C’est un peu égoïste mais surtout très jouissif de se savoir être le seul à contempler un tel décor pendant que tout le monde dort encore, et encore plus jouissif de comprendre que ce que je vois là, personne ne le reverra jamais de la même façon. Et ce matin, je peux être encore plus satisfait, avec le soleil qui se lève, c’est grandiose ! Mais rapidement, les mots vont manquer pour tout décrire correctement.  

Le FRAM s’engage paisiblement dans le fjord Garibaldi durant une dizaine de milles et les ponts extérieurs se chargent de passagers curieux. Quelques glaçons flottent à la surface de l’eau sombre.

A ce qui semble être son extrémité, le fjord fait un coude prononcé vers la droite et nous découvrons alors le front d’une langue glaciaire qui barre le fond du fjord sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur. C’est parfaitement éclairé, un jeu d’ombres et de lumières donne encore plus de force aux blocs de glace blancs-bleus, c’est splendide !   

Le bateau rejoint à nouveau le canal de Beagle, qui se transforme alors en « boulevard des glaciers ». Pendant plusieurs milles, se succèdent d’imposants glaciers portant des noms de pays européens, dont Deutschland, France, Italia, etc... Là encore, la lumière exceptionnelle dont nous bénéficions aujourd’hui met particulièrement en valeur les lignes de fracture bleu foncé. S’ils ne vêlent plus depuis longtemps dans la mer, ces glaciers se terminent en puissantes cascades. Tous les photographes du bord, et ils sont très nombreux, se régalent.
Canal de Beagle, le boulevard des glaciers

En début d’après-midi, faisant toujours route vers l’est, le FRAM passe au large d’Ushuaia, double le phare des Eclaireurs (en français sur la carte marine), et met le cap sur Puerto Williams. Mer plate, soleil généreux et plus de vent ; un vrai temps de demoiselle ! Et même à l’avant du pont 5, nous faisons tomber gants, bonnet et parka fourrée ; et coup de soleil en prime, si, si, c’est vrai ! Inespéré en de tels lieux !

Mouillage dans la rade de Puerto Williams en fin d’après-midi. Situé en face d’Ushuaia, au nord de la grande île Navarino, ce port est en réalité chilien. Quelques centaines d’habitants revendiquent le fait de résider dans le village le plus austral du Monde, et cette réputation ne semble pas usurpée. Un vrai village de bout du Monde avec quelques petites maisons de bois et tôles ondulées, un « centre commercial » (en réalité quelques petites vitrines accolées où Nelly croyait faire les affaires du siècle et qui l’ont bien déçue…). Une mini base navale avec un petit patrouilleur, histoire de surveiller les voisins d’en face (les Argentins), est surtout le prétexte de l’implantation récente de ce village. Il y a aussi une « iglesia naval » (qu’est-ce qu’une église navale ?), à la décoration minimaliste.

Les voileux les plus intrépides, enfin ceux qui font vraiment le grand tour du globe, connaissent le yacht club de Puerto Williams, abrité dans un ancien cargo échoué là il y a longtemps et qui n’est jamais reparti. Tous les voiliers de passage viennent s’amarrer à ses flancs en attendant la météo favorable pour doubler le Cap Horn ou franchir le passage de Drake. Ce yacht club est installé dans la passerelle de cet ancien cargo, c’est étriqué et très kitsch, mais l’on y sert un pisco sour des plus réputés… Avec quatre autres passagers, on a failli refaire le monde au bout du premier verre !

Puerto Williams (Chili) - Le yacht-club dans la passerelle de cet ancien cargo - Folklo !

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