THE GULLET & THE GUNNEL

Dimanche 19 Décembre 2021, après-midi - Appareillage en toute fin de matinée. Le Commandant Charcot remet en route vers le nord de la baie Marguerite pour application du plan B puisqu'il est impossible de débarquer sur l'île Pourquoi Pas ? à cause de la houle qui déferle sur la côte.

Dans les traces de J-B Charcot, après l'île Jenny, un débarquement n'est pas envisageable sur l'île Pourquoi Pas ?

 

Dans un décor alpestre, le bateau suit les courbes du fjord Laubeuf à petite vitesse pour que tous les passagers profitent du paysage. Lentement, la visibilité s'améliore, la brume et les nuages prennent de l'altitude et un pâle soleil tente quelques percées. Le fjord est cerné de sommets enneigés qui tombent brutalement dans l'eau. Tous les passagers qui sont sur les ponts extérieurs ne veulent rien rater de ce spectacle grandiose. Eblouissant dans tous les sens du terme !

 

Le fjord Laubeuf

L'entrée du Gullet

Arrivée au coude du Gunnel, le Commandant Charcot passera-t-il entre la côte et l'iceberg ?

 

C'est passé !

Le fjord se resserre de plus en plus, ne laissant la place que pour un chenal tortueux appelé Gullet, suivi d'un autre encore plus étroit, le Gunnel, dont on se demande s'il a une issue. Pour notre navire, aucun problème. Rien ne semble l'arrêter ! Un gros iceberg est échoué dans un coude du chenal et semble barrer le passage. Malgré l'étroitesse de celui-ci, le Commandant Charcot vire sur place pour l'éviter et poursuit sa route. Bluffant !

 

Le bateau continue encore quelques milles vers le nord, jusqu'à la baie de Hanusse. Ce lieu a été découvert et cartographié pour la première fois par J-B Charcot, et nommé en l'honneur du directeur du Service Hydrographique de la Marine française, Ferdinand Hanusse.

 

Arrivée en baie de Hanusse. L'Antarctique dans toute sa splendeur !

L'horizon de cette vaste baie est bientôt barré par une fine ligne blanche. De nouveau nous sommes en vue de la banquise, qui cette fois-ci forme une étendue compacte. Rapidement, on comprend que le plan B vaut largement le plan A, puisque le Capitaine va encastrer son navire dans la glace juste à la lisière de l'eau libre. Instantanément, tout s'arrête, tout est silencieux. Nous sommes là au cœur du paysage antarctique tel qu'on n'ose pas l'imaginer ou le rêver : infini, lumineux, grandiose, sublime !

 

La banquise compacte recouvre toute la baie de Hanusse. Immense !

Le Commandant Charcot a trouvé sa place en lisière de banquise

Un débarquement se met aussitôt en place. L'échelle de coupée est posée directement sur la glace et plusieurs randonnées en raquettes sont organisées autour du bateau en différents groupes. Au cours du déplacement, un petit nombre de manchots à jugulaire vient spontanément à notre rencontre et s'arrête à peu de distance des passagers. Magie de l'instant. Plus un mot, chacun se tait et retient son souffle, émerveillé, conscient de vivre un moment unique. Dans un silence absolu, les petits manchots nous regardent, stoïques ou incrédules. Quelles drôles de bêtes sommes-nous donc pour eux ! (Notre présence ne les a pas vraiment traumatisés puisqu'ils passeront toute la nuit juste sous notre cabine !)

 

Les premiers pas sur la banquise. Balade en raquettes et déjà pause devant l'étrave du bateau

Les manchots à jugulaire s'approchent des randonneurs. Moments suspendus !

 

C'est la nuit ! Les manchots se reposent à l'aplomb de notre cabine

Retour à bord. Il est tard, la journée s'éternise… d'autant plus facilement qu'à une telle latitude le jour est permanent et la luminosité constante. Immobile et silencieux, le Commandant Charcot reste encastré dans la banquise jusqu'à demain midi. Et ce soir, les hauts sommets de la péninsule Arrowsmith nous ont privés du soleil de minuit vers le sud. Même la notion de temps n'a plus de sens ici !