Mercredi 21 Décembre 2021 - Aujourd'hui, nous sommes aux abords de l'île Charcot en même temps que le début de l'été austral. C'est le jour le plus long de l'année, comme si cela avait un sens ici où il n'y a ni aube ni crépuscule. La navigation a été plutôt tranquille durant notre sommeil où nous avons été bercés par un léger roulis dû à la houle d'ouest. Depuis hier soir et la sortie de la baie Marguerite, le bateau a fait cap au sud-ouest à bonne vitesse sous un ciel bas et bien gris.
Icebergs tabulaires séparés de la calotte polaire de l'île Charcot |
La côte nord de l'île Charcot |
La zone montagneuse visible au nord de l'île se prolonge par une très vaste calotte polaire |
Peu avant 09h00, le capitaine annonce par la radio interne que l'île Charcot est en vue à 30 milles à bâbord. Du fait de sa position, cette île a été observée par peu de marins jusqu'alors et l’excitation monte à bord après cette annonce. En effet, le profil sombre de la côte nord de l'île sort timidement de l'horizon, cerné par un alignement d'énormes icebergs tabulaires. Tout cela reste bien lointain, mais c'est sûr, nous avons aperçu l'île Charcot !
12h00, le Commandant Charcot pénètre dans le brash, sorte de bouillie mélangée de petits glaçons, qui devient de plus en plus dense et épaisse au fur et à mesure que nous progressons. Notre passage ne paraît pas perturber les nombreux phoques qui nous entourent. Ils n'ont que faire du bateau et poursuivent leur sieste sur les plus grosses plaques de glace. Nous croisons également pour la première fois, la route de deux manchots empereurs isolés, bien loin de leur colonie.
Le Commandant Charcot progresse maintenant et sans difficultés dans une zone de banquise disloquée beaucoup plus dense qui s'étend à perte de vue. A perte de vue ! Nous sommes au cœur du blanc, de l'infiniment blanc. Rien que du blanc, quel que soit le côté où l'on se tourne ! Tout se confond dans ce blanc sans réelle limite : le profil de la calotte glaciaire qui recouvre l'île, le front glaciaire qui n'est plus qu'une simple ligne floue, les icebergs tabulaires qui surnagent au-dessus l'horizon incertain, sous un ciel bas et ouaté.
Ces deux manchots empereurs isolés sont très loin de leur colonie d'origine |
Quelles dimensions donner à tout cela où l'on ne perçoit plus ni distances ni relief ! Il n'y a rien de concret pour arrêter le regard. Sans but réellement visible, cela laisse l'impression étrange de naviguer dans un vide infini, où les seuls repères tangibles ne sont plus que les taches sombres des phoques posés sur la glace.
A cause de cette large et épaisse banquise qui ceinture l'île et l'impossibilité d'y accéder, aucun navire ne s'est jamais aventuré dans cette région avant le Commandant Charcot. Il y a, là encore, un grand blanc sur la carte marine. Notre Capitaine progresse avec prudence dans cette mer inconnue et son équipage, à l'aide de multiples sondeurs et de sonars spécifiques, cartographie les fonds marins parallèlement à la route suivie par le bateau. On est dans l'exploration pure.
Il y a eu une reconnaissance en hélico peu avant midi, puis une autre à 15h00 par le second-capitaine pour déterminer un futur point d'arrêt à la lisière de la banquise compacte. Le Commandant Charcot stoppe à 17h00 et l'équipe d'expédition débarque aussitôt sonder la glace autour du navire avant que les passagers ne puissent fouler la banquise une nouvelle fois.
La banquise côtière déborde largement le front glaciaire de l'île Charcot |
Echelles de hauteur et de profondeur ! Perturbant ! |
18h30, plusieurs groupes constitués s'éloignent du bateau pour diverses randonnées en raquettes. Les petits hommes oranges donnent l'impression de marcher vers nulle part… et de rapetisser lentement avant d'être absorbés par l'immensité blanche du paysage. Curieuse contrée !
Deux phoques s'enhardissent et viennent faire une visite
de courtoisie durant l'escale. Personne ne les a appelés, ils sont venus tout
seuls ! Ils sont restés un long moment à se faire admirer près de l'étrave,
puis continué leur chemin en passant sous l'échelle de coupée pour le plus
grand bonheur des passagers présents.
Deux phoques très curieux |
Jusqu'où ces empereurs marcheront-ils ? |
Début de soirée, retour de la balade. Le bar éphémère a été de nouveau installé sur la banquise. Mais ce soir, pas de bulles pétillantes, que du chocolat chaud ! Heureusement, quelques gouttes de crème de whiskey irlandais en ont dynamisé le goût ! A renouveler après chaque sortie hivernale !
Fin d'après-midi devant l'île Charcot |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire