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CAP HORN et PASSAGE DE DRAKE

Samedi 10 Décembre 2011

05h30 Réveil général.

« Non aux cadences infernales ! »

Dans notre courte expérience des mers du Sud, nous avons rapidement compris que les conditions météorologiques étaient toujours très calmes en tout début de matinée et qu’elles se dégradaient peu ou prou à partir de 09h00.

Notre commandant vient de mouiller son bateau dans une anse bien protégée à l’est de l’île Horn, l’île du fameux cap. Et pas que pour regarder de loin, mais pour y débarquer. Rien moins ! D’où ce réveil très matinal en fanfare. Il faut savoir que les arrêts à l’île Horn ne sont pas systématiques et dépendent de conditions favorables extrêmement rares dans cette région du globe. En clair, nous avons beaucoup de chance.

Déjà, du pont du FRAM, nous discernons une plage minuscule de cailloux sombres, une petite falaise noire recouverte d’un vaste plateau à la végétation rase. Il y a plus riant comme endroit.
Débarquement sur l’île Horn

06h45, notre tour arrive pour prendre place dans les Polarcirkel Boat (PCB), la mer est calme et tout va bien.  L’arrivée sur la plage est plus scabreuse à cause de la houle. Pendant que nous débarquons du PCB par l’avant, le pilote pousse au moteur l’étrave sur la plage d’énormes galets noirs (solides, les PCB !). En cuissardes, deux membres du staff bousculés par la houle maintiennent le PCB comme ils peuvent, pendant que deux autres aident les croisiéristes à descendre et à assurer leurs premiers pas sur les galets glissants. Et ce, à chaque rotation. Idem pour le rembarquement…

Nous avons foulé l’île du Cap Horn ! Enfin presque ! Il nous reste à gravir 130 marches pour arriver au sommet de la falaise et suivre un long cheminement en planches. Nous commençons par la visite du phare qui balise ce lieu redoutable. Les deux gardiennes sont vite dépassées par le flot instantané des visiteurs qui envahissent leur petite boutique de souvenirs.

Une ou deux familles vivent là pour entretenir ce phare. Bien que de taille modeste, il est construit sur un promontoire. Sa portée lumineuse doit être conséquente, encore faut-il qu’il fasse clair. Pour nous, une petite pluie bien froide vient d’arriver et la visibilité se réduit.

Nous nous dirigeons ensuite vers une autre éminence, surmontée d’un monument complexe en métal dont le centre évidé suggère la silhouette d’un albatros en vol. Les anciens marins n’aimaient pas trop les albatros qu’ils accusaient de se nourrir des corps des disparus en mer… Ça, c’est la version française ; côté chilien, les mêmes albatros sont chargés de transporter les âmes des mêmes marins vers l’au-delà. Si la version est différente, le résultat est le même et le monument est là pour en témoigner.

Comme tout le monde, nous ne résistons pas à nous faire prendre en photo sous la pluie au pied de ce monument. Nous pourrons ainsi l’accoler à celle que nous avions faite sous la boule du Cap Nord en Norvège il y a deux ans. Symbole, symbole !

De ce monument, nous avons une vue grandiose de l’arrière du Cap Horn lui-même, masqué derrière un voile de brume. En tant qu’ancien voileux, se trouver si près du Cap déclenche une certaine émotion liée au lieu, son histoire et le tribut que beaucoup de marins ont payé pour le passer. Mais en arrivant ici en paquebot, j’éprouve plutôt le sentiment d’être rentré sur la pointe des pieds par la porte de derrière. Pas très glorieux !

09h10, le FRAM quitte son mouillage tranquille. En finissant de contourner l’île, la silhouette caractéristique du vrai cap se dévoile progressivement.

Le bateau dévie de sa route. Voilà, nous y sommes ! Nous sommes face au Cap Horn tel qu’on le voit sur les photos et les films, un large cône, une haute et sombre falaise estompée par la brume, fidèle à sa légende, la tempête en moins.

Aparté : Du temps de ma splendeur nautique, je n’avais jamais éprouvé la nécessité ou eu la force de me confronter à ce cap-là. Ce n’était pas dans mes buts de l’époque. Et ce matin, j’y suis ! Face à ce point obligé de toute circumnavigation, je n’oublierai plus la silhouette massive du Cap. Séquence émotion !

Le vent et la houle commencent à se lever, les albatros et les pétrels en profitent.

09h45, le FRAM dépasse le sud du Cap qu’il salue d’un coup de sirène

Maintenant avec Nelly, NOUS SOMMES CAP-HORNIERS ! Comme du temps des anciens de la marine en bois, nous aurons ainsi le privilège de pouvoir pisser au vent.

Bon, faut pas exagérer, nous n’étions qu’en paquebot ! Mais, l’effet était garanti !  

Face au Cap Horn - Oser dire que nous l’avons franchi serait exagérément prétentieux.

Mais cela reste toutefois un grand moment

Et maintenant, changement de rythme. Le FRAM retrouve l’Atlantique qu’il avait quitté un très court instant et reprend son cap vers l’Antarctique. Les anciens marins redoutaient le Horn ; sur le FRAM, c’est le passage de Drake qui est craint par bon nombre de passagers. Beaucoup appréhendent par avance de ne pas pouvoir être à la hauteur, et c’est le sujet de conversation qui revient le plus souvent depuis le début de la croisière.

A peine au sud du Horn, la houle se fait déjà sentir et il est prévu un vent de force 8 pour le début de la traversée.

Effectivement, dans le courant de l’après-midi, le vent d’ouest de trois-quarts arrière se renforce, la mer se creuse et la houle enfle. Même si cela bouge, le bateau reste confortable et ce n’est pas très dur à supporter.

Un pâle soleil brille, et la mer prend une belle teinte bleu-vert très profond. Les damiers du Cap, pétrels géants et autres albatros accompagnent le FRAM dans des longs planés vertigineux.

Nous naviguons dans les mers du Grand Sud !

Les mers du Sud

3 commentaires:

  1. Je suis officiellement TRES jalouse! ;) Nous n'avions pas eu cette chance de débarquer lors de notre voyage en février 2009... Mais nous avions quand même passé le Cap par la mer et donc comme vous, je suis cap-hornier... Et comme vous, en tant que voileuse, j'ai le sentiment que j'ai un peu (voire beaucoup!) triché! Mais bon, pour le symbole, c'est quand même vraiment chouette, et pouvoir être au pied de ce cap qui attire tant de légendes, de malédiction et de belles histoires de voile, ça fait quand même quelque chose. Alors y débarquer, waow!

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  2. Bonjour
    Vous voilà avec une belle expérience très "privilégiée" et des souvenirs après votre débarquement au cabos de Hornos. D'après certaines images il me semble que les marches de l'escalier y accédant depuis la petite crique ont été réaménagées et qu'un souvenir-shop s'est installé avant de prendre le chemin en bois surélevé pour aller vers l'Albatros. (Quand j'y ai débarqué en 2006, l'escalier était vraiment périlleux.!!)
    J'espère qu'au retour de l'Antarctique vous ne passerez plus la journée à tourner en rond autour du cap Horn (sans débarquer) toute la journée avant de prendre le pilote pour Ushuaia en soirée, et que vous arriverez à l'extrémité" du canal de Beagle en soirée et non plus le matin comme le FRAM a fort "tendance" de trainer la journée entière autour du cap !
    Bonne continuation et... si Manuel Marin est à bord, remettez lui mon Bonjour et lui dire qu'il recevra, dans 5 semaines, la "surprise" promise
    depuis 2010.

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  3. joelle est très fière de ces deux marins préférés ! une intensité palpable dans l'émotion ! merci de nous faire partager un peu de ce voyage .... nous vous sivons jour après jour....

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