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LES FJORDS DU NORD-OUEST

Mardi 27 Mai 2014

Si en Bretagne il peut faire beau plusieurs fois par jour, ici en Islande, il se dit qu'il suffit d'attendre juste cinq minutes pour trouver du temps à sa convenance. Eh ben, on ne peut pas dire que nous soyons récompensés de notre patience. La météo est désespérément stable depuis notre arrivée dans le pays et la matinée ne s'annonce pas meilleure que les précédentes.


Welcome in Iceland !
  
L'arrivée dans le petit port de Flateyri se fait dans la grisaille. Nouvelle escale inaugurale. L'accostage se fait en douceur, mais on voit que les deux lamaneurs sur le quai ne sont pas habitués à l'arrivée d'un bateau si imposant et ont des difficultés à manipuler les lourdes aussières.

Welcome to Flateyri !

Il faut dire que Flateyri ne compte que 300 âmes et une poignée de chalutiers. Le trafic maritime ne doit pas être bien important.
Flateyri s'étale sur une courte péninsule et l'on se demande ce qui a pu motiver l'organisateur de la croisière pour y faire escaler le FRAM… Avant même de débarquer, nous comprenons que le tour du village sera vite bouclé.
Malgré l'heure matinale, tous ceux qui ont quelque chose à vendre ou à faire voir, ont ouvert spécialement leur échoppe ou leur maison pour tenter de capter les économies de la clientèle du FRAM… avec plus ou moins de succès semble-t-il.
Nous visitons la librairie du village où l'on vend des livres d'occasion au poids. Elle est installée dans une ancienne habitation et c'est le propriétaire des lieux qui nous reçoit. Un jeune homme bon chic, bon genre qui a revêtu le costume d'époque pour mieux se fondre dans le décor très kitsch de la maison de ses arrière-grands-parents.
Visite de l'église à l'intérieur joliment coloré. Deux jeunes filles y donnent un mini récital de voix et piano pour le plaisir de quelques passagers.
Pour en finir avec les hauts lieux du tourisme local, il ne nous reste plus qu'à escalader un gigantesque talus pare-avalanches. Le gouvernement islandais a fait transporter et mis en œuvre des millions de mètres cubes de remblais pour protéger le village. En 1995, une avalanche en avait enseveli une partie et fait une quarantaine de morts ; et quand ont voit la hauteur et la pente de la montagne en surplomb, on comprend mieux la nécessité d'un tel ouvrage.
C'est tout simplement colossal. Le talus de forme triangulaire permet de dévier la trajectoire de l'avalanche, le centre du triangle servant de rétention. Vu du village, cela n'a l'air de rien, mais une fois grimpé dessus on se rend compte de la hauteur importante de l'ouvrage qui domine largement l'agglomération. On nous avait également vendu la vue panoramique sur le fjord, mais ce matin, c'est raté !
  
Vue générale de Flateyri depuis le talus pare-avalanche

En début d'après-midi, le FRAM y va de ses trois coups de sirène en quittant Flateyri. Nous longeons maintenant de hautes falaises avant de pénétrer dans l'imposant fjord d'Isafjordur. La pluie a cessé mais l'air reste bien humide au point de brouiller le paysage. Les fjords du nord-ouest sont l'une des régions les plus spectaculaires d'Islande, c'est rageant de ne pouvoir admirer convenablement ces falaises grandioses que masquent les nuages bas.

En fin d'après-midi, le bateau jette l'ancre au fond du fjord au large de l'île de Vigur. Il y est prévu un débarquement à l'aide des PolarCircle Boats (PCB). (Les PolarCircle Boats sont de puissants bateaux de travail norvégiens qui ont été adaptés pour débarquer les passagers dans des lieux dépourvus de quai. Nous avions déjà testé leur robustesse et leur efficacité à toute épreuve en Antarctique). Le FRAM est éloigné de l'île et les PCB font la navette.
  
Ile de Vigur - La ferme et l'unique moulin à vent d'Islande

En dehors de son côté bucolique, cette île est réputée pour sa population aviaire abondante et variée qui piaille bruyamment : sternes, guillemots, macareux, huitriers-pie, mais surtout pour l'imposante population d'eiders. Les canes eiders sont en ce moment à couver partout dans l'herbe ou sur les galets des plages.
 
Ile de Vigur - Eider en train de couver

Une ferme occupait cette île dont il subsiste encore quelques bâtiments colorés caractéristiques. La saison venue, les enfants des fermiers se consacraient à la collecte du duvet d'eiders dans les nids.
21h00, le FRAM fait demi-tour vers le port d'Isafjordur. Et là, miracle ! L'air devient plus sec, plus pur, plus lumineux et les nuages prennent un peu d'altitude. On commence à voir quelque chose ! Enfin, je peux profiter des coursives extérieures et de la plate-forme avant du pont 5, cela commençait à me manquer de ne pouvoir assurer mes quarts régulièrement et ce soir, j'y reprends goût !
 
L'approche d'Isafjordur - Grandiose !

Isafjordur est abrité au fond d'une ancienne vallée glaciaire en forme caractéristique de U. Un vrai U aux flancs quasi verticaux où là neige peine à s'accrocher.
Les falaises noires striées de neige se reflètent dans l'eau lisse et sombre du fjord, le paysage se dédouble. Le bateau accoste doucement, une belle arrivée !






Le quart d'heure culturel

L'Islande, comment c'est fait ? (suite)

S'il n'y avait que des volcans en Islande, tout serait simple !

Située juste au sud du cercle polaire arctique, le pays subit chaque hiver de fortes chutes de neige, laquelle neige a une fâcheuse tendance à tomber en abondance sur les plus hauts sommets du pays, et à s'y accumuler au fil du temps sur des centaines de mètres d'épaisseur pour former des… glaciers.

Et en Islande, les plus hauts sommets ce sont les… volcans.

Les glaciers sont un élément important du paysage islandais représentant 11% du territoire, et le Vatnajökull, le plus grand de tous, recouvre trois des volcans les plus actifs du pays.

La nature islandaise est donc ainsi faite de la juxtaposition et de la confrontation de deux éléments antinomiques, la glace et le feu, qui naturellement vont en engendrer un troisième : l'eau.

Ainsi, lorsqu'un volcan un tant soit peu actif est situé sous un glacier, la chaleur fait fondre la glace et forme un lac sous-glaciaire dans le cratère. Lors d'une éruption, la pression du magma provoque la rupture de la paroi rocheuse, entrainant la vidange brutale du lac et libérant d'énormes quantités d'eau et d'immenses blocs de glace, phénomène que les Islandais dénomment "jökulhlaup".

Et mieux vaut ne pas se trouver sur le passage de cette débâcle colossale ! Ce fait n'est pas rare en Islande, surtout dans le sud. En 1996, une éruption du Grimsvötn avait provoqué de graves dégâts sur la zone côtière. Le "raz de marée" glaciaire balayant tout sur son passage avait emporté la route n°1 sur une dizaine de kilomètres et détruit 3 ponts routiers. Les paysages du sud du pays, sont ainsi rabotés par ces crues gigantesques, qui après leur passage ne laissent qu'un désert de pierraille et de sable noir à perte de vue.

Enfin, il faut également évoquer tous les phénomènes géothermiques dérivant de l’activité volcanique de l’Islande : geysers, sources d’eau chaude, solfatares, fumerolles, dépôts de soufre, etc…
 
 

PENINSULE DE SNAEFELLSNES


Lundi 26 Mai 2014


07h15, le FRAM est en vue du port de Grundarfjordur, au nord de la péninsule de Snaeffellsnes. En vue ! En vue ? En vue n'est pas le terme qui convienne vraiment. Plafond bas et lumière en berne, la journée ne s'annonce pas bien.
Depuis le pont du bateau, les contours de la pyramide abrupte de Kirkjufell, la Montagne de l'Eglise, sont complètement brouillés. Quelques instants plus tard, son sommet va disparaître dans les nuages bas. Cette montagne caractéristique annonce notre arrivée imminente dans le port de Grundarfjordur, que l'on distingue à peine derrière le rideau de pluie fine.
Le sommet Kirkjufell avant l'escale de Grundarfjordur
La péninsule de Snaefellsnes est paraît-il un concentré des paysages d'Islande ; depuis hier nous avons surtout droit à un concentré météorologique !
Toute la région est dominée par le Snaefell, un stratovolcan éteint culminant à plus de 1.400 mètres surmonté d'un glacier, le Snaeffelsjökull. Inutile de préciser que nous n'avons rien vu de tout cela. Jules Verne avait inscrit ce site pour la postérité dans le "Voyage au centre de la Terre", mais aujourd'hui les héros de son roman n'auraient sans doute pas pu vivre leur aventure, tant l'entrée du volcan était invisible.
Nous nous étions inscrits pour une excursion en bus et une randonnée pour faire le tour du Snaeffell. Le peu que nous pouvions voir nous a juste permis d'imaginer que tout le reste devait être très beau…
Malgré tout, bravant le vent et la pluie, nous avons pu faire une marche en partant du petit port d'Arnarstapi, cerné de falaises de basalte noir servant de refuge à plusieurs colonies de mouettes tridactyles. La poursuite de la rando s'est faite en longeant une côte rocheuse très découpée où les grottes alternent avec les portes et autres pics. La mer y bat avec violence. Le contraste entre le blanc des vagues qui explosent sur le noir des formations basaltiques est du plus bel effet. Le guide Lonely Planet évoque cette balade, expliquant "que les paysages sont encore plus enchanteurs sous la pluie". Tu parles ! On peut imaginer que par beau temps, cela doit être encore mieux.


Arnarstapi - La rencontre de la mer et du basalte
Ensuite, une courte marche vers la plage de gros graviers noirs de Djupalonssandur que l'on atteint par un méchant chemin serpentant à travers des formations menaçantes de lave sombre. L'état de la mer ne donne guère envie de s'y baigner. Et quand on voit sur quelle étendue les débris d'un chalutier qui y fit naufrage en 1948 sont dispersés, cela donne une petite idée de la violence de la mer dans la région.
Dans l'après-midi, le Fram relâche pour la première fois à Stykkisholmur, la capitale de la région. C'est un petit port accessible par une passe étroite sinuant entre récifs et îlots. Mais comment y faire entrer un paquebot ? Le Commandant nous a encore apporté la preuve de sa dextérité en encastrant son bateau en marche arrière entre le quai et une île de basalte et en s'amarrant à un quai trop court pour le navire.
Stykkisholmur, un port, une petite ville d'Islande où les entrepôts côtoient des maisons bardées et couvertes de tôles ondulées multicolores. Profitant d'une éclaircie, nous marchons vers l'église bâtie sur une colline. Une construction futuriste complètement décalée avec le classicisme du village. L'architecte a visiblement déliré. Il n'y a que les cloches en bronze qui ne laissent aucun doute sur la destination de l'édifice.

La surprenante église de Stykkisholmur
Un escalier très raide permet d'atteindre le sommet de la petite île qui ferme le port. Une opportunité pour admirer le FRAM d'en haut. Un petit phare rouge domine le site et constitue un excellent point de vue dominant le semis de roches qui encombrent l'accès direct au port.


Escale inaugurale du MS FRAM à Stykkisholmur

Au moment de l'appareillage, vers 20h00, le FRAM donne trois coups de sirène à l'issue de son escale inaugurale à Stykkisholmur avant de faire route vers les fjords du Nord-Ouest.

Et la pluie tombe de nouveau !
Le quart d'heure culturel

L'Islande, comment c'est fait ?

L'Islande est à elle seule un concentré de tous les phénomènes géologiques qui ont façonné notre Terre depuis des millénaires.

L'Islande est la partie émergée d'une longue chaîne volcanique sous-marine en activité permanente, la dorsale médio-atlantique. Cette dorsale serpente au fond de l'Atlantique (sur plus de 18.000 km entre les îles Jan Mayen au nord et l'île Bouvet au sud), et est le siège de puissants séismes qui écartent lentement mais sûrement les plaques tectoniques américaines et afro-européennes. (Cette ligne de fracture est bien visible au milieu de l'Atlantique sur Google Earth).

On ne croirait pas, mais sous l'eau ça bouge !

Avant l'Islande, cette dorsale a donné naissance à d'autres îles volcaniques maintenant bien plus paisibles, dont les Açores, Ascension, Sainte-Hélène ou Tristan da Cunha.

Et comme par hasard (mais est-ce bien un hasard ?), l'Islande est en plus, exactement située au-dessus d'un point chaud de cette dorsale, là où la température du magma est plus élevée qu'ailleurs ! Ce magma beaucoup plus fluide remonte très facilement vers la croute terrestre à travers les failles de la dorsale, et finit par s'échapper sous forme de lave et s'accumuler depuis le fond des abysses, puis crever la surface de l'océan. C'est ainsi qu'est apparue l'Islande il y a 20 millions d'années… ou presque !

La dorsale traverse l'Islande du nord-est au sud-ouest avec une branche vers le sud. Et comme la nature est bien faite, c'est bien alignés les uns derrière les autres que l'on retrouve tous les hauts lieux volcaniques qui ont fait la renommée du pays ces derniers siècles ou dernières décennies :
·    1984    Eruption du Krafla
·    1996    Eruption du Grimsvötn
·    2011    Nouvelle éruption du Grimsvötn
·    2000    Réveil de l'Hekla
·    2010    Réveil de l'Eyjafjallajökull, au sud du pays
·    1973    Naissance du volcan Eldfell et d'une fissure éruptive, aux îles Vestmann
·    1963    Apparition de l'île de Surtsey, toujours visible
la liste n'est pas limitative…


Tributaire des pulsations de la Terre, l'Islande vit, bouge, respire, se boursouffle, se fissure, s'affaisse, s'étend ou rapetisse… au gré de plusieurs petits séismes quotidiens. Le pays est une cocotte-minute sous pression permanente, les volcans en sont la soupape de sécurité.

Où et quand la prochaine éruption ? Seule, la nature décide ! N'empêche qu'on vit dangereusement durant ces vacances ! 

Pour la petite histoire, en 1783, l'éruption cataclysmique du Laki a généré 130 cratères alignés le long d'une fissure de 25 km au sud du pays. Elle est considérée comme la plus importante éruption du dernier millénaire, et a duré 9 mois. Le dégagement de fumées, de cendres, de gaz toxiques, de soufre et de vapeurs radioactives fut tel que la météorologie en a été complètement perturbée pendant une décennie, non seulement en Islande, mais aussi dans toute l'Europe. On dit que les modifications climatiques induites avaient entrainé depuis cette date de bien mauvaises récoltes en France, puis une terrible famine, la révolte des populations affamées, et finalement conduit à la Révolution Française.

Alors, mais c'est peut-être une légende, il se dit aussi que c'est à cause du Laki que Louis XVI en aurait perdu la tête…

A REYKJAVIK


 Dimanche 25 Mai 2014


Aparté :

Au risque de contrarier les puristes les plus absolus, je n'ai pas vraiment l'intention d'investir dans un clavier islandais pour rédiger ce blog.

Déjà qu'avec deux doigts ça ne va pas bien vite, les multiples caractères particuliers dont est faite l'écriture islandaise (Ð, ð, Þ, þ á, í, ó, ú, ý, æ, ö), ne feraient que ralentir la saisie du récit, sans forcément améliorer la lisibilité et la compréhension du texte ou des noms de lieux.

J'ai donc choisi de franciser l'orthographe de la plupart des noms islandais et je l'assume pleinement dans ce qui va suivre.


Et que les islandographes les plus convaincus me pardonnent !


Le mot nuit n'a pas beaucoup de sens à cette époque en Islande. La luminosité avait à peine baissé vers minuit et, à 04h00 il faisait déjà grand jour ! Cela ne nous a pas empêché de récupérer.
Hier, c'était vent ; ce matin, c'est pluie ! Après le petit déjeuner, départ à pied vers le port, histoire de se rassurer et de constater que le MS FRAM est bien amarré au bon quai. La taille du bateau lui permet de profiter des installations de l'ancien port en ville plutôt que de celles du terminal croisière situé bien à l'extérieur.

REYKJAVIK - L'auditorium Harpa et le MS FRAM en arrière-plan

Près du port, il est maintenant impossible de rater Harpa, une construction récente et imposante abritant plusieurs salles de concerts et de réunions, bars et restaurants, dont on peut douter de la pertinence au regard du nombre d'habitants du pays. Sur le plan architectural, c'est assez massif et incongru dans le paysage urbain du Reykjavik historique.  Les immenses façades faites d'une multitude de prismes de verre éclairent les murs intérieurs noirs ou gris anthracite : Une belle étude de la diffusion de la lumière ! L'architecture contemporaine, on aime ou on n'aime pas. Nous avons nettement préféré l'intérieur du bâtiment et son éclairage naturel ! 


REYKJAVIK - Façades intérieures de Harpa

La tête enfoncée dans la capuche de l'anorak, nous avons poursuivi sur Saebraut, large mail sans arbres en bord de mer, jusqu'à une immense sculpture en acier inox, baptisée Sun Voyager. C'est un ouvrage étrange qui selon la position d'où on le regarde peut être une coque de drakkar, un squelette humain ou celui d'une baleine, à moins que cela ne ressemble à un scorpion… Il parait que le soir, les rayons rasants du soleil éclairent et colorent le métal de teintes changeantes, d'où le nom de Sun Voyager. Nous, on ne pouvait pas voir cela, nous étions le matin… Plus sérieusement, pour nous, c'était Rain Voyager !
REYKJAVIK - La sculpture Sun Voyager

De l'autre côté de Seabraut, un quartier entier est en cours de restructuration. Des immeubles de belle hauteur sont alignés le long de l'avenue et font penser à Manhattan ou Dubaï, à l'échelle de l'Islande bien sûr.
Il pleut, et nous pensons trouver un abri salvateur dans Hallgrimskirkja, que nous avions vu trop rapidement hier soir. C'est dimanche, et nous arrivons en plein office religieux. La nef de la grande église est pleine de fidèles, des choristes sont debout sur deux estrades et l'orgue résonne de tout son souffle. Un grand moment de communion musicale. Nous avons donc suivi le culte luthérien, mais nous avons eu du mal avec un long prêche en islandais. Là, nous nous sommes sentis un peu perdus !
A 13h00, Monique, notre hôtesse s'est obligeamment proposée de nous emmener dans un centre commercial à l'extérieur de Reykjavik. J'avais l'idée d'investir dans une clé 3G en vue de me connecter à Internet avec l'opérateur local (plutôt que d'utiliser le réseau du MS FRAM assez aléatoire). Démarche infructueuse, sauf à souscrire un abonnement de longue durée… (La suite prouvera que l'idée n'était pas si saugrenue !).
REYKJAVIK - L'Althing (le Parlement)

Dans l'après-midi, la pluie redouble et c'est au pas de charge que nous rejoignons le FRAM en traînant nos quatre lourdes valises. Nous avons bien apprécié que le bateau soit amarré quasiment au pied de notre gîte…
Sans le faire exprès, nous sommes dans les premiers à monter à bord et à procéder aux formalités d'embarquement. Le personnel de la réception semble fébrile et cafouille. Nous comprendrons vite que l'informatisation de toute la gestion des passagers vient d'être changée le jour même et que cela ne se fait pas sans douleur. Sur ce coup là, nous avons été les meilleurs, ceux arrivés après nous ont été moins chanceux et ont dû patienter plus qu'à l'habitude.
Nous retrouvons parmi le staff quelques têtes déjà vues lors de notre précédent voyage en Antarctique, dont Steffen qui nous reconnaît. Nous avons déjà nos habitudes à bord. Nous nous installons dans la cabine 336, jouxtant celle que nous avions il y a trois ans, au pont 3 et au centre du bateau, là où à priori cela remue le moins.
Rapidement, nous récupérons notre parka bleue puis nous investissons la cafet du pont 4 en attendant d'être convoqués pour l'exercice de sécurité obligatoire avant l'appareillage.
A 20h00 précises, le FRAM quitte lentement le quai, les toits de Reykjavik s'estompent derrière le crachin. Les sommets environnants sont sous une épaisse couche de nuages. La légendaire lumière et la visibilité infinie caractéristiques de l'Islande ne sont pas au rendez-vous ce soir !
Après les nourritures spirituelles de la matinée, il est normal de penser aux nourritures terrestres et ce soir, devant le buffet du FRAM, commence la cure de poisson. On est presque venu pour cela !
21h30, pot de bienvenue du Commandant. C'est surtout l'occasion de faire connaissance avec les membres de l'équipage et du "staff d'expédition". Nous retrouvons le Commandant Alrid Harvik, qui nous avait sorti avec tant de brio du violent coup de vent que nous avions subi en Antarctique.
Le FRAM a déjà par le passé relâché à Reykjavik, mais c'est la première fois que la compagnie organise le tour complet de l'Islande en faisant escale dans de petits ports. Line, une norvégienne, qui est notre "team leader" complimente tous les passagers d'avoir osé être des pionniers et des explorateurs lors de ce voyage inaugural. Rien moins ! Bon, même si c'est un peu exagéré, cela fait toujours plaisir…
Le FRAM fait maintenant cap au nord-ouest vers sa prochaine escale : la péninsule de Snaeffellsnes. Après une journée bien remplie, ce soir je m'octroie un quart réduit, d'autant que la pluie ne cesse pas. Pas chaud sur les coursives extérieures !
Le quart d'heure culturel
L'Islande, ça ressemble à quoi ?
Quand la pensée vagabonde et que le regard se perd devant une carte d'Islande, que peut-on imaginer ?
Euh !
Eh ben, une tête de troll !
Une jolie tête de troll dont le visage serait orienté vers la gauche, vers l'ouest.

Un menton en galoche (la péninsule de Reykjanes au sud-ouest), une toute petite bouche (le fjord de Borganes), un long nez difforme et pustuleux (la péninsule de Snaefell à l'ouest), une orbite, et puis au nord-ouest une grosse touffe de cheveux hirsutes plantés sur l'avant du crâne (les fjords de l'Ouest), et sur la droite de l'image, l'occiput, un peu fripé à cause des fjords de l'Est. Tout y est !
 
Et quand on connaît les rapports étroits que les Islandais entretiennent avec leurs elfes et leurs trolls, on comprend qu'il n'y a pas de hasard dans le graphisme de la carte…
  

ENVOL POUR REYJAVIK


Samedi 24 Mai 2014


Les valises ont été bouclées à la dernière minute mais toujours dans la crainte de rater l'avion, ce matin c'était 06h00 debout ! Et notre comité d'accueil qui attendait à Saint-Lazare nous a emmenés directement et sans encombre à l'aéroport Charles de Gaulle. Le fait que l'Islande soit rattachée à l'espace Schengen nous a épargné un passage douloureux à travers les boutiques duty-free… Après un enregistrement cafouilleux, une sécurité tatillonne et un retard d'avion, ce n'est qu' à 15h20 que nous parvenions enfin en bout de piste à Roissy, prêts à décoller !



 
Le reste du vol fut sans histoire pour rallier l'aéroport de Keflavik en 02h50. Le plafond est si bas que la piste apparaît au dernier moment. Bienvenue en Islande !
 
 
Cet aéroport est de taille réduite et il est facile d'y circuler et d'y récupérer rapidement ses bagages. Il est situé à 50 km de la capitale, que l'on rejoint aisément en bus en traversant les champs de lave de la presqu'île de Reyjkanes. Eh ben, depuis mon dernier passage (en 1979), on ne peut pas dire que la végétation ait beaucoup poussé !
 
 
Ce service de bus est bien pratique et efficace ; il prévoit même la mise à disposition de navettes desservant les hôtels ou chambres d'hôtes à la demande des passagers. Nous sommes les derniers à être déposés, ce qui nous vaut un circuit complet serpentant à travers les rues de la ville et qui nous permet déjà de se repérer sans fatigue.
 
 
Nous avions réservé une chambre dans le gîte "Chez Monique", tenu par une Normande que les hasards de la vie ont amené en Islande il y a plus de 40 ans et qui y est restée. Une femme charmante au parcours atypique. Sa maison est située à deux pas du centre ville, juste derrière la nouvelle mairie et en bordure du petit lac Tjörnin, l'une des attractions de Reyjavik.
 
 
En quelques minutes nous sommes sur le port pour déguster des brochettes de poissons au "Seabaron", un petit restaurant un peu folklo situé dans un ancien entrepôt et créé par un ancien pêcheur qui s'est reconverti dans la soupe de langoustines, le steak de baleine ou les célèbres brochettes que l'on choisit dans des armoires réfrigérées. Ensuite, en jouant des coudes, on cherche une place pour dîner sur des planches en bois, assis sur des barils en plastique. Folklo, je vous disais !
 
 
En attendant d'être servis, nous avons eu tout le loisir de contempler la déco murale faite de tout et de rien en rapport avec la mer et la pêche. Un resto incontournable pour qui vient à Reykjavik.
 
 
Après dîner, il nous reste assez de temps pour commencer à arpenter les rues de la ville, dont Laugavegur. C'est samedi soir, c'est très animé. De nombreux bars sont ouverts et semblent très fréquentés par la jeunesse locale.


REYKJAVIK - Le clocher de l'église Hallgrimskirkja

Cela nous amène tout doucement au sommet d'une colline dominée par le haut clocher de l'église Halgrimskirkja, dont la façade est inspirée par la forme des colonnes de basalte, typiques de l'Islande. Il est 20h45, cela semble encore ouvert. Nous avons juste le temps de jeter un œil à l'intérieur. C'est très lumineux, mais la décoration n'incite pas à la distraction. C'est moins que minimaliste !
 
 
Ce qui dénote juste dans cette nef austère, c'est un magnifique orgue contemporain de plus de 5.700 tuyaux. Un monument à lui tout seul, splendide à regarder à défaut de l'entendre !


 
 
 



Le quart d'heure culturel
 

L'Islande, c'est où ?

 
L'Islande est une île de l'Atlantique Nord effleurant le Cercle Polaire.

 
Alors, une île lointaine ? Pas tant que cela !

 
2.200 km séparent Reykjavik de Paris, à peine plus que Marrakech ou Athènes qui semblent pourtant bien plus proches. Pour finir de situer, les côtes islandaises sont à 400 km du Groenland, 820 km de l'Ecosse ou 1.000 km de la Norvège.

 
Géologiquement, l'Islande est écartelée entre l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest à cause du mouvement des plaques tectoniques, mais géographiquement la plus grande partie de son territoire est située sur la plaque européenne.

 
Culturellement, sa population est scandinave suite aux invasions vikings du IXème siècle et, plus tard, aux colonisations norvégiennes puis danoises. 

 
Historiquement, l'Islande ne s'est définitivement affranchie de la tutelle danoise qu'en 1944 où elle est devenue complètement indépendante, tout en gardant des liens privilégiés avec les pays scandinaves.

 
Cependant, l'Islande a toujours été liée aux autres pays du continent européen, au point d'avoir intégré l'espace Schengen en 2001 ou l'espace SEPA relatif aux transactions bancaires en euros (bien que la couronne soit restée la monnaie officielle du pays).

 
L'association avec l'Europe politique et économique est une autre histoire ! Le pays a été tenté de se rapprocher de l'Union Européenne en 2009 à la suite de la crise financière. La tentation était très forte, mais c'est la méfiance scandinave face aux amalgames incertains et le pragmatisme qui l'ont emporté. Les Islandais ont surtout craint que leur intégration à l'Europe ne leur fasse perdre, entre autre, la maîtrise de leurs droits de pêche, droits sur lesquels ils sont extrêmement chatouilleux… Donc, statu quo !