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UN PEU D'HISTOIRE : QUI ETAIT JEAN-BAPTISTE CHARCOT ?

Né à Neuilly en 1867, Jean-Baptiste Charcot était le fils de Jean-Martin Charcot, éminent professeur à la Faculté de Médecine de Paris et chef de service à l'hôpital de la Salpêtrière, célèbre en son temps pour ses travaux avant-gardistes sur les maladies neurologiques et psychiatriques.

Son père lui imposa des études de médecine, alors que Jean-Baptiste ressentait l'appel de la mer depuis son plus jeune âge. Marin averti, sportif de haut niveau et devenu lui-même docteur en médecine en 1895, il put cependant satisfaire en partie sa passion en pratiquant la navigation de plaisance. Une croisière en voilier en 1901 vers les îles Féroé détermina son attirance vers les zones polaires. Son premier voyage scientifique officiel se déroula en 1902 en Arctique et fut suivi de nombreuses autres expéditions dans cette zone.

Attristé par l’absence française dans les régions boréales et australes dont il soupçonnait tout l’intérêt, J-B Charcot entendait réparer cette indifférence, allant jusqu'à financer lui-même une partie du coût de ses explorations. Dès lors, il a su rassembler autour de lui des équipes pluridisciplinaires de scientifiques pour mener à bien les deux premières expéditions françaises vers l'Antarctique. Et c'est depuis le port du Havre qu'ont appareillé ces expéditions, d'abord en 1903-1905 avec le navire Le Français et ensuite en 1908-1910 à bord du Pourquoi Pas ?. 

Véritables aventures humaines, ces deux hivernages dans les glaces de la Péninsule Antarctique eurent des résultats considérables : 4.000 kilomètres de côtes reconnues et cartographiées ainsi qu'une immense collecte d’observations et relevés océanographiques, météorologiques, magnétiques, géologiques, zoologiques et botaniques. Ainsi, ces mois passés en Antarctique ont assuré définitivement à J-B Charcot une place prépondérante dans la communauté scientifique et la société françaises.

 

Durant la 1ère  Guerre mondiale, J-B Charcot mit  ses  compétences maritimes au service  de  la  France  et  de  son  alliée  l’Angleterre, à bord de bateaux qu'il avait fait spécialement transformer pour traquer les sous-marins ennemis.

Dès la fin de la guerre, il fut titularisé dans ses fonctions d'officier de la Marine Nationale et gravit rapidement les échelons jusqu'au grade de capitaine de frégate. C'est à ce titre qu'il commanda le Pourquoi-Pas ? et qu'il reprit ses expéditions vers les glaces de l’Arctique et ses régions de prédilection : les îles Féroé, l’île Jan Mayen, le Groenland. Ainsi, Le Pourquoi-Pas ? fut armé chaque été par la Marine Nationale avec un équipage de marins de l'Etat pour des campagnes scientifiques de trois mois. En 1925, atteint par la limite d'âge, il perdit le commandement de son navire, mais demeura à bord en qualité de chef de mission aux côtés des deux commandants qui lui ont succédé.

En 1928, il se joignit aux expéditions lancées à la recherche de l’explorateur norvégien Roald Amundsen et de ses compagnons, disparus en mer à bord de l'hydravion Latham 47 au nord de la Norvège, mais sans avoir pu retrouver aucun survivant.

En 1934, J-B Charcot installe dans l'est du Groenland la première mission ethnographique de Paul-Émile Victor qui souhaite hiverner à Angmagssalik au milieu de la population eskimo. J-B Charcot en profite alors pour explorer et cartographier la côte de Blosseville[1] et le Scoresby Sund, encore mal connus. L'année suivante, en 1935, J-B Charcot vient rechercher P-E Victor et ses compagnons avec le Pourquoi Pas ? pour les ramener en France, achevant sa mission une nouvelle fois dans le port de Rouen.

Le Pourquoi Pas ? de retour du Groenland dans le port de Rouen en 1935 - Robert Pinchon (1886-1943) - Musée des Beaux-Arts de Rouen

En août 1936, J-B Charcot transporte à nouveau P-E Victor au Groenland pour son second hivernage. Sur la route du retour vers la France, le Pourquoi Pas ? fait escale à Reykjavik. Le 15 septembre, le trois-mâts quitte la capitale islandaise à la voile mais rapidement les conditions météo se dégradent. Confronté à une violente tempête, le navire ne peut tenir son cap et fait naufrage le lendemain matin. Le Pourquoi Pas ? et son équipage disparaissent à quelques encablures des côtes islandaises. Seul, le timonier a survécu au drame… 

Le désarroi provoqué par le décès de J-B Charcot et ses compagnons fut très fort en Islande où il était notablement connu. Sa disparition avait également suscité une vive émotion dans le cœur des Français, au point que le pays lui fit des obsèques nationales à Notre-Dame de Paris le 12 octobre 1936 en présence du Président de la République, Albert Lebrun. Les sciences polaires venaient de perdre un infatigable serviteur et leur meilleur défenseur. 

Considéré comme le précurseur de l’océanographie moderne et le père fondateur des expéditions polaires françaises, il a ouvert la voie en effectuant deux explorations essentielles en Antarctique qui l'ont inscrit  dans  la  lignée  des grands découvreurs de ces régions extrêmes tout en faisant rayonner la science française. L'autorité intellectuelle et le profond humanisme de J-B Charcot, qui étaient unanimement reconnus, en ont fait l'une des grandes consciences du XXème siècle. Cela lui vaudra le surnom élogieux de "Gentleman des pôles".

J-B Charcot et la mascotte du bord, la mouette Rita qu'il libéra juste avant le naufrage du Pourquoi Pas ?


[1] Jules Poret de Blosseville (1802-1833), jeune et téméraire marin rouennais quelque peu oublié qui avait reconnu cette partie des côtes nord-est du Groenland en 1833.

 

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