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ENCORE UN PEU D'HISTOIRE : LE TROIS-MÂTS POURQUOI PAS ?

Après avoir dû interrompre la campagne de 1903-1905 à bord du Français, le Dr Charcot décide de repartir en Antarctique pour une seconde expédition et met en chantier un nouveau bateau à Saint-Malo, le Pourquoi Pas ? qui est lancé en 1908 et baptisé par son épouse. Le Pourquoi Pas ? est un élégant trois-mâts de 40 m de longueur, équipé d'une machine à vapeur de 450 cv autorisant une vitesse de 7,5 nœuds et surtout permettant une plus grande maniabilité dans les glaces.

Fort de son expérience précédente, J-B Charcot a pensé son nouveau bateau pour des expéditions de longue durée en milieu polaire. La coque du Pourquoi Pas ? est entièrement construite en chêne largement échantillonné avec une charpente renforcée et une carène protégée des glaces par des plaques métalliques.

J-B Charcot, toujours soucieux du bien-être de ses hommes dessine lui-même les aménagements intérieurs. Sur le nouveau Pourquoi Pas ? où tout a été étudié, rien ne tient au hasard. Le navire comporte trois laboratoires, une bibliothèque et même une installation électrique, indispensables aux scientifiques qui embarquent à bord pour cette nouvelle mission. 29 officiers et marins complètent l'équipage.

Pour cette seconde expédition polaire le Pourquoi pas ? appareille du Havre en grandes pompes le 15 août 1908, sous les vivats d'une foule en liesse dont les hourrahs couvrent largement les accords de la Marseillaise.

15 Août 1908 - Le Pourquoi Pas ? à la sortie du Bassin du Commerce avant son appareillage du Havre (Source gallica.bnf.fr / BnF)

15 Août 1908 - La foule des Havrais assiste au départ du Pourquoi Pas ? vers l'Antarctique

15 Août 1908 - Le Pourquoi Pas ?  à la sortie du port du Havre - (Source gallica.bnf.fr / BnF)

15 Août 1908 - Le Pourquoi Pas ? en rade du Havre met le cap vers Punta Arenas (Sud Chili) - (Source gallica.bnf.fr / BnF)

Au retour de cette mission de deux ans en Antarctique, J-B Charcot  et le Pourquoi Pas ? remontent la Seine le 5 juin 1910 escortés de deux navires de guerre et de nombreux yachts avant de s'amarrer triomphalement au quai de la Bourse, dans le port de Rouen.

05 juin 1910 - Fin de mission du Pourquoi Pas ? dans le port de Rouen

Passage du Pourquoi Pas ? sous le pont transbordeur de Rouen (Celui-ci fut détruit le 09 mai 1940, dans l'espoir de retarder l'avancée de l'armée allemande)

 

 

Après la Première Guerre Mondiale, le Pourquoi Pas ? changera de cap. Il ne retournera plus en Antarctique, mais fera entre 1920 et 1936 plusieurs campagnes d'été en Méditerranée, en Atlantique Nord et au Groenland.

En septembre 1936, après avoir déposé Paul-Emile Victor au Groenland, le Pourquoi Pas ? fait escale dans le port de Reykjavik pour réparer une avarie de chaudière avant de rentrer en France. Le navire est fatigué, la chaudière aussi, les réparations s'éternisent et le report de l'appareillage devient critique à cause des conditions météo difficiles dans les mers septentrionales lors des équinoxes d'automne.

Enfin le 15 septembre, le Pourquoi Pas ? quitte à la voile la capitale islandaise mais très rapidement, la météo se dégrade. Au large de la presqu'île de Reykjanes, le vieux bateau est confronté à une soudaine et brutale tempête cyclonique qu'il ne peut étaler, même en s'aidant de la chaudière à vapeur à bout de souffle.

J-B Charcot décide alors de faire demi-tour pour se réfugier à Reykjavik. A la merci des éléments déchaînés et d'instruments de navigation perturbés par les importantes anomalies magnétiques spécifiques à la région, le Pourquoi Pas ? dévie inexorablement de sa route sans que l'équipage ne s'en rende compte ou ne puisse maîtriser la situation. En cours de nuit, le vent forcit encore, les voiles sont mises en lambeaux, puis l'un des mâts s'abat en brisant les antennes radio, interdisant l'émission de tout signal de détresse.

Au petit matin du 16 septembre 1936, après toute une nuit de tempête passée à dériver au vent d'une côte malsaine, le Pourquoi Pas ? talonne  sur des roches au large du Borgarfjörd, dans le nord-nord-est de Reykjavik, et sombre corps et biens sur les récifs de Hnookki. 40 hommes y perdent la vie, 21 corps sont repêchés dont celui de J-B Charcot. Il n'y eut qu'un seul survivant, le timonier, qui a pu relater ultérieurement les circonstances exactes du naufrage. Ainsi se termina tragiquement l'épopée du Pourquoi Pas ? et de son célèbre commandant qui fut l'un des meilleurs inspirateurs de l'extraordinaire épopée de la navigation française.


 

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